Mhm. A la lecture de ton message me revient une citation (je ne sais plus du tout d'où) qui était en substance celle-ci : De toutes choses, la mort est une affaire de vivant.
Heureusement, qu'on a cette capacité de cécité, d'amnésie, d'oubli, de ceux qui ne sont plus. Heureusement que l'on ne reste pas accroché comme une tique à cette évanescence qu'est l'absence, ce néant de la présence, de la vie (qui en fait, n'est pas non plus la mort). L'oubli est une prodigieuse faculté de survie, et elle nous indique la marche à suivre : la place des vivants n'est pas parmi les morts. C'est Spinoza qui a cette phrase surprenante, au fond, un homme sage ne pense à rien moins qu'à la mort.
Le mort, de par sa qualité de mort, si je puis dire, se moque royalement que l'on se souvienne de lui, que l'on honore son corps, et qu'il ne soit pas oublié. Des préoccupations de vivant, tout cela. La seule chose que nous tuons une deuxième fois en oubliant les morts, c'est notre sérénité. Nous avons peur d'être oubliés, nous avons peur d'être seuls, et on se rassure en n'oubliant pas les morts car cela nous fait espérer qu'à notre tour, nous ne serons pas oubliés.
Ce qui n'est pas un argument pour oublier le souvenir, après tout, cela nous fait du bien. Mais cela ne nous force pas à être aveugle sur les véritables motivations de notre injonction à se souvenir.