Mélancolégèreté

Bonjour,

Si je prends le temps de me poser ici, de partager ces quelques mots, c'est que sous l'errance qui a porté mes pas jusqu'à vous souffle un vent d'évidence.

Il flotte parfois dans l'air un parfum acre et rance, qui suinte du bitume et des immeubles gris. Un parfum d'indifférence et de rêves oubliés, qui me prend la gorge et qui me tord le ventre. C'est l'odeur du Réel, d'un monde dont on a gommé les couleurs pour des chiffres, chassé la magie par des faits. Un monde comme une horloge, dont l'invisible aiguille pousse les Hommes dans le dos, vers des voies déjà pavées. Mais cette odeur, de souffre et de sel, ne résiste pas un instant à la chaleur d'un sourire ou à la discrète fragrance d'un brin de menthe poivrée. Et ce monde qu'elle nous décrit implose, dès lors qu'y pousse une fleur.

Je ne saurais mieux dire qu'Aenea.

Merci pour ces quelques mots, justes par leur forme comme par leur fond.

Je n'étais pas certain qu'il y eût encore beaucoup d'activité sur ce forum à la longévité pour le moins... impressionnante. J'en suis agréablement surpris !

J'avais du vague à l'âme, mélancolie légère mais fluctuante. Nostalgie aussi. Comme on ressent parfois au finir d'un roman. Comme j'en ai ressenti après chacun des Siens. Comme si, fuyant l'impact du point final, l'histoire se fondait et prenait corps en nous, dans l'impérieux désir de se poursuivre. Libre.
Voilà bientôt six ans qu' Il nous a quittés mais ses histoires continuent de vivre, hors des pages, hors du temps.
Quand j'y pense, cette même émotion m'étreint. Besoin de lire, de retrouver la chaleur de Doudou, la douceur de Rafi, la lumière de Jilano... Mais lire, encore, à s'en user les yeux, à en perdre le goût, je me le refuse ! Chaque lecture doit être un plaisir, une re-découverte. Et pour cela, j'ai besoin d'espacer ces lectures, malheureusement, à chaque fois plus longtemps...
D'où mon passage ici, vous le comprendrez maintenant. Ce forum rayonne de l'esprit alavirien. J'ai été fort ému par l'article sur "les cinq ans du forum", émerveillé par le nombre de discussions, impressionné par la qualité de certaines réponses.
C'eût été dommage de partir sans saluer tout cela !

Merci pour ton passage... Passager ! Ça fait plaisir, et tu as une jolie plume.

Si jamais tu as envie de t'attarder...