Cygnis ~ Vincent Gessler

4ème de couv' :

Est-ce le ciel ou la forêt ? Un fourmillement frémit à la limite de son champ de conscience, sensation familière associée au danger. Il se redresse à demi et s'empare de son fusil. Ses oreilles bourdonnent. L'oeil à la lunette, il fait défiler différents modes de vision. Au-delà de l'espace délimité par l'ouverture de l'abri s'étend la forêt. Et au milieu, bien droit sous la pluie, un robot solitaire. Il n'a pas d'arme et se contente de regarder Syn dans les yeux.

C'est l'histoire de Syn, un trappeur accompagné de son loup au pelage greffé de bandes synthétiques, dans un monde de ruines technologiques. La menace est partout, une guerre se déclare mais Syn ne veut plus tuer ses semblables...
Seule la science-fiction peut nous donner ce vertige d'être des archéologues du futur. Dans une langue raffinée, Vincent Gessler réussit son pari de nous envoûter par son récit âpre et exaltant de l'éternelle recherche de ses origines.





L'illustration de couverture est vraiment magnifique ! <3 Rien que pour ça...
Non bon ok, l'intérieur vaut AUSSI le détour ! ^^

D'abord ce livre a eu, entre autres, le prix 2010 des Utopiales !
Ensuite, il est vraiment TRES bien écrit ! J'ai été séduite par l'écriture de Vincent Gessler <3
Enfin, c'est une belle histoire de SF :-)

L'histoire d'un trappeur et de son chien. L'histoire de Syn, qui traque les robots isolés. Robots construits par les hommes d'avant la grande catastrophe et qui, aujourd'hui, sont devenus dangereux et impossible à maîtriser.
L'histoire de Syn qui rencontre Leah, archéologue des ruines d'avant la catastrophe.
L'histoire de cette guerre déclarée entre les hommes de Méandre et les troglodytes.

Mais... je ne veux pas vous en dire plus car la surprise fait pleinement partie de cette histoire.
Alors, quelques extraits :-) (que vous pouvez lire sans crainte d'être spoilé, sauf le dernier !)


Première page, tous premiers mots du livre :

Le deuil s'enracine sur cette terre où nous marchons, toujours en rond. Il y a quelque chose d'irréductible dans la déchirure de la perte, dans l'amour blessé qui ne veut plus se découvrir. Une amertume qui en appelle aux larmes, aux mots muets, aux mots hurlés. Notre existence se joue ici, entre ces valeurs inventées par nos pères et celles que nous apprenons.
Les hivers sont passés sur le monde, et les étés. L'être humain est mort par milliers, par millions il a gorgé la terre de son sang. Il a dominé le feu du ciel, puisé celui de la terre, asséché les mers et aux enfants de ses enfants offert toutes les larmes.
Il reste les cicatrices qui s'ouvrent à la surface des déserts, les rides au flanc des montagnes, les immenses coquilles fanées au bord de l'eau. Le vent joue dans les failles, la pluie remplit les cratères de lacs. Et au cœur des forêts profondes les rayons du soleil jouent avec les brumes, l'aube s'enroule entre les arbres.
La mémoire s'estompe, les vies passent, les noms se perdent dans l'oubli : on invente des histoires.
Un homme devient héros.
Les paroles crépitent au coin du feu, les noms changent, comme les mots. De bouche à bouche, de murmure à murmure, l'histoire se transforme en légende.
Le héros devient titan.
Les contes se déclinent et s'écoutent en silence. Il ne reste des origines qu'un squelette blanchi par les mots.

Un rêve.

Une histoire.



~~

Les joues de Syn brûlent tout à coup, et il ne parvient pas à regarder Dek en face. Sa main s'attarde sur la tête d'Ack, sagement assis à côté d'eux. La perte du compagnon est le pire qui puisse arriver à un trappeur. Le lien qui unit l'homme à son chien ou à son loup est si fort qu'il est au-delà des mots, hors de tout champ d'expression. Il est composé de la somme de toutes ces nuits et de tous ces jours, de tous ces soleils qui ont tracé l'horizon, de toutes ces étoiles regardées, ces feux allumés au soir, ces échanges de soupirs, de monologues formulés ou non, de gestes esquissés, de regards surtout, souffrances partagées et chaleur mutuelle. Personne d'autre qu'un trappeur ne peut comprendre l'étendue de la perte. Il n'y a pas de mots.

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La nuit efface les frontières, celles du dedans et du dehors.


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A ne vraiment PAS LIRE avant d'avoir lu tout le livre :

Spoiler:

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Bonne lecture alors

Waow... Ca fait longtemps qu'il m'attire, celui-là, mais les extraits que tu as postés me donnent encore plus envie <3 . Je le rajoute sur ma liste - et vais me pendre, par la même occasion, vu le nombre de bouquins qui s'empilent sur ma table de chevet en ce moment. En plus j'sais pas pourquoi, mais j'ai du mal à lire Balade Choreïale. Il demande peut-être que je m'y plonge totalement, ce que je n'arrive pas à faire en ce moment. Ca viendra.

Merci pour le partage Ipiu .