La Voie des Marchombres Forum de réflexion consacré aux Marchombres et aux livres de Pierre Bottero... |
| | Concours d'écriture | |
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Jinny Jeune archer
Nombre de messages : 251 Age : 27 Localisation : La ou je peux tutoyer le ciel, le vent et les etoiles, rever le vent et tendre vers l'harmonie. Toujours... Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, la prophetie Date d'inscription : 30/10/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Jeu 7 Jan 2010 - 22:29 | |
| Zephyr, c`est beau... Bonne chance.
Pierre... | |
| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 12:14 | |
| C'est beau ce que tu as écrit, Zéphyr... J'ai posté ma nouvelle aujourd'hui, mais elle ne partira que lundi... Alors je ne sais pas si ça sera bon. Sur le site, c'était marqué "avant le 10" et dans le mail de confirmation, "avant le 12". Ca va se jouer à pas grand-chose... En plus je suis une boulette finie, j'ai mal lu les règles et j'ai agrafé une page de garde à chaque nouvelle ... Donc bon. On verra bien. L'essentiel, c'est de l'avoir fait. - Spoiler:
Le Rêveur Victor était chasseur de rêves. C’était un métier qui demandait beaucoup d’agilité, pour bondir de toit en toit, beaucoup de dextérité, pour manier le filet à rêves, beaucoup de courage, pour sortir seul la nuit et beaucoup d’imagination, pour effectuer un tri entre beaux rêves et rêves anodins, tout en évitant les cauchemars dangereux et les hallucinations inutiles. Agilité, dextérité, courage et imagination. Victor était agile, dextre, courageux et avait toujours fait preuve d’imagination. C’est d’ailleurs cette imagination qui lui avait permis, lorsque ses parents étaient morts, de ne pas se retrouver enfermé à l’orphelinat mais d’être embauché par monsieur Paul. Mystérieux et inquiétant monsieur Paul. Victor ignorait ce qu’il fabriquait avec les rêves qu’il lui achetait, pas très cher d’ailleurs, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. La seule chose qui comptait pour Victor, c’était de voir les songes se glisser à l’extérieur des maisons par les interstices entre les tuiles des toit, se déployer en fines volutes colorées, onduler un instant comme s’ils cherchaient leur route puis filer vers les étoiles. Sauf s’il se montrait assez rapide. S’il se montrait assez rapide et abattait son filet avec suffisamment de précision, le rêve finissait dans sa besace. Une nuit de printemps, alors qu’il n’avait capturé qu’un petit rêve bleu et cherchait quelque chose de plus consistant à attraper, Victor aperçut une silhouette adossée à une cheminée. Elle regardait le ciel et ne parut pas surprise lorsqu’il s’assit à ses côtés. - Tu t’appelles comment ? La question avait fusé, flûtée et naturelle. - Victor. Je chasse les rêves, s’entendit-il répondre, les mots franchissant le barrage de ses lèvres sans qu’il en ait tout à fait conscience. Et toi ? - Minuelle. - Drôle de nom. - Drôle de métier. Il la détailla avec intérêt. Elle était menue et il ne lui aurait pas donné plus de huit ans. Elle portait une légère robe blanche aux manches courtes et bouffantes qui s’accordait merveilleusement à la clarté de sa peau lisse. Une masse de boucles dorées dessinait les contours d’un visage rond mangé par deux grands yeux bleu foncé. Victor s’y arrêta, les pensées suspendues, incapable de poursuivre. Les yeux de Minuelle étaient comme deux puits profonds et insondables, candides et sérieux, porteurs d’une infinie sagesse. Il tenta d’y lire quelque chose, ils ne lui renvoyèrent que sa propre image, celle d’un garçon fluet d’une douzaine d’années, à la peau mate et aux cheveux sombres en bataille. - Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Elle avait repris la parole sur le ton de la conversation. - Faire quoi ? - Chasser les rêves. Il dut réfléchir un court instant. - Parce que monsieur Paul me le demande et qu’il me paye pour ça. Et puis aussi parce que j’aime bien les rêves. Ils sont jolis. - C’est amusant. Elle souriait. - Qu’est-ce qui est amusant ? - Tu aimes les rêves mais tu les tues. - Je ne les tue pas ! Je les attrape ! - C’est la même chose. - Mais… - Prends ma main, Victor. Son ton était devenu grave. Il faillit demander pourquoi, le regard de Minuelle figea la question dans sa gorge. Sans parvenir à la lâcher des yeux, il s’exécuta. Il se sentit alors basculer dans un monde d’outremer troublé et troublant. Il retint son souffle tandis qu’il perdait pied. - Si tu oublies de respirer, tu vas finir par avoir un problème. La pique fut accompagnée d’un rire en forme de carillon. Victor secoua la tête et prit une longue inspiration. Il reconnut instantanément l’odeur de la menthe poivrée – monsieur Paul en faisait pousser sur son balcon. Ses yeux, enfin détachés de ceux de Minuelle, ne savaient plus vers où se tourner, et son esprit refusait catégoriquement d’admettre ce qu’il voyait. Ils n’étaient plus sur le toit. À côté d’eux se dressait un arbre gigantesque, au tronc noueux et au feuillage touffu. Des centaines de petits points lumineux semblables à des lucioles virevoltaient entre ses branches et s’élançaient dans le ciel vespéral. À quelques pas de l’arbre clapotait un ruisseau qui se jetait à peine plus loin du haut de la falaise. Minuelle entraîna Victor jusqu’au bord du vide. En contrebas, le ru rencontrait les eaux calmes d’un lac immense dans un nuage d’embruns. Les couleurs pâles du ciel s’y reflétaient en miroir, et l’ombre d’une chaîne de montagnes se dessinait sur l’horizon. Douceur. Sérénité. Silence. - Je… Où sommes-nous ? - Ailleurs. Tu viens ? Je vais te montrer. À nouveau, elle lui tendit la main. À nouveau, il la saisit. À nouveau, il se laissa emporter. Était-ce eux qui volaient ou les paysages qui défilaient sous leurs pieds ? Victor n’aurait su le dire, mais sitôt qu’il avait pris la main de Minuelle, le monde s’était mis en marche. Devant ses yeux se succédaient prairies verdoyantes, montagnes fières, forêts de cèdres, de séquoias et d’arbres millénaires, plateaux balayés par le vent, océans sans fin aux trésors insoupçonnés. Le monde regorgeait de vie. Un troupeau de chevreuils s’enfuyait dans les sous-bois. Des lièvres couraient les plaines. Ours et pumas chassaient dans les sommets. Des saumons remontaient le cours des rivières. C’était un univers merveilleux et profond, d’une harmonie enchanteresse. Victor serrait toujours la main de Minuelle dans la sienne. - Où sont les hommes ? - Les hommes ? Il n’y a pas d’hommes ici, Victor. Aucun homme ne peut vivre dans ce monde. Le jeune garçon s’aperçut qu’ils étaient de retour au sommet de la falaise. Une luciole s’approcha de son nez en tourbillonnant. - C’est une fée, déclara Minuelle. - Je n’en avais jamais vu… - Tu n’en verras nulle part ailleurs. - Alors je voudrais bien en emporter une avec moi ! D’un geste brusque, il voulut capturer la fée-luciole dans sa paume. Aussitôt, le monde s’assombrit, l’arbre aux fées se dessécha, les montagnes au loin s’effondrèrent, la falaise s’effrita dans le lac. En l’espace d’une respiration, l’univers vivace et chatoyant s’éteignit et mourut. Victor n’entendit pas le gémissement de Minuelle. Un hameçon glacial le mordit derrière la nuque, sa vue se brouilla et il fut happé dans un tunnel obscur. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était sur le toit, Minuelle à ses côtés, avec ses cheveux d’or et sa petite robe blanche. Elle le fixait de ses grands yeux bleu foncé. - Je suis le rêve, Victor. Il resta un moment interdit. Que s’était-il passé ? Avait-il imaginé leur voyage ? Tous les paysages étaient pourtant si nets dans sa mémoire… Tous les sons, les odeurs, les sensations semblaient encore si réels… - Je… hésita-t-il. Je ne comprends pas. Elle esquissa un sourire pâle. - Je suis le rêve, Victor, répéta-t-elle. Le rêve dans lequel je t’ai invité. Le monde que je t’ai fait découvrir, dans tout son absolu, est en moi. Est moi. Mais un rêve, Victor, un rêve est libre et insaisissable. Il vient, il entraîne, il illusionne tendrement puis s’en retourne, ne laissant en offrande que des souvenirs et des symboles. On ne peut le posséder, Victor. Je mourrai si tu me captures. Elle lui caressa la joue, ses doigts plus légers que la brume. Au-dessus de leurs têtes, les étoiles s’éteignaient une à une. - Écoute-moi bien, Victor. Les rêves sont impalpables mais notre existence est indissociablement liée à la vôtre. Nous sommes parce que vous avez besoin de nous, et nous ne pouvons vivre l’un sans l’autre. Un premier rayon de soleil pointa par-dessus l’horizon. Minuelle le contempla d’un air las. Victor restait silencieux, pétrifié. Les paroles de la fillette trouvaient en lui un écho inattendu, remuant au fond de ses entrailles une force nouvelle. - Je ne suis pas n’importe quel rêve, Victor, reprit-elle. Je suis ton rêve. - Mon rêve ? - Oui. Mais que tu ne comprennes pas importe peu. Le jour se lève ; je vais disparaître et tout sera bientôt fini. - Tu vas… disparaître ? Dans la voix de Victor perçait une angoisse sourde. - Oui. Minuelle tendit une main devant elle dans la lumière du levant. Les rayons de soleil transperçaient sa chair et sa peau devenait diaphane. - Minuelle ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Elle était presque transparente, à présent. Spectrale. Elle capta le regard épouvanté de Victor et éclata d’un rire candide. - La nuit est finie, Victor, il est l’heure de s’éveiller. Souviens-toi de moi, mais n’oublie pas de vivre. Il voulut l’attraper, l’empêcher de se dissoudre, ses gestes ne firent qu’accélérer sa disparition. En quelques secondes, elle se délita dans la lumière du jour naissant. - Non ! Victor avait hurlé. Les yeux de Minuelle imprimés dans son esprit. Un vide indicible se creusant dans son âme. Il était seul sur le toit. - Vous voyez bien, monsieur Paul, qu’il n’y a aucune amélioration de son état. Cela va faire six mois que ses parents sont morts. Six mois et il n’a pas encore manifesté un seul signe de conscience. Il a les yeux ouverts, mais il est… ailleurs. - Il a subi un grave traumatisme, mademoiselle. Il est tout à fait normal de chercher à fuir la réalité dans ces conditions. D’ailleurs je… regardez ! - Qu’y a-t-il ? - Il a bougé. Je suis sûr de l’avoir vu bouger ! - Je n’ai rien remarqué. Monsieur Paul passe une main perplexe sur son crâne dégarni. - J’étais pourtant certain de… là ! Il saisit le bras de l’infirmière et l’oblige à se tourner vers la cellule, triomphal. Assis sur sa couchette, les yeux dans le vide, un jeune garçon d’une douzaine d’années au teint mat et aux cheveux noirs en bataille est tout à coup agité de soubresauts. L’infirmière veut intervenir, mais monsieur Paul raffermit sa poigne pour l’en empêcher. Ses yeux noisette s’enflamment. - Attendez. Quelques secondes plus tard, le jeune garçon cesse de se convulser. Une grimace triste se dessine sur son visage. Une larme perle à son œil. Il renifle. - Ça alors ! Je… Il n’a jamais paru aussi vivant depuis qu’il est arrivé à l’orphelinat ! s’exclame l’infirmière. Je vais immédiatement en informer madame la directrice. Elle se dégage et s’éloigne à grands pas. Monsieur Paul reste seul avec le jeune garçon. Son regard pétille, comme piqueté d’étoiles. - Ce n’est que le début, dit-il d’une voix douce. Tu vas te réveiller, tu ne peux pas passer ta vie à fuir. Ensuite, tu sortiras de l’orphelinat. Je trouverai bien un petit boulot à te confier. Tu réapprendras. Tu sais Victor, il n’y a pas de portes fermées. Il n’y a que des actes que nous nous refusons d’accomplir.
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| | | Zephyr Curieux
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| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 12:26 | |
| Aethera, tes descriptions sont vraiment magnifiques...
Pour la nouvelle, j'ai eu Exactement le même problème l'année dernière lorsqu'il a neigé, un copain a du me l'imprimer, agrafer, car il habitait près de la Poste. Et finalement, elle ne correspondait pas aux critères requis et a été disqualifiée. J'espère que cette mésaventure te sera étrangère... | |
| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 12:30 | |
| Arf . Bah. Tant pis si c'est le cas. De toute façon je suis bien consciente que mes chances de gagner sont plus que microscopiques. Zéphyr, j'ai tout de même remarqué quelques fautes d'orthographe ou de conjugaison : "il obtenu" par exemple me fait très mal ^^' ("il obtint"). Sinon, ma seule critique (j'ai le droit ?), c'est que je ne ressens pas suffisamment l'ambiance, et que le retournement de situation à la fin, bien que très ingénieux, n'est pas assez amené par le début de la nouvelle. Rien ne laisse à présager de la fin avant, dans le caractère d'Eejil (au passage, pourquoi ce nom ? J'avoue qu'au début, en lisant l'incipit, je voyais Eryn)... Je sais pas, mais... la manière dont tu en parles pendant toute la nouvelle, ça ne correspond pas à ce qu'elle est vraiment. Bref. Critique très personnelle, évidemment, et je ne prétends pas avoir fait mieux que toi ! | |
| | | Ridz Apprenti marchombre
Nombre de messages : 365 Age : 33 Localisation : Sur mon ptit tabouret rose à pois verts de 2 cm de diamètre (les pois, pas le tabouret). Groupe : Marchombre, mais avec une dérivée Cherry timbrée hystérique, à mes heures ! Livre préféré : Un des deux premiers tomes du Pacte, parce qu'il y a Jilano, les livres de Pierre en général, et la série de l'Assassin Royal (Robin Hobb) Date d'inscription : 23/08/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 12:41 | |
| <3... Vos écrits sont superbes... larmes pour le passage de la menthe poivrée. Et la ptite phrase de la fin qui laisse une flèche dans le cœur. Ou qui l'étreint, je ne sais pas ^^ Le principal, c'est de l'avoir écrit, hein ? | |
| | | Zephyr Curieux
Nombre de messages : 85 Age : 29 Localisation : Ailleurs Groupe : Marchombre Livre préféré : Beaucoup. Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 12:56 | |
| Bien sûr que tu vous pouvez critiquer ! J'aurais d'ailleurs préféré nous échanger nos critique avant que les nouvelles ne soient envoyées =) Ais-je vraiment écris il obtenu !?? Pauvre de moi... - Citation :
- Sinon, ma seule critique (j'ai le droit ?), c'est que je ne ressens pas suffisamment l'ambiance, et que le retournement de situation à la fin, bien que très ingénieux, n'est pas assez amené par le début de la nouvelle. Rien ne laisse à présager de la fin avant, dans le caractère d'Eejil (au passage, pourquoi ce nom ? J'avoue qu'au début, en lisant l'incipit, je voyais Eryn)... Je sais pas, mais... la manière dont tu en parles pendant toute la nouvelle, ça ne correspond pas à ce qu'elle est vraiment.
Je voulais faire une ambiance un peu onirique et calme, c'est vrai que je l'ai peut-être rendue fade par la même occasion... Pour la chute, en fait, j'aime bien écrire des chutes totalement désarçonnantes, sans laisser d'indice, histoire de choquer le lecteur (d'où contraste entre le calme, le rêve et la fée et les ténèbres) Pour le nom, je voulais un nom qui dissimule encore mieux la chute, car personne n'aurait pu penser du mal des intentions de la petite Eejil ! On peut dire que j'ai "recrée" Eejil, un peu à ma façon... Voilà, ça me fait plaisir de polémiquer là dessus ! | |
| | | Ichtar Maître Marchombre
Nombre de messages : 1109 Age : 29 Localisation : Entre ma tête et Lille Groupe : Marchombre... j'espère Livre préféré : L'Autre (de vous-savez-qui), et Prodige (de Nancy Huston) Date d'inscription : 30/03/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 13:09 | |
| Quels beaux écrits... Zéphyr, j'adore ton histoire. Elle est bien faite et surprenante. C'est vrai qu'il y a quelques défauts d'écriture, mais je crois avoir les mêmes alors bon... Et uis, le nom d'Eelij n'est pasz du tout choquant, je le trouve même bien...trouvé Laure, il n'y a pas moyen que tu réimprimes ta nouvelle et que tu ailles à la poste pour leur demander d'envoyer celle-là à la place? Ce serait dommage...A part ça, ta nouvelle est très belle aussi. Tu écris toujours avec cette harmonie fluide qui t'es si chère. La seule chose qui m'a un peu géné, c'est que l'histoire, chute mis à part, manque légerement d'originalité. Mais évidemment, cela reste mon avis. D'ailleurs tu vas pouvoir te vanger, je poste la mienne maintenant - Spoiler:
A l'aube de la Nuit
Victor était chasseur de rêves. C’était un métier qui demandait beaucoup d’agilité, pour bondir de toit en toit, beaucoup de dextérité, pour manier le filet à rêves, beaucoup de courage, pour sortir seul la nuit et beaucoup d’imagination, pour effectuer un tri entre beaux rêves et rêves anodins, tout en évitant les cauchemars dangereux et les hallucinations inutiles. Agilité, dextérité, courage et imagination. Victor était agile, dextre, courageux et avait toujours fait preuve d’imagination. C’est d’ailleurs cette imagination qui lui avait permis, lorsque ses parents étaient morts, de ne pas se retrouver enfermé à l’orphelinat mais d’être embauché par monsieur Paul. Mystérieux et inquiétant monsieur Paul. Victor ignorait ce qu’il fabriquait avec les rêves qu’il lui achetait, pas très cher d’ailleurs, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. La seule chose qui comptait pour Victor, c’était de voir les songes se glisser à l’extérieur des maisons par les interstices entre les tuiles des toits, se déployer en fines volutes colorées, onduler un instant comme s’ils cherchaient leur route puis filer vers les étoiles. Sauf s’il se montrait assez rapide. S’il se montrait assez rapide et abattait son filet avec suffisamment de précision, le rêve finissait dans sa besace. Une nuit de printemps, alors qu’il n’avait capturé qu’un petit rêve bleu et cherchait quelque chose de plus consistant à attraper, Victor aperçut une silhouette adossée à une cheminée. Elle regardait le ciel et ne parut pas surprise lorsqu’il s’assit à ses côtés. Tu t'appelles comment? La silhouette n'avait pas baissé les yeux. Cependant, au son de la voix, Victor devina qu'il s'agissait d'une petite fille. Victor. Et toi? La fillette se tourna vers lui et Victor eu le souffle coupé. Elle ne devait pas avoir plus de onze ans, comme le clamaient ses joues rondes et ses mains potelées. Elle possédait pourtant déjà de longues boucles de miel qui caressaient ses épaules recouvertes d'une étoffe blanche. Un sourire étirait sa bouche pamplemousse, mais Victor ne s'y attarda pas. Il était prisonnier de ses yeux. Des yeux immenses, d'un bleu plus intense que le petit rêve à présent endormi dans sa besace. Des yeux si profonds qu'ils auraient pu être le berceau de l'univers. C'était comme si toute la lumière du monde y avait puisé sa source, faisant régner l'obscurité lorsque la fillette battait des cils. Des cils interminables d'un noir de velours. Elyon, prononça t-elle d'une voix douce. Une moue curieuse vint soudain plisser son joli visage. C'est quoi ce que tu as dans ton sac? Un rêve, s'entendit répondre Victor. Tu me le montres? Comme un automate, le jeune garçon ouvrit sa besace. Le rêve s'agita doucement lorsqu'il senti l'appel du ciel, puis s'envola. Victor le suivit des yeux machinalement, sans penser à le rattraper, jusqu'à ce que la fillette fît un geste très étrange; elle sauta, attrapa le rêve et l'enfourna dans sa bouche. Cette vision eu pour effet de sortir Victor de sa transe. Tu...Tu manges les rêves? S'exclama t-il en ouvrant de grands yeux. Apparemment, répondit Elyon. Hmm, très sucré. Victor n'en revenait pas. Mais c'est impossible, balbutia t-il. Les humains ne mangent pas les rêves! Elyon croisa les bras, visiblement vexée. Je ne suis pas humaine. Je suis une Iris. Une quoi? Un Iris. I-R-I-S. Comme la fleur? A son grand étonnement, Elyon éclata de rire. T'es pas vraiment malin, toi. Puis, elle se décala d'un pas sur le côté et, sous les yeux éberlués de Victor, elle disparut.
** Monsieur Paul? Le lendemain de sa rencontre avec Elyon, Victor se décida à aller chercher les réponses aux questions qui lui torturaient les méninges depuis la veille. Monsieur Paul? Quoi? Le ton était brusque, comme à son habitude. Malgré lui, Victor recula. Avec son nez long jusqu'au menton, sa haute stature d'épouvantail et son crâne dégarni où poussaient encore quelques cheveux un peu trop noirs, monsieur Paul l'impressionnait. D'autant que les lumières étranges qui sortaient des dizaines de tubes phosphorescents de son atelier lui donnait un air de cadavre frais. Le jeune chasseur de rêve dû prendre son courage à deux mains: - C'est quoi une Iris? Monsieur Paul se figea un bref instant. Je suppose que tu as le droit de savoir, soupira t-il, délaissant ce qu'il était en train de faire. Il se trouve qu'il y a deux réponses à ta question; une iris est, comme tu le sais j'espère, une fleur qui pousse au printemps. Il en existe de toutes les couleurs et elles sont parfaites pour parfumer toute sorte de plats. Vous ne pensez qu'à manger, vous autres... Je te demande pardon? Non, rien. Et la deuxième réponse? Les Iris, quant à elles sont des espèces de...fées. Elles vivent dans l'espace et ne descendent jamais chez les humains. Il arrive cependant que l'une d'elle ait un accident d'étoile filante. Dans ce cas, elles se posent en catastrophe sur la première planète qu'elles trouvent. Mais elles doivent remonter rapidement; en dehors de chez elles, elles perdent leur force et leurs pouvoirs. Comment font-elles pour rentrer? Demanda Victor, captivé. Pour retrouver assez de pouvoir, pour signaler à leurs soeurs où elles sont, elles n'ont qu'un seul moyen: absorber les rêves qu'elles trouvent. Car rien au monde ne possède autant de magie et de liberté pour permettre de vivre. Il regarda gravement Victor. Les Iris sont les pires ennemies des Chasseurs de Rêves. Ce sont des petites créatures terriblement malignes qui ne respectent absolument pas notre travail. Il faut à tout prix les empêcher d'agir. Selon Victor, il était assez logique que quelqu'un sur le point de mourir loin de chez lui cherche à survivre par tous les moyens, mais il préféra se taire et regarder son employeur attraper un petit flacon contenant un liquide jaunâtre. Si un jour pour une raison quelconque tu croises une Iris sur ta route, ne cherche pas à comprendre et fait lui avaler ça. Ça devrait l'endormir suffisamment longtemps pour que tu aies le temps de la neutraliser. Victor, un peu pâle, referma ses doigts juvéniles sur le flacon. Ah, une dernière chose, ajouta Monsieur Paul. Ne regarde jamais une Iris dans les yeux, mon garçon. Jamais. Et maintenant laisse-moi, j'ai du travail.
** Elyon? Elyon! Oui, ça va, pas la peine de réveiller tout le quartier. Victor se retourna en sursautant. La fillette- qui n'en était pas une- était assise sur une cheminée et l'observait, goguenarde. « Ne pas la regarder dans les yeux », songea Victor de toutes ses forces. Tu comptes rester longtemps là-dessus? Ajouta t-il à voix haute. J'ai une bonne raison de descendre? Victor tapota sa besace. Disons que j'ai fait la provision de quelques rêves et que je comptais te les offrir. Mais si tu n'en veux pas... Il n'eut pas le temps de terminer; sans prévenir, la fillette sauta du toit, si aérienne qu'elle semblait voler, puis retomba en douceur sur la terre ferme. « Au moins c'est sûr, elle n'est pas humaine », constata Victor, éprouvant malgré lui une pointe d'admiration. Il ouvrit sa besace et en sortit alors une superbe chimère dorée qui se déploya avec la grâce d' une écharpe de brume. Le Chasseur de Rêves n'eut pas le temps d'admirer cette merveille; Elyon bondit et l'avala d'un trait. Les autres rêves que Victor avait attrapé subirent le même sort funeste. Enfin repue, la fillette se laissa tomber contre un mur, satisfaite, puis leva les yeux pour regarder le ciel. Victor la contemplait, hébété. Cette gamine était terrifiante! Il plongea sa main dans sa poche et ses doigts se refermèrent sur le flacon donné par Monsieur Paul. Il respira profondément essayant d'oublier qu'il n'avait pas la moindre envie de neutraliser qui que ce soit. Tu as soif? Demanda t-il d'une voix qu'il voulait enjouée. Elyon ne baissa même pas les yeux. Un long silence s'installa, que Victor finit par briser. Que regardes-tu? J'essaie de trouver Vénus. C'est chez toi? Elyon daigna enfin le regarder et lui sourire. Je vois que tu t'es documenté. Oui, Vénus est ma planète. Du moins jusqu'à ce que je descende sur Terre. Elle eut une grimace de dégoût. Je n'aime pas la Terre. Elle n'a aucune couleur. Que veux tu dire? S'enquît un Victor un peu perdu. Viens, je vais te montrer. Ils escaladèrent un toit de pierres rouges et s'allongèrent, le nez au ciel. Tu vois cette étoile, la-bas? Demanda Elyon en pointant son doigt vers le firmament. Victor plissa les yeux. Non. Elle est au bout de la voie-lactée. C'est là que je suis née, avant d'aller vivre sur Vénus. Parce que la voie-lactée est en fait une trainée de lait échappée du sein de la déesse Héra. Tu connais? Oui. Continue. Dans l'olympe, Iris, la déesse de l'arc-en-ciel,qui relie le ciel et la Terre, était la messagère des dieux. Pour la remercier de ses services, Héra, qui l'aimait beaucoup, avait fait venir des étoiles et en avait parsemé la voie-lactée, puis lui avait offert le tout. D'ici on ne voit pas, mais elles sont recouvertes de couleur. C'est à présent le repère de ses descendantes, les Iris. Toute la nuit, Elyon lui raconta la vie de là-haut. Elle lui décrivit les courses d'étoiles filantes et les chevauchés merveilleuses sur les ailes du vent. Les parties de cache-cache dans l'Ombre, les glissades le long des couleurs de l'arc-en-ciel. Les douces chansons de la Lune et les histoires du Soleil. Toute la nuit, Victor l'écouta, les yeux levés vers l'infini. Plusieurs rêves volaient doucement autour d'eux, sans qu'il ne songe à les attraper. Lorsque la nuit commença à s'effriter, Elyon se tut. Victor tourna vers elle des yeux emplis de beauté et de lumière. Merci, dit-il. Merci à toi, Victor. J'ai beaucoup de chance de t'avoir rencontré. Un rayon de soleil matinal caressa ses boucles. Puis elle disparut.
** Ce matin, le chant de l'aube amenait avec lui une rumeur d'été. Pour qui savait comprendre le langage du temps, il n'existait rien de plus beau et de plus pur. Monsieur Paul l'avait apprit depuis longtemps, pourtant, seul l'image de Victor obsédait son esprit. Comment lui épargner la souffrance et la peine qu'il ressentirait quand l'Iris le quitterait? Quiconque tombait sous le charme d'une de ces créatures n'en ressortait pas. Lui-même en avait rencontré une quelques années plus tôt et en avait gardé un coeur brisé. Il porta la main à sa poitrine, l'écoutant battre avec un rythme irrégulier et métallique, que tous les rêves de son jeune employé ne parvenait pas guérir. Il soupira. Elle allait partir. Il allait rester. C'était ainsi. **
Victor regardait le ciel avec mauvaise humeur. Une pluie battante martelait la Terre comme pour lui prouver qu'elle était la plus forte des deux, interdisant de mettre le pied dehors. Lui qui attendait avec impatience la tombée de la nuit pour retrouver Elyon et ses histoires! Juillet était venu, amenant avec lui chaleur et promesses d'amour. La nuit s'était faite paresseuse et tardait un peu plus chaque soir à se montrer. Les rêves en devenaient plus rares, mais aussi plus savoureux d'après Elyon. Elle avait la priorité sur la quasi-totalité de ceux qu'il attrapait. « - J'espère que tu ne partiras jamais! Lui avait-il déclaré quelques nuits plus tôt Il le faudra bien. L'automne s'avance. Les fleurs se fanent en automne. Je partirais quand j'entendrais le chant de l'Arc-en-ciel » Il songeait à cela lorsqu'un minuscule rêve, aussi bleu que les yeux de son amie, se glissa par l'interstice de la porte et se nicha au creux de son épaule. Avant que le Chasseur ai pu se remettre de sa surprise, le rêve lui murmura de la douce voix d'Elyon « L'arc-en-ciel chante. Adieu, Victor ».Puis sans prévenir, il entonna un chant. Si beau que le vent se tut pour l'écouter et qu'un nuage incertain qui passait un peu trop bas arrêta sa course quelques secondes. Victor sentit des larmes lui monter aux yeux. Dans l'entrebâillement de la porte, l'Arc-en-ciel apparu. Le plus grand, le plus pur de tout ceux que Victor avait pu voir auparavant. La nuit lui façonna un sourire, puis le happa. « Elyon! » hurla Victor en se ruant au dehors. Son visage se fit écraser par la pluie, son cœur par le chagrin. De rage,il saisit la potion qui n'avait pas quitté sa poche depuis plus d'un mois et la lança à travers le ciel. Puis, il ramena sa tête contre ses genoux et se mit à pleurer. De l'autre côté de l'horizon, une rumeur écarlate annonçait le retour de l'aube.
Elles font combien de pages, vos nouvelles? | |
| | | Zephyr Curieux
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| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 13:22 | |
| Ichtar: Héhé, en fait, j'avais moi-même eu l'idée que l'histoire soit en fait un rêve, mais je n'avais aucune idée à creuser, alors j'ai choisi une autre piste. Pour ta nouvelle, j'ai moi aussi quelques critiques ^^ Tu dis que l'Iris voyage de planètes en planètes, je trouve personnellement que l'expression "accident d'étoile filante" est assez peu crédible (fantastiquement parlant ) Et le fait qu'Elyion (qui j'aurais attribué à un nom de garçon ^^) se soit documentée sur la mythologie grecque-terrienne ( je cite: Parce que la voie-lactée est en fait une trainée de lait échappée du sein de la déesse Héra ) est également peu probable étant donné qu'elle n'aime pas la Terre et qu'elle est née à l'autre bout de la galaxie ? Ces critiques n'engagent évidemment que moi ! En revanche, tu as oublié les tirets (ou erreur de copier/coller ?) ce qui rend la lecture un peu plus difficile... Comme tu le sais, je suis amateur de chutes brutales, et j'ai trouvé dommage de révéler celle-ci un paragraphe avant la fin de la nouvelle. Voila, sinon ma nouvelle fait exactement 3 pages (le maximum est de 4 pages en police 12, attention !) | |
| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 13:25 | |
| La mienne fait trois pages et demi. La limite, c'était quatre pages. Elle n'est pas un peu trop longue, la tienne, Princesse ? Ce serait vraiment dommage... Ton texte est vraiment magnifique. Je trouve ça amusant, on a tous plus ou moins la même vision de la silhouette sur le toit . D'ailleurs toi et moi, on lui a carrément donné des répliques similaires ! Je suis d'accord avec toi : ton texte est sans doute plus original que le mien, dans le sens où tu as inventé plus de choses que moi qui me suis contentée de faire avec ce qu'on me donnait au départ. Mais je trouve que le plus important, dans une nouvelle, c'est sa chute. Pour moi, toute la nouvelle doit tendre vers sa chute. Et justement, ma seule critique, sur ton texte, est que ta chute n'est pas... exceptionnelle, par rapport au reste de ta nouvelle. T'avais qu'à pas écrire un truc aussi génial avant ! Merci pour tes critiques . | |
| | | Ichtar Maître Marchombre
Nombre de messages : 1109 Age : 29 Localisation : Entre ma tête et Lille Groupe : Marchombre... j'espère Livre préféré : L'Autre (de vous-savez-qui), et Prodige (de Nancy Huston) Date d'inscription : 30/03/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 14:19 | |
| 4 pages tout pile, grande soeur. je jayre ^^ Zéphyr, merci pour tes critiques. Cependant, je ne vois pas où est le problème de la mythologie, puisque les Iris font parti de cette mythologie. Elle n'est donc pas terrienne. Et puis, Elyon est un prénom de fille, je te l'assure! Tu le prononces bien Elle-y-one? Et je n'ai jamais dit que l'Iris voyage de planète en planète...si? Ou alors tu parles du fait qu'elle habite à présent sur Vénus? Ben quoi, ça t'es jamais arrivé de déménager? Aïe, Laure, c'est un peu ce dont j'avais peur; que la chute soit trop brutale par rapport au reste. Ma mère m'a assuré que non, m'enfin...Tant pis. Je réitère mon bravo pour vous deux, en tout cas PS: Désolée pour les tirets, Zéphyr. Problèmes de mise en page | |
| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 15:28 | |
| Ouf ! Tant mieux alors. Quatre pages pile incipit compris, hein ?
=) | |
| | | Ichtar Maître Marchombre
Nombre de messages : 1109 Age : 29 Localisation : Entre ma tête et Lille Groupe : Marchombre... j'espère Livre préféré : L'Autre (de vous-savez-qui), et Prodige (de Nancy Huston) Date d'inscription : 30/03/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 16:01 | |
| Incipit compris, ma belle J'avais même envoyé un mail à l'asso pour vérifier xD | |
| | | Mara Curieux
Nombre de messages : 77 Age : 28 Localisation : Là où ma Voie me mène. La où je mène ma Voie. Groupe : Marchombre ! Livre préféré : Le Pacte des Marchombres, Harry Potter, A la Croisée des Mondes Date d'inscription : 27/11/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 17:39 | |
| Ouh la la ! *Mara en mode panique* J'ai vraiment failli ne pas finir ma nouvelle à temps, et je pense qu'elle est un peu fade... mais je n'avais aucune inspiration, et j'ai longuement hésité avant de me mettre à l'écrire quand même... mais bon, tant pis, c'est fait et envoyé. Juste un truc avant de mettre ma pauvre nouvelle de rien du tout écrite en 20 min... *** Vous êtes géniaux !!!!!!!!!!*** Vos nouvelles sont vraiment trop belles ! Et Aethera, j'ai failli faire un truc très semblable au tien,(en ce qui concerne le : tu tues les rêves et je suis le tien) mais je me suis aperçue que je n'arrivais pas à le formuler , et je vois que j'ai bien fait, parce que ça ne serait jamais aussi bien que le tien ! XD Mais brefbrefbref, je m'égare, tout ça pour ne pas vous montrer ma nouvelle Alors voilà : (je vous ai prévenus....) - Spoiler:
INCIPIT 2 : Effet papillon
« Victor était chasseur de rêves. C’était un métier qui demandait beaucoup d’agilité, pour bondir de toit en toit, beaucoup de dextérité, pour manier le filet à rêves, beaucoup de courage, pour sortir seul la nuit et beaucoup d’imagination, pour effectuer un tri entre beaux rêves et rêves anodins, tout en évitant les cauchemars dangereux et les hallucinations inutiles. Agilité, dextérité, courage et imagination. Victor était agile, dextre, courageux et avait toujours fait preuve d’imagination. C’est d’ailleurs cette imagination qui lui avait permis, lorsque ses parents étaient morts, de ne pas se retrouver enfermé à l’orphelinat mais d’être embauché par monsieur Paul. Mystérieux et inquiétant monsieur Paul. Victor ignorait ce qu’il fabriquait avec les rêves qu’il lui achetait, pas très cher d’ailleurs, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. La seule chose qui comptait pour Victor, c’était de voir les songes se glisser à l’extérieur des maisons par les interstices entre les tuiles des toits, se déployer en fines volutes colorées, onduler un instant comme s’ils cherchaient leur route puis filer vers les étoiles. Sauf s’il se montrait assez rapide. S’il se montrait assez rapide et abattait son filet avec suffisamment de précision, le rêve finissait dans sa besace. Une nuit de printemps, alors qu’il n’avait capturé qu’un petit rêve bleu et cherchait quelque chose de plus consistant à attraper, Victor aperçut une silhouette adossée à une cheminée. Elle regardait le ciel et ne parut pas surprise lorsqu’il s’assit à ses côtés. - Tu t’appelles comment ? » (…) Victor sursauta. Sa voix était si cristalline qu’il avait d’abord cru qu’il s’agissait des cloches dans le lointain, quand il s’aperçut que la jeune inconnue avait tourné la tête vers lui et semblait attendre une réponse. La clarté de la lune se reflétait sur sa peu pâle et ses longs cheveux ébène semblaient faire partie intégrante de la nuit. Au premier regard, il avait même failli ne pas la voir, tellement elle se fondait dans l’ombre. Elle était plutôt menue, mais semblait avoir dans les 13-14 ans. Seuls ses yeux, dont la nuit ne laissait pas voir la couleur mais où l’on devinait des éclats verts, brillaient dans le noir; et on avait l’impression qu’ils pouvaient cerner toutes les joies et les peines du monde. Voyant que le regard de la jeune fille se faisait de plus en plus moqueur, Victor termina de la dévisager.
- Qui es-tu ?
Elle sourit, puis répondit par un rire si cristallin que Victor scruta le ciel à la recherche de gouttes de pluie avant de s’apercevoir encore une fois qu’on s’adressait à lui.
- Je suis celle qui t’avait demandé la même chose, mais on m’appelle aussi Maïa. La nuit masqua le pourpre que prirent, pour un court instant, les joues du fier chasseur de rêves.
- Je… je m’appelle Victor. Je suis chasseur de rêves.
- C’est quoi un chasseur de rêves ? Pourquoi tu as un filet ?
-Euh… c’est quelqu’un qui attrape des rêves grâce à ce filet. Je les attrape comme des papillons.
- Mais… c’est méchant d’attraper des papillons !
- Je n’attrape pas des papillons, j’attrape des rêves pour les vendre à M. Paul !
- Les rêves, ça ne les dérange pas de se faire attraper ? C'est qui M. Paul ?
Victor cacha son étonnement. Ils étaient pourtant sur le toit de la maison de cet étrange monsieur ! Perturbé par la venue de cette fille, il n’avait pas remarqué qu’il se trouvait… sur le toit de son patron ! C’est-à-dire en territoire interdit, car la règle imposée par son employeur était de ne jamais s’approcher de sa maison, pour protéger ses rêves, soupçonnait Victor, même s’il n’avait jamais vu de rêve se faufiler par la cheminée de cette maison entourée de mystère… S’apercevant à nouveau que Maïa attendait sa réponse, il reprit d’un ton soupçonneux: - Que fais-tu sur ce toit ? Je ne t’y ai jamais vue…
- Mais je suis ici toutes les nuits…Tu crois que les rêves sont contents si tu les attrapes ? Qui est M. Paul ?
Maïa commençait à l'exaspérer avec toutes ses questions, surtout que le jour se lèverait bientôt sans qu’il n’ait capturé autre chose qu’un petit rêve bleu, et que Victor recevrait peut-être les coups auxquels il avait toujours échappé en rapportant des rêves les plus intéressants…
- C'est impossible, je t'aurais vue !
- C'est que tu ne regardes pas comme il faut... Les rêves aiment se faire attraper ? Qui est M. Paul ?
Victor poussa un soupir. Il semblait impossible de faire oublier ne serait-ce qu'une seule question à cette fille.
- Mais je n'en sais rien si les rêves sont contents ! Les rêves sont comme les papillons, voilà tout. Ils se fichent sûrement d'être attrapés ! Et... comment ça je ne regarde pas comme il faut ?
- Si tu ne sais pas si ça les rend heureux, pourquoi en attrapes-tu ? Eh bien... tu ne regardes pas comme il faut, voilà tout ! C'est qui M. Paul ?
Le jeune chasseur de rêve n'essayait même plus de répondre à ses questions. Il allait lui dire au revoir, quand une chose curieuse se produisit...
Les premières lueurs du jour commençaient à percer la nuit, quand les traits de Maïa devinrent de plus en plus translucides.
- Vite ! Viens avec moi ! Je dois te montrer quelque chose...
Sa Voix qui ressemblait tant à des gouttes de pluie était devenue fragile et évoquait plutôt le murmure du vent. Poussé par la curiosité, la peur des coups qu'il allait recevoir, ou plutôt la confiance indéfectible qu'il pouvait lire dans les yeux de Maïa, même s'il n'osait pas s'avouer ce dernier point, Victor attrapa la main qu'elle lui tendait. Il fut comme happé par un tourbillon de brume, et tout ce qu'il connaissait disparut devant lui.
~
Lumière. Petit être qui parle. Au monde entier. A travers ses yeux verts se répand l'espoir. Un tout petit espoir, mais une lueur qui grandit. Qui gagne en force, se répand, se multiplie lorsqu'on le partage. - Ne laissons pas cette lumière s'éteindre. Cette lumière que nous avons tous au fond de nous. Il nous apprend à croire. Croire en nos...
~
Ombre. Lames qui éclairent. Multitude d'esprits unis pour un seul but. Ames libres qui se fondent en un seul être. Harmonie. Qui s'offre au monde.
~
Lumière. Salle éclairée par des néons. Craie qui crisse sur un tableau. Esprit qui s'évade. Porte qui s'ouvre. Voyage étonnant.
~
Obscurité. Barres de fer qui barrent l'horizon. Cris, pleurs, désespoir. Petite tâche de couleur dans un monde qui est noir.
~
- Qu'est ce que... Victor se réveilla avec un mal de crâne incroyable. Il avait rêvé d'un... Il regarda autour de lui. Il se trouvait sur le toit de M. Paul ! Comment avait-il pu s'endormir ici ? Il fallait qu'il parte au plus vite, surtout qu'il venait de s'apercevoir qu'il avait même perdu le petit rêve bleu. Mais il avait le vague souvenir de...
- Maïa !
Il se rappela immédiatement l'étrange nuit qu'il avait passé. Où était Maïa ? Et qui était-elle plus précisément ! Il l'appela longtemps, mais toujours en vain. Puis, assis dans la même position qu'une petite fille peu de temps auparavant, il regarda le soleil se lever. Un papillon virevolta un instant devant lui, puis, au moment où Victor s'aperçut de sa présence, ce petit être s'en alla chatouiller d'autres enfants
Alors il se leva, abandonnant son filet sur le toit, et se mit à marcher. Il marcha longtemps, vers le soleil et vers ses rêves. Il y croyait à nouveau. Alors qu'il allait s'arrêter pour se reposer au pied d'un arbre, il entendit le vent, comme tant de petites clochettes, lui murmurer :
- N'oublie jamais de rêver...
Un sourire aux lèvres, il se releva et continua de marcher. Il avait toute la vie devant lui !
ps : qui a trouvé les allusions (foireuses...)aux livres de p.b. ? | |
| | | Zephyr Curieux
Nombre de messages : 85 Age : 29 Localisation : Ailleurs Groupe : Marchombre Livre préféré : Beaucoup. Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 19:30 | |
| Ichtar, je n'avais pas compris qu'Iris faisait partie de la mythologie Mais je prononçais bien le nom Enfin bref, heureux que ta nouvelle soit envoyée' Mara, ta nouvelle est tout sauf fade. La chute est (je trouve) un peu complexe en revanche (je trouve...) | |
| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Sam 9 Jan 2010 - 20:40 | |
| Hum... Je me rends compte que je n'ai effectivement pas du tout été originale, parce que beaucoup de monde avait eu la même idée ... J'espère, si ma nouvelle n'est pas disqualifié, que la chute me sauvera. Mara, je ne suis pas d'accord, il n'est pas fade ton texte... Au contraire, je le trouve plutôt très bien, malgré quelques répétitions ("si cristalline") et quelques maladresses d'écriture... La fin est très ambiguë et je ne suis pas sûre de l'avoir comprise. Tu nous donneras quelques éclaircissements ? | |
| | | Nawel Arpenteur de la Voie
Nombre de messages : 108 Age : 29 Localisation : Bordeaux Groupe : Marchombre Livre préféré : Pierre Bottero -Of Course- Harry Potter & Les âmes vagabondes... Date d'inscription : 18/07/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 10:05 | |
| Vous allez tous y arriver !!! C'est tous le mal que je vous souhaite ! Tous vos textes sont ... wow Et on peut apercevoir Pierre entre les lignes... | |
| | | Ichtar Maître Marchombre
Nombre de messages : 1109 Age : 29 Localisation : Entre ma tête et Lille Groupe : Marchombre... j'espère Livre préféré : L'Autre (de vous-savez-qui), et Prodige (de Nancy Huston) Date d'inscription : 30/03/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 11:10 | |
| Zéphyr? Tss...Inclulte! Va faire un tour là http://mgr2.frlaee.fr/pages/dieu/iris.php. J'étais morte de rire en lisant la dernière phrase, je l'avais jamais remarqué Mara, t'as vraiment écris ça en 20 minutes O_O. C'est mafnifique. Je t'assure, c'est magnifique. Le passage "Ombre, Lumière, Obscurité" est bien écrit et surprenant. Et je ne trouve pas la fin particulièrement ambigue. La seule phrase qui m'ai vraiment dérangé, c'est - Citation :
- puis, au moment où Victor s'aperçu de sa présence, ce petit être s'en alla chatouiller d'autres enfants
Je sais pas je la trouve...mal formulée. Nawel? EDIT: Quelqu'un connais la date exact des résultats? | |
| | | Narja Oeil du Navire
Nombre de messages : 955 Age : 31 Localisation : Physiquement je suis sur Terre (mouahahahaha, vous ne saurez rien de plus ^^) et psychiquement, je suis... hummm très très loin. Groupe : Haïnouk Livre préféré : Saules Aveugles et Femme endormie de Hakuri Murakami; Ellana. Date d'inscription : 22/04/2009
| | | | Leslie Danseur de la falaise
Nombre de messages : 1487 Age : 27 Localisation : Ailleurs. Groupe : Faëlle Livre préféré : Waw... Euh... Pour commencer, tous les livres de Pierre Bottero sans exception... Et puis après, il y en a vraiment trop. Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 12:33 | |
| Vos textes sont tous... Waow. Magnifiques. Rien d'autre à dire pour le moment, simplement...Incroyable... Merci, les Amis, de nous faire partager vos merveilles. Merci. | |
| | | Aina Curieux
Nombre de messages : 42 Age : 23 Localisation : Entre deux piles de livres Groupe : Dessinatrice Livre préféré : les auteurs plutôt Balzac, Hugo, Sartre, Sarraute... ET TOLKIEN!!!! Date d'inscription : 09/01/2010
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 12:58 | |
| vous avez écrit de très belle choses, tous vos textes sont différents, et super bien écrit. J'ai eu à titre personnel un petit coup de coeur pour celui d'Ichtar, mais j'ai beaucoup apprécié les autres aussi ^^ je suis certaine que vous allez y arriver. Et jaja, faut pas dire cela, je suis sure que ton texte est très beau, tu ne veux pas nous (me?) le faire lire? | |
| | | Zephyr Curieux
Nombre de messages : 85 Age : 29 Localisation : Ailleurs Groupe : Marchombre Livre préféré : Beaucoup. Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 14:13 | |
| Oui Narja, fais-nous voir, je trouve vraiment intéressant de lire des nouvelles qui ont toutes le même début (bizzarement, personne n'a prit le premier incipit !) et qui sont toutes complètement différentes ! En plus, c'est vrai que toutes les nouvelles sont belles Pour la fin du concours, alors: On a tout d'abord l'étape académique. Pour chaque académie, un jury académique se réunira pour choisir les cinq meilleures nouvelles. Les noms des lauréats de l’étape académique seront diffusés sur le site internet du festival à partir du 29 mars 2010. Tous les lauréats de l’étape académique seront ensuite avisés personnellement de leur admissibilité ou non à l’étape nationale par e-mail ou par courrier avant le 6 avril 2010, sachant que pour participer à l'étape finale, il faut être classé premier des cinq lauréats nationaux. Dans tous les cas, tous les finalistes (donc premiers des cinq meilleures nouvelles académiques) auront leur nouvelle publiée dans un recueil de nouvelles publié en 60 000 exemplaires, et je crois que tous les participants au concours auront un exemplaire. gratuit... Voilà, c'est un peu embrouillé, faut retenir que si on fait partie des cinq meilleures nouvelles du département, on sera prévenu le 29 mars 2010, (et on recevra un bon d'achat de 50 euros valable dans les magasin Leclerc ( ) Parmi ces cinq, si on classé premier, on recevra un mail avant le 6 avril 2010 pour participer à la finale (sachant que les lauréats académiques seront autorisés à venir y assister aussi) | |
| | | Ichtar Maître Marchombre
Nombre de messages : 1109 Age : 29 Localisation : Entre ma tête et Lille Groupe : Marchombre... j'espère Livre préféré : L'Autre (de vous-savez-qui), et Prodige (de Nancy Huston) Date d'inscription : 30/03/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 15:37 | |
| Merci Aina , ça fait très plaisir. Voui Jaja, je veux ton teeeeexteuuh! Euh, Zéphyr, tu m'as chamboulé. Y'a pas 16 lauréats qui seront publiés en principe? Oo *mode y comprend plus rien* | |
| | | Zephyr Curieux
Nombre de messages : 85 Age : 29 Localisation : Ailleurs Groupe : Marchombre Livre préféré : Beaucoup. Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 15:57 | |
| En fait, c'est le règlement qui n'est pas très clair, surtout si on essaie de l'expliquer ^^ Je suis allé tirer les infos sur le règlement du concours... Vas y jueter un coup d'oeil, voir si tu y comprends plus ^^ | |
| | | Anaura Tallis Candidat à l'Ahn-Ju
Nombre de messages : 412 Age : 28 Localisation : Avec Vous Groupe : Marchombre Livre préféré : Tout les Bottero... Date d'inscription : 30/11/2008
| Sujet: Re: Concours d'écriture Dim 10 Jan 2010 - 23:05 | |
| C'est pas vrai Zephyr. Comme vous sembliez l'oublier, j'ai pris le premier incipit. Vous en pensez quoi? (Je ne suis pas vraiment satisfaite de l'action et de la punition, mais bon...) - Spoiler:
Conte Russe par une insolente. Louise poussa un grognement. Elle avait retardé tant qu’elle avait pu le moment de se mettre au boulot, espérant jusqu’à la dernière minute qu’un miracle la sauverait mais là, le dernier jour, à onze heures du soir, soit neuf petites heures avant le cours fatidique, elle était coincée. D’autant plus coincée que madame Agay était connue pour la sévérité avec laquelle elle traitait les élèves qui ne rendaient pas leur travail dans les délais impartis. Pour la dixième fois de la soirée et la centième depuis une semaine que madame Agay leur avait donné ce fichu devoir, elle lut le sujet : « Baba Yaga est une figure centrale des légendes russes. Vous utiliserez le conte étudié en classe et les résultats de vos recherches personnelles pour rédiger un texte de quatre pages dans lequel Baba Yaga jouera un rôle essentiel. » Le conte étudié en classe ? Louise en gardait un souvenir si vague qu’elle en était venue à se demander si elle n’était pas absente le jour où la prof l’avait présenté. Vos recherches personnelles ? Il ne fallait quand même pas rigoler ! Bon, d’accord, elle n’avait rien fichu, rien écouté, rien préparé et, demain, elle allait se faire trépaner par madame Agay. Et tout ça à cause de cette… Maudite Baba Yaga ! cracha-t-elle. Comme un écho à son juron, un claquement sec retentit dans le couloir, suivi du bruit d’un corps lourd se trainant vers sa chambre. Louise se figea. Si elle avait réveillé ses parents, que l’un d’eux entrait et la surprenait en train de… de ne pas travailler au lieu de dormir, madame Agay n’aurait plus rien à massacrer demain. Elle se précipitait vers son lit lorsque… La porte s'ouvrit sur une vieille femme. Enfin "vieille" était un euphémisme. Cette femme avait au moins deux cent ans! Se rappelant qu'elle devait faire semblant de dormir elle se dépêcha de fermer les yeux… – Pas la peine de jouer à ça avec moi, fillette. J'ai peut être quatre cents ans mais j'ai encore toutes mes dents, ma vue, mon ouïe, mes pouvoirs… Je ne manque de rien pour mon âge. Alors lève toi et dépêche toi de m'apporter une chaise où je puisse poser mes vieux os. Scotchée, Louise se leva et fit rouler sa chaise de bureau vers la vieille, malgré le risque que ses parents se réveillent et entendent le bruit. – Ne t'inquiète de rien, ils n'entendront pas. Ils n'ont même pas entendu mon arrivée. Vous manquez de bien des choses ici… Bon, je suppose que tu dois connaître la raison de ma venue… – Moi je dois savoir la raison de votre venue? Je sais même pas comment vous avez pu arriver jusqu'ici avec mes parents à côté et l'alarme de la porte! – Il n'y a pas que les portes qui permettent de rentrer quelque part, jeune fille… Ce qui m'étonne plus, c'est que tu ne saches pas pourquoi je suis ici! Tu m'as appelée, pourtant! Alors là, Louise ne comprenait plus rien. Rien du tout. Le besoin de tout récapituler se fit sentir. Il y avait déjà le devoir de madame Agay sur une sorcière russe (Ah, génial, quel sujet!), ensuite l'intrusion illégale et surtout impossible d'une vieille dame de… Quatre cents ans, chez elle. Et ensuite le fait qu'elle devait savoir POURQUOI cette dame était chez elle et comment elle avait bien pu l'appeler… Elle bégaya: – Je… Moi je n'vous ai pas… Enfin, je crois pas vous avoir appelé. J'ai juste un travail compliqué à faire, et le sujet est sur un certaine Baba Yaga, une vieille sorcière russe désagréable et méchante qui me… Au fur et à mesure que sa phrase avançait, le visage de la femme en face d'elle se décomposai et quand elle fit un geste de sa main fripée, Louise sentit avec horreur sa bouche se fermer toute seule et ses lèvres se rejoindre et restées collée comme si on y avait appliqué de la glu. – Saches, jeune impertinente que si j'étais vraiment méchante, je ne t'aurais pas laissé prononcé cette phrase. Et désagréable, je crois que tu le serais si tu devais supporter sans ciller les crimes que l'on t'accorde. Ogresse! Meurtrière! Monstre! Ignoble! Je vais être juste, je te détache les lèvres, mais tu y penseras désormais à deux fois avant de proférer de pareilles sottises! – Mmmmh! acquiesça Louise en hochant frénétiquement la tête. Quand ses lèvres se détachèrent, la jeune fille se dressa comme elle pu et commença à crier, oubliant un cours instant la maison endormie. – Non mais vous êtes vraiment DINGUE! Ça va pas la tête de faire ça au GENS? Déjà que vous rentrez chez eux sans permissions vous vous amusez en plus à les bâillonner avec un sortilège? SORTEZ! – Doucement, jeune fille, répondit la sorcière, nullement impressionnée. Bien que je ne doute pas de la force que tu as en toi, je ne te pense tout de même pas capable de me résister, et encore plus de me faire sortir de chez toi. Maintenant, s'il te plaît, assied toi et écoute moi. Un nouveau geste de la main et la jeune fille sentit ses jambes se plier. Malgré toute sa volonté, elle ne parvint pas à rester debout. Elle soupira et pris l'air le plus adolescent possible, un air entre l'ennui et l'énervement. Blasé quoi. Elle posa un regard hautain sur la vieille femme qui souriait comme si rien ne pouvait la faire sortir de l'état calme dans lequel elle se trouvait. – Allez y, soupira Louise. Je vous écoute, Ô sorcière puissante de la taïga russe. Et si vous n'avez rien à me dire, vous n'aurez qu'à m'aider pour mon devoir! – L'insolence n'a jamais réglé les problèmes, tu devrais le savoir. De toute façon, cela n'est pas important. Tu m'as appelé et tu devrais me dire pourquoi. Or, il est clair que tu n'en a aucune idée et que tu ne sais même pas comment tu m'as dérangé. C'est ça n'est ce pas?Elle n'attendit aucune réponse et reprit: – Le problème… C'est que je ne supporte pas être dérangée, et surtout pas pour rien. On me cause assez de désagréments et je n'ai aucune envie d'être appelée à tort tous les quatre matins! – Hé oh, ça va! Je vous ai jamais demandé de venir! J'ai pas besoin qu'une vieille débarque chez moi à onze heures du soir et m'accuse de quelque chose! Je me passe très bien des gens qui ne vous trouvent que des défauts. Et qui en plus me pourrissent la soirée et le peu de temps que j'ai pour faire un devoir! – … Comment oses… Oses tu! Tu ignores vraiment qui je suis et quels pouvoirs je possède! Et je crois bien que tu as besoin d'une leçon! Louise prit un air ironique – Ah ouais. Eh bien j'ai vraiment, vraiment peur, mais là, je suis occupée. La jeune fille ignorait ce qui l'avait poussée à se montrer désagréable, mais elle se mit à le regretter lorsque la vieille femme commença à marmonner tout bas quelque chose qui devait ressembler à du russe. Flippant. Elle eu vraiment peur lorsque la chambre commença à s'assombrir et que tout disparu d'un coup. Elle se sentit tomber, ne pensa même pas à crier tant elle était stupéfaite. La seule pensée qui arriva à son esprit fut que cette chute ressemblait beaucoup à celle d'Alice dans Alice au pays des Merveilles. Et pourtant elle n'était pas fan de ce livre. Elle préféra arrêter de penser lorsque qu'elle aperçut la vieille dame tomber à ses côtés et qu'elle eut la vision du lapin pressé. La chute s'arrêta très brusquement. Il sembla à la jeune fille qu'elle s'enfonçait dans quelque chose de blanc, de doux, de froid. De très froid en fait! Louise se releva d'un bond et faillit retomber à terre. Elle se trouvait au milieu d'une forêt de pins nus, recouverts de neige. Et le froid qui allait avec. La jeune fille, au moment ou elle s'était attelée à son devoir portait une simple chemise de nuit, pas vraiment le genre de vêtements que l'on porte pour aller marcher dans la neige… A côté d'elle, Baba Yaga (il fallait bien se rendre à l'évidence) était debout et commença à marcher vers une petite maison que Louise n'avais pas vu au début. Elle la suivit, s'enfonçant jusqu'en haut des mollets dans la neige. Elle avait froid, était trempée et maintenant, elle angoissait. Les portes s'ouvraient et se fermaient toutes seules devant elles, un oiseau noir se détacha de l'arbre ou il était perché et virevolta à quelques centimètres de sa tête. Elle ne trouva le refuge que dans la maison de la sorcière. Un feu brillait dans la cheminée, et si l'on oubliait les pots en verre qui contenaient de… Choses étranges, l'endroit pouvait être accueillant. Sauf qu'il ne l'était pas, avec l'ombre qui s'étendait partout, la vieille femme qui s'agitait dans un coin comme si Louise n'avait pas existé. – Je peux savoir pourquoi je suis ici? d'un coup, dans la neige, elle avait perdu toute sa superbe et son insolence Baba Yaga le remarqua et Louise entendit le sourire dans sa voix. Un sourire presque méchant. –Tu t'es montrée bien désagréable avec moi… Et je cherche ma vengeance. Tu l'as bien mérité, non? Et je crois que j’ai trouvé ! La jeune fille l’entendit prononcer quelque chose comme – кошка Alors, tout sembla s’agrandir . Enfin ce fut elle qui rétrécit brusquement. Elle sentit de drôles de picotements partout sur son corps et plus particulièrement autour de son nez et sur ses oreilles. Louise essaya de crier, de rester debout, mais elle se trouva à quatre pattes en un rien de temps, et son cri ressembla fortement à… Un miaulement désespéré. –Quand je disais que j’avais trouvé, minauda la vieille en se frottant les mains. –Vous n’avez pas le droit ! voulu crier Louise. Mais c’était peine perdue, le seul bruit qui franchit le seuil de ses lèvres était un crachement de chat en colère. La vraie terreur la saisie à ce moment-là. Qu’allait elle devenir ? Qu’allaient dire ses parents en voyant que leur fille avait disparu ? Comment réagiraient-ils tous, ses amis, sa famille, en apprenant que Louise avait disparu ? Ils penseraient à une fugue, un enlèvement… Transformé en… Chat dans un monde de contes russes n’est pas vraiment une des possibilités que la police envisage après une disparition. Louise voulut disparaître mais le fait de marcher à quatre pattes et d’être plus petite que les meuble est assez étrange pour une jeune fille de treize ans, et elle s’emmêla complètement. La seule chose qu’elle réussit à faire et dont elle n’était pas peu fière fut un beau saut jusqu’au rebord de la fenêtre. Là, elle pourrait peut être réfléchir à un plan d’évasion tranquillement. Mais la jeune fille eu beau chercher et se retourner le cerveau dans tous les sens, rien ne lui venait à l’esprit, surtout que, même si elle s’enfuyait elle serait toujours sous forme féline et n’aurait aucun moyen de retrouver son monde. Elle finit par s’endormir, sur le rebord de la fenêtre, bercée par le craquement du bois dans la cheminée. Louise se réveilla quand elle entendit parler à côté d’elle. Une belle jeune fille de son âge parlait avec Baba Yaga. La fille semblait avoir peur, surtout quand Baba Yaga lui dit de s’installer devant le feu, et d’attendre. Puis elle s’éloigna. Quand la jeune fille se fut assise, Louise sauta de la fenêtre et se réceptionna juste à côté d’elle. Quand elle voulut parler, Louise se surpris à très bien pouvoir, pas comme avant son petit somme : –Qui es-tu ? –Tu parles ? Ah, oui, tu es le chat de Baba Yaga. Je suis Vassilissa, la nièce de cette vieille femme. – Que fais-tu ici ? –Ma belle mère m’envoie chercher de la laine. Mais je suis sure qu’elle voulait me perdre dans la forêt. La voix de la vieille Baba Yaga retentit alors dans la pièce « Servante, prépare l’eau du feu. Je veux cette ravissante jeune fille pour mon dîner ce soir… ». Vassilissa perdit alors toutes ses couleurs. –Je le savais, qu’elle voulait se débarrasser de moi ! Et maintenant, je vais me faire dévorer. Oh, c’est monstrueux ! Louise supportait mal les filles pleurnicheuses mais celle là était un bel exemple. – Oh, c’est bon, je vais t’aider, comme je suis moi même prisonnière. Ecoute, sors. Quand la porte ne voudra pas s’ouvrir, dis lui que Baba Yaga l’a demandé. Quand le portail se fermera devant toi, chante des louanges à la porte qui, elle, s’est ouverte. Quand les arbres bloqueront ton passage, dis leur que le chat viendra et écorchera leurs troncs. Dépêche toi, maintenant, elle ne va plus tarder ! Et Vassilissa s’enfuit. De la fenêtre, Louise la vit suivre à la lettre ses instructions et la perdit finalement de vue. Un air de contentement sur le museau, elle se tourna vers Baba Yaga qui venait d’entrer dans la pièce. –Voilà ce qui s’appelle faire fuir son repas, la vieille, hein ? On regrette d’avoir une servante un peu sourde d’oreille n’est-ce pas ? Pauvre Baba Yaga qui devra se contenter de soupe au dîner… Si je le pouvais, j’en pleurerais, seulement je ne suis qu’un chat et… –Oh silence espèce de petite insolente ! Je pourrais te manger toi pour mon dîner, si la chair d’un chat n’était pas si indigeste ! Tu me poses plus de soucis que lorsque tu n’étais pas là ! Mais saches que je ne serai plus jamais aussi clémente ! Vas t’en ! Ourodits ! Á nouveau, tout devint noir, tout disparu et Louise recommença à tomber, mais dans l’autre sens. C’était une sensation étrange que de tomber à l’envers. Puis tout s’arrêta brusquement. Louise ouvrit les yeux. Un plafond blanc. Elle tourna la tête. Un mur vert. De l’autre côté. Une chambre d’ado normale, avec un bureau en fouillis, une chaise à roulette au milieu du tapis, des posters de stars aux murs. Sa chambre. Elle était chez elle, sous forme humaine, comme si rien ne s’était passé. Rien. Louise se leva. Sa chemise de nuit portait l’odeur d’un feu de bois. Elle se gratta la nuque et découvrit avec stupeur une touffe de poils noirs. Elle se tourna vers le miroir et cela lui fit un choc. Ses cheveux blonds vénitiens étaient teintés d’un noir profond. Le même que la touffe de poils. Sur son bureau l’attendaient quatre feuilles de papiers. La différence avec son départ c’était que ces quatre feuilles étaient remplies d’une écriture serrée, son écriture. Alors qu’elle n’avait rien écrit avant son départ. Á la fin, sur un post it, il y avait une note en italique « Pour que tu n’oublie pas que Baba Yaga, vieille sorcière de Russie peut être dangereuse. Méfie toi de mon nom, Kotyk, petit chat »
Hind, je sais que tu sais que j'adore ton texte. Très beau. Laure, on reconnaît ton style, comme toujours. On reconnaît "la griffe". Zephyr, j'ai bien aimé, pas mal, mais j'ai trouvé euh... Un peu enfantin, dans l'écriture. Tu me comprend? Sinon, j'aime. Mara, très beau. | |
| | | Jinny Jeune archer
Nombre de messages : 251 Age : 27 Localisation : La ou je peux tutoyer le ciel, le vent et les etoiles, rever le vent et tendre vers l'harmonie. Toujours... Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, la prophetie Date d'inscription : 30/10/2009
| Sujet: Re: Concours d'écriture Lun 11 Jan 2010 - 1:59 | |
| Vos nouvelles sont tout simplement... Waw. Ichtar, ton texte... Mara, je ne sais pas comment tu as écrit ca en 20 minutes, moi ca m`aurais pris des heures... Anaura, j`aime Tu es la seule peersonne qui sur le fow` jusqu`à présent qui a fait la nouvelle de Louise... | |
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| Sujet: Re: Concours d'écriture | |
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| | | | Concours d'écriture | |
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