La Voie des Marchombres Forum de réflexion consacré aux Marchombres et aux livres de Pierre Bottero... |
| | Vos poètes et poèmes préférés | |
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Leslie Danseur de la falaise
Nombre de messages : 1487 Age : 26 Localisation : Ailleurs. Groupe : Faëlle Livre préféré : Waw... Euh... Pour commencer, tous les livres de Pierre Bottero sans exception... Et puis après, il y en a vraiment trop. Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Vos poètes et poèmes préférés Jeu 30 Avr 2009 - 22:46 | |
| J'ai longuement hésité avant de poster ce sujet ici... Sachant que j'aurais pu le mettre dans poésies... Et puis je ne suis pas sûre que ça n'existe pas déja...
J'ai vu dans le sujet des poésies de Sérêlys que,evidemment,vous aimez des poètes différents et j'aimerais savoir lesquels...
Et des poèmes en particulier,que vous aimez beaucoup...
En ce qui me concerne,j'aime beaucoup Paul Verlaine... Et ce poème...
Il pleut dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !
Et vous ? A vos avis !
Bisx | |
| | | Elffeuer Candidat à l'Ahn-Ju
Nombre de messages : 513 Age : 31 Localisation : Quelque part entre la cave et les combles... Groupe : Marchombre Livre préféré : Les Tolkien, Les livres de Mr Bottero, Le Cercle des poètes disparus, Crocs-Blancs Date d'inscription : 31/12/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 0:28 | |
| Tu ne peux savoir à quel point ton message m'a fait rire lorsque je l'ai lu ! Figure toi qu'en ce moment, je suis en train d'étudier Verlaine, et que ce matin, j'ai eu le droit à un court de français centrer sur un poème...Et comme par hasard, en rentrant ici, je le retrouve
Pour continuer sur Verlaine que tu as l'air d'apprécier, en voici un que tu dois connaître et qui ma foi à beau ne pas être très joyeux, il dégage une musique et une force incroyable...
Chanson d'Automne;
Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure,
Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ;
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà Pareil à la Feuille morte.
Je pense que j'en remettrais d'autre, mais il commence à se faire tard alors... | |
| | | Akino Aventurier des plaines
Nombre de messages : 1546 Age : 113 Groupe : Haïnouk mais aussi Dieu Judeutongaux, double emploi que je dois remplir à la sueur du jus de tong. Date d'inscription : 24/08/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 11:24 | |
| Moi n'ossi j'aime beaucoup Paul Verlaine Mais je pense que mon poète préféré reste Ghérasim Luca. C'est un auteur complétement... déjanté ? A côté de la plaque ? mais nous fait toujours passer un message profond. Voilà un de ces textes (qui est aussi mon texte de théâtre x] ) - Spoiler:
pas pas paspaspas pas pasppas ppas pas paspas le pas pas le faux pas le pas paspaspas le pas le mau le mauve le mauvais pas paspas pas le pas le papa le mauvais papa le mauve le pas paspas passe paspaspasse passe passe il passe il pas pas il passe le pas du pas du pape du pape sur le pape du pas du passe passepasse passi le sur le le pas le passi passi passi pissez sur le pape sur papa sur le sur la sur la pipe du papa du pape pissez en masse passe passe passi passepassi la passe la basse passi passepassi la passio passiobasson le bas le pas passion le basson et et pas le basso do pas paspas do passe passiopassion do ne do ne domi ne passi ne dominez pas ne dominez pas vos passions passives ne ne domino vos passio vos vos ssis vos passio ne dodo vos vos dominos d’or c’est domdommage do dodor do pas pas ne domi pas paspasse passio vos pas ne do ne do ne dominez pas vos passes passions vos pas vos vos pas dévo dévorants ne do ne dominez pas vos rats pas vos rats ne do dévorants ne do ne dominez pas vos rats vos rations vos rats rations ne ne ne dominez pas vos passions rations vos ne dominez pas vos ne vos ne do do minez minez vos nations ni mais do minez ne do ne mi pas pas vos rats vos passionnantes rations de rats de pas pas passe passio minez pas minez pas vos passions vos vos rationnants ragoûts de rats dévo dévorez-les dévo dédo do domi dominez pas cet a cet avant-goût de ragoût de pas de passe de passi de pasigraphie gra phiphie graphie phie de phie phiphie phéna phénakiki phénakisti coco phénakisticope phiphie phopho phiphie photo do do dominez do photo mimez phiphie photomicrographiez vos goûts ces poux chorégraphiques phiphie de vos dégoûts de vos dégâts pas pas ça passio passion de ga coco kistico ga les dégâts pas le pas pas passiopas passion passion passioné né né il est né de la né de la néga ga de la néga de la négation passion gra cra crachez cra crachez sur vos nations cra de la neige il est il est né passioné né il est né à la nage à la rage il est né à la né à la nécronage cra rage il il est né de la né de la néga néga ga cra crachez de la né de la ga pas néga négation passion passionné nez pasionném je je t’ai je t’aime je je je jet je t’ai jetez je t’aime passionném t’aime je t’aime je je jeu passion j’aime passionné éé ém émer émerger aimer je je j’aime émer émerger é é pas passi passi éééé ém éme émersion passion passionné é je je t’ai je t’aime je t’aime passe passio ô passio passio ô ma gr ma gra cra crachez sur les rations ma grande ma gra ma té ma té ma gra ma grande ma té ma terrible passion passionnée je t’ai je terri terrible passio je je je t’aime je t’aime je t’ai je t’aime aime aime je t’aime passionné é aime je t’aime passioném je t’aime passionnément aimante je t’aime je t’aime passionnément je t’ai je t’aime passionné né je t’aime passionné je t’aime passionnément je t’aime je t’aime passio passionnément
J'aime aussi beaucoup Aragon - Spoiler:
J'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre Rien comme être n'est passager C'est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J'arrive où je suis étranger Un jour tu passes la frontière D'où viens-tu mais où vas-tu donc Demain qu'importe et qu'importe hier Le coeur change avec le chardon Tout est sans rime ni pardon Passe ton doigt là sur ta tempe Touche l'enfance de tes yeux Mieux vaut laisser basses les lampes La nuit plus longtemps nous va mieux C'est le grand jour qui se fait vieux Les arbres sont beaux en automne Mais l'enfant qu'est-il devenu Je me regarde et je m'étonne De ce voyageur inconnu De son visage et ses pieds nus Peu a peu tu te fais silence Mais pas assez vite pourtant Pour ne sentir ta dissemblance Et sur le toi-même d'antan Tomber la poussière du temps C'est long vieillir au bout du compte Le sable en fuit entre nos doigts C'est comme une eau froide qui monte C'est comme une honte qui croît Un cuir à crier qu'on corroie C'est long d'être un homme une chose C'est long de renoncer à tout Et sens-tu les métamorphoses Qui se font au-dedans de nous Lentement plier nos genoux O mer amère ô mer profonde Quelle est l'heure de tes marées Combien faut-il d'années-secondes A l'homme pour l'homme abjurer Pourquoi pourquoi ces simagrées Rien n'est précaire comme vivre Rien comme être n'est passager C'est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J'arrive où je suis étranger
Louis Aragon
** S'enfuit voyant l'heure qui tourne dans le mauvais sens ** | |
| | | Eleyra Leina Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4534 Age : 32 Localisation : Llewanda Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, La Moïra, Les Royaumes du Nord Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 12:00 | |
| Tiens, ça me rappelle l'anthologie de poème que je devais faire en première... Bon, bah je vous en donne quelques-uns que j'y avais mis ^^ Moi aussi j'aime bien Aragon ^^ J'en mets un, très connu, mais vu qu'il fallait un thème commun à tous les poèmes et que j'ai la flemme d'en chercher d'autres ^^ Les yeux d’Elsa
- Spoiler:
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent L'été taille la nue au tablier des anges Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée Sept glaives ont percé le prisme des couleurs Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche Par où se reproduit le miracle des Rois Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois Le manteau de Marie accroché dans la crèche Une bouche suffit au mois de Mai des mots Pour toutes les chansons et pour tous les hélas Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux L'enfant accaparé par les belles images Écarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où Des insectes défont leurs amours violentes Je suis pris au filet des étoiles filantes Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août J'ai retiré ce radium de la pechblende Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu Ô paradis cent fois retrouvé reperdu Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent Moi je voyais briller au-dessus de la mer Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa, mars 1942
Je n'aime pas beaucoup Prévert (pas comme Ewilan ) mais celle-ci est la seule que j'apprécie vraiment de lui... Extrèmement connue également...
Barbara
- Spoiler:
Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante Épanouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que je ne connaissais pas Toi qui ne me connaissais pas Rappelle-toi Rappelles-toi quand même ce jour-là N'oublie pas Un homme sous un porche s'abritait Et il a crié ton nom Barbara Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie Et tu t'es jetée dans ses bras Rappelles-toi cela Barbara Et ne m'en veux pas si je te tutoie Je dis tu à tous ceux que j'aime Même si je ne les ai vus qu'une seule fois Je dis tu à tous ceux qui s'aiment Même si je ne les connais pas Rappelle-toi Barbara N'oublie pas Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé C'est une pluie de deuil terrible et désolée Ce n'est même plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crèvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin très loin de Brest Dont il ne reste rien
Jacques Prévert, Paroles, 1945
J'avais aussi le poème de Verlaine, mais vu que Leslie l'a déjà posté ^^
Un autre archi-connu, si vous ne le connaissez pas, il y a un problème quelque-part ^^
Demain, dès l'aube...
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Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo, Les contemplations, 1856
Un que j'aime particulièrement... Très triste... De Alfred de Vigny
La Mort du Loup I
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Les nuages couraient sur la lune enflammée Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée, Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon. Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon, Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes, Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes, Nous avons aperçu les grands ongles marqués Par les loups voyageurs que nous avions traqués. Nous avons écouté, retenant notre haleine Et le pas suspendu. -- Ni le bois ni la plaine Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement La girouette en deuil criait au firmament; Car le vent, élevé bien au-dessus des terres, N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires, Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés, Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés. Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête, Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête A regardé le sable en s'y couchant; bientôt, Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut, A déclaré tout bas que ces marques récentes Annonçaient la démarche et les griffes puissantes De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux. Nous avons tous alors préparé nos couteaux, Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches, Nous allions, pas à pas, en écartant les branches. Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient, J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, Et je vois au delà quatre formes légères Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères, Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux, Quand le maître revient, les lévriers joyeux. Leur forme était semblable et semblable la danse, Mais les enfants du Loup se jouaient en silence, Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi, Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi. Le père était debout, et plus loin, contre un arbre, Sa Louve reposait comme celle de marbre Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus Couvaient les demi-dieux Remus et Romulus. Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées, Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées. Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris, Sa retraite coupée et tous ses chemins pris; Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante, Du chien le plus hardi la gorge pantelante, Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer, Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair, Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles, Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles, Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé, Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé. Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde. Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde, Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang; Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant. Il nous regarde encore, ensuite il se recouche, Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, Et, sans daigner savoir comment il a péri, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Alfred de Vigny, Les Destinées, 1843
Baudelaire, évidemment...
Tristesse de la Lune
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Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ; Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d’une main distraite et légère caresse Avant de s’endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches, Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons, Et promène ses yeux sur les visions blanches Qui montent dans l’azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive, Elle laisse filer une larme furtive, Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle, Aux reflets irisés comme un fragment d’opale, Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1868
Pour ceux qui sont malheureux : Paul Eluard...
La nuit n'est jamais complète
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La nuit n'est jamais complète, Il y a toujours, puisque je le dis, Puisque je l'affirme, Au bout du chagrin, Une fenêtre ouverte, Une fenêtre éclairée, Il y a toujours un rêve qui veille. Désir à combler, Faim à satisfaire, Un cœur généreux, Une main tendue, Une main ouverte, Des yeux attentifs, Une vie, La vie à se partager.
Paul Eluard, Le Phénix, 1951
Boris Vian.
Juste le temps de vivre
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Il a dévalé la colline Ses pieds faisaient rouler des pierres Là-haut entre les quatre murs La sirène chantait sans joie Il respirait l'odeur des arbres Il respirait de tout son corps La lumière l'accompagnait Et lui faisait danser son ombre Pourvu qu'ils me laissent le temps Il sautait à travers les herbes Il a cueilli deux feuilles jaunes Gorgées de sève et de soleil
Les canons d'acier bleu crachaient De courtes flammes de feu sec Pourvu qu'ils me laissent le temps Il est arrivé près de l'eau Il y a plongé son visage Il riait de joie il a bu Pourvu qu'ils me laissent le temps Il s'est relevé pour sauter Pourvu qu'ils me laissent le temps Une abeille de cuivre chaud L'a foudroyé sur l'autre rive Le sang et l'eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir Le temps de boire à ce ruisseau Le temps de porter à sa bouche Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps de rire aux assassins Le temps d'atteindre l'autre rive Le temps de courir vers la femme. Juste le temps de vivre.
Boris Vian, 1920-1959
Victor Hugo à nouveau
L’Aurore s’allume
- Spoiler:
L'aurore s'allume, L'ombre épaisse fuit; Le rêve et la brume Vont où va la nuit; Paupières et roses S'ouvrent demi-closes; Du réveil des choses On entend le bruit.
Tout chante et murmure, Tout parle à la fois, Fumée et verdure, Les nids et les toits; Le vent parle aux chênes, L'eau parle aux fontaines; Toutes les haleines Deviennent des voix.
Tout reprend son âme, L'enfant son hochet, Le foyer sa flamme, Le luth son archet, Folie ou démence, Dans le monde immense, Chacun recommence Ce qu'il ébauchait.
Qu'on pense ou qu'on aime, Sans cesse agité, Vers un but suprême, Tout vole emporté; L'esquif cherche un môle, L'abeille un vieux saule, La boussole un pôle, Moi la vérité.
Victor Hugo, Les Chants du Crépuscule, 1835
Et si vous avez eu le courage de tout lire, je vous dis chapeau ^^ | |
| | | Leslie Danseur de la falaise
Nombre de messages : 1487 Age : 26 Localisation : Ailleurs. Groupe : Faëlle Livre préféré : Waw... Euh... Pour commencer, tous les livres de Pierre Bottero sans exception... Et puis après, il y en a vraiment trop. Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 12:21 | |
| Eh bien figure toi que j'ai tout lu... En effet...Ils sont magnifiques et leur sens parfois caché provoquent des émotions...fortes. ( nan c'est pas le mot...) =) Ou...Il y en a un que j'aime aussi et je n'ai,la,jamais su pourquoI... - Spoiler:
Les Colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Appolinaire,Alcools
Il donne pourtant une image diabolisée de la femme,dit que l'amour est une souffrance... Mais,je ne sais pas pourquoi,j'aime ce poème... Puis,toujours de Appolinaire - Spoiler:
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Kinou... Il est original et sympa,ce poème ! Son style n'est pas commun...J'aime bien ^^! Elff ! Quelle coincidence =) ^^ Eleyra...Je te l'ai déja dit,mais j'ai adoré les poèmes que tu as mis... =) Bisx ! | |
| | | Elii' Ami de la falaise
Nombre de messages : 868 Age : 27 Localisation : La jungle des poneyciraptors Groupe : Faëlle Livre préféré : La Promesse de l'aube Date d'inscription : 27/03/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 12:42 | |
| La mort du loup... C'est un poème magnifique, je l'avais appris en primaire... Je ne sais pas si j'avais tout compris mais déjà, ça m'avait touché. Demain dès l'aube, c'est un de mes préférés de Victor Hugo, mais il y en a un autre, aussi que j'avais trouvé l'année dernière... Ah il faut que je le retrouve, il est absolument magnifique , je vous le mettrai ^^ Bon, j'essaierai de chercher un peu dans mes tiroirs des que j'aime beaucoup ^^ | |
| | | Elffeuer Candidat à l'Ahn-Ju
Nombre de messages : 513 Age : 31 Localisation : Quelque part entre la cave et les combles... Groupe : Marchombre Livre préféré : Les Tolkien, Les livres de Mr Bottero, Le Cercle des poètes disparus, Crocs-Blancs Date d'inscription : 31/12/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 14:24 | |
| Vos poèmes sont superbes...Et le tien Akino, est...déroutant
Sinon, en voici un d'Arthur Rimbaud,
Le Dormeur du Val
C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent; où le soleil, de la montagne fière Luit: c'est un petit val qui mousse de rayon.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant de le frais cresson bleu, Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme: Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. | |
| | | Narja Oeil du Navire
Nombre de messages : 955 Age : 31 Localisation : Physiquement je suis sur Terre (mouahahahaha, vous ne saurez rien de plus ^^) et psychiquement, je suis... hummm très très loin. Groupe : Haïnouk Livre préféré : Saules Aveugles et Femme endormie de Hakuri Murakami; Ellana. Date d'inscription : 22/04/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 14:41 | |
| Je n'ai jamais été une grande fan de poésie, je trouvais il y a quelques mois encore que c'étaient juste des mots lancé comme cela à qui saurait les rattrapper, qu'ils étaient vides de sens.
Lorsque j'ai commencé les Contemplations puis les CHatiments de Hugo, eh bien ces mots je me les ait pris en plein coeur.
Donc vous l'aurez deviné, mon auteur préféré est Hugo, notamment pour mélancholia. | |
| | | Eleyra Leina Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4534 Age : 32 Localisation : Llewanda Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, La Moïra, Les Royaumes du Nord Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 14:49 | |
| Le signe incontestable du grand poète, c'est l'inconscience prophétique, la troublante faculté de proférer par-dessus les hommes et le temps, des paroles inouïes dont il ignore lui-même la portée. Bloy (Léon), En voici d'autres, que j'avais vraiment envie de mettre... Demain
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Âgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille, Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu, Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore De la splendeur du jour et de tous ses présents. Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos (État de veille, 1942)
L'affiche rouge
Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
Louis Aragon
Le Déserteur
Monsieur le président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps.
Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir.
Monsieur le président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens.
C'est pas pour vous fâcher, Il faut que je vous dise, Ma décision est prise, Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né, J'ai vu mourir mon père, J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert Qu'elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers.
Quand j'étais prisonnier, On m'a volé ma femme, On m'a volé mon âme, Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin Je fermerai ma porte Au nez des années mortes, J'irai sur les chemins.
Je mendierai ma vie Sur les routes de France, De Bretagne en Provence Et je crierai aux gens:
«Refusez d'obéir, Refusez de la faire, N'allez pas à la guerre, Refusez de partir.»
S'il faut donner son sang, Allez donner le vôtre, Vous êtes bon apôtre Monsieur le président.
Si vous me poursuivez, Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer.
Boris Vian
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| | | Eejil Sage de la Famille
Nombre de messages : 1285 Age : 27 Localisation : Somewhere over the rainbow Groupe : Guide Livre préféré : L'oeil d'Otolep || Zouck Date d'inscription : 05/01/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 15:08 | |
| Ah Victpr Hugo... Au CE2 j'ai appris Demain dès l'aube... Je m'en souviens encore =) - Spoiler:
Demain dès l'aube...
Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, J'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles descendant vers Harfleur, Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe, Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Dernière édition par Eejil le Jeu 8 Déc 2011 - 19:07, édité 1 fois | |
| | | Hatchiko Gardien de la Huitième Porte
Nombre de messages : 2636 Age : 31 Localisation : L'Ailleurs. Groupe : Membre de la Famille Livre préféré : Zouck, certainement... Mais tant d'autres ! <3. Date d'inscription : 23/10/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 15:22 | |
| La Mort du Loup Tristesse de la Lune… Baudelaire… <3. Eluard… =) Hugo, bien sur… Apollinaire… Rimbaud. Boris Vian : [ Comme ses livres peuvent si… Nul ? Et ses poèmes si beaux ? (c’est mon avis, hein, je sais qu’il y en a qui aimes.)] Le Déserteur. C’est mon préféré de lui… <3. […]
Sinon, je ressort mon anthologie, pour vous donner ceux qui ne sont pas encore sortit, normalement : «La poésie est cette musique que tout homme porte en soi. » [William Shakespeare] « Un poète c’est… » Un poète C’est un être unique A des tas d’exemplaires Qui ne pense qu’en vers Et n’écrit qu’en musique Sur des sujets divers Des rouges et des verts Mais toujours magnifiques.Boris Vian Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine. Joachim Du Bellay Enfin, Prévert… <3. Pour peindre le portrait d’un oiseau. Peindre d’abord une cage Avec une porte ouverte Peindre ensuite Quelque chose de joli Quelque chose de simple Quelque chose de beau Quelque chose d’utile Pour l’oiseau Placer ensuite la toile contre un arbre Dans un jardin Dans un bois Ou dans une forêt Se cacher derrière l’arbre Sans rien dire Sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite Mais il pourrait aussi mettre de longues années Avant de se décider Ne pas se décourager Attendre Attendre s’il le faut pendant des années La vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau N’ayant aucun rapport Avec la réussite du tableau Quand l’oiseau arrive S’il arrive Observer le plus profond silence Attendre que l’oiseau entre dans la cage Et quand il est entré Fermer doucement la porte avec un pinceau Puis effacer un à un tous les barreaux En ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre En choisissant la plus belle de ses branches Pour l’oiseau Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent La poussière du soleil Et les bruits des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été Et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter Si l’oiseau ne chante pas C’est mauvais signe Signe que le tableau est mauvais Mais s’il chante c’est bon signe Signe que vous pouvez signer Alors vous arrachez tout doucement Une des plumes de l’oiseau Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. Jacques Prévert. Le chat et l’oiseau Un village écoute désolé Le chant d'un oiseau blessé C'est le seul oiseau du village Et c'est le seul chat du village Qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter Le chat cesse de ronronner Et de se lécher le museau Et le village fait à l'oiseau De merveilleuses funérailles Et le chat qui est invité Marche derrière le petit cercueil de paille Où l'oiseau mort est allongé Porté par une petite fille Qui n'arrête pas de pleurer Si j'avais su que cela te fasse tant de peine Lui dit le chat Je l'aurais mangé tout entier Et puis je t'aurais raconté Que je l'avais vu s'envoler S'envoler jusqu'au bout du monde Là-bas où c'est tellement loin Que jamais on en revient Tu aurais eu moins de chagrin Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié. Jacques Prévert. | |
| | | Elenwë Apprenti marchombre
Nombre de messages : 318 Age : 36 Localisation : L'Ilmen, la région au dessus des airs où sont les étoiles. Groupe : Marchombre Livre préféré : L'oeuvre de Tolkien, Hobb, Bottero, Pullman... Date d'inscription : 03/03/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Ven 1 Mai 2009 - 23:13 | |
| Tous magnifiques Certains vers m'ont particulièrement touchés, d'autres je les connaissais par coeur, afin de ne pas les oublier... Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure.
Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Âgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Il ne faut jamais faire les choses à moitié.
Un poème qui me suis, me poursuis depuis que je l'ai lu, il y a déjà longtemps, au collège. Les deux derniers vers prenant tour à tour différents sens, optimiste un jour, pessimiste un autre. Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ; Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux !Les Feuilles d'Automne, Livre XXXV « Soleils couchants », VI, 1831. Victor Hugo Et un poème très connu de Lamartine : Le lac - Spoiler:
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours !
" Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux.
" Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit.
" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! "
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux.
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé !
(Recueil : Méditations poétiques) Alphonse de Lamartine (1790 - 1869)
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| | | Akino Aventurier des plaines
Nombre de messages : 1546 Age : 113 Groupe : Haïnouk mais aussi Dieu Judeutongaux, double emploi que je dois remplir à la sueur du jus de tong. Date d'inscription : 24/08/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Sam 2 Mai 2009 - 13:11 | |
| J'viens de retrouver un poème de Ghérasim Luca : - Spoiler:
Ma déraison d'être
le désespoir a trois paires de jambes le désespoir a quatre paires de jambes quatre paires de jambes aériennes volcaniques absorbantes symétriques il a cinq paires de jambes cinq paires symétriques ou six paires de jambes aériennes volcaniques sept paires de jambes volcaniques le désespoir a sept et huit paires de jambes volcaniques huit paires de jambes huit paires de chaussettes huit fourchettes aériennes absorbées par les jambes il a neuf fourchettes symétriques à ses neuf paires de jambes dix paires de jambes absorbées par ses jambes c'est-à-dire onze paires de jambes absorbantes volcaniques le désespoir a douze paires de jambes douze paires de jambes il a treize paires de jambes le désespoir a quatorze paires de jambes aériennes volcaniques quinze quinze paires de jambes le désespoir a seize paires de jambes seize paires de jambes le désespoir a dix-sept paires de jambes absorbées par les jambes dix-huit paires de jambes et dix-huit paires de chaussettes il a dix-huit paires de chaussettes dans les fourchettes de ses jambes c'est-à-dire dix-neuf paires de jambes le désespoir a vingt paires de jambes le désespoir a trente paires de jambes le désespoir n'a pas de paires de jambes mais absolument pas de paires de jambes absolument pas absolument pas de jambes mais absolument pas de jambes absolument trois jambes
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| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 19:58 | |
| J'up ce topic, parce qu'il en vaut vraiment la peine... Et surtout parce que j'ai envie de vous faire partager ce poème de Boris Vian qui m'a vraiment soufflée. Je voudrais pas crever
- Spoiler:
Je voudrais pas crever Avant d'avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques Les araignées d'argent Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever Sans savoir si la lune Sous son faux air de thune A un coté pointu
Si le soleil est froid Si les quatre saisons Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé De porter une robe Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé Dans un regard d'égout Sans avoir mis mon zobe Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir Sans connaître la lèpre Ou les sept maladies Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais Ne me feraient de peine Si, si, si je savais Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a aussi Tout ce que je connais Le fond vert de la mer Où valsent les brins d'algues Sur le sable ondulé L'herbe grillée de juin La terre qui craquelle L'odeur des conifères
Et les baisers de celle Que ceci, que cela La belle que voilà Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever Avant d'avoir usé Sa bouche avec ma bouche Son corps avec mes mains Le reste avec mes yeux J'en dis pas plus, faut bien Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir Sans qu'on ait inventé Les roses éternelles La journée de deux heures
La mer à la montagne La montagne à la mer La fin de la douleur Les journaux en couleur
Tous les enfants contents Et tant de trucs encore Qui dorment dans les crânes Des géniaux ingénieurs Des jardiniers joviaux Des soucieux socialistes Des urbains urbanistes Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir Àvoir et à entendre Tant de temps à attendre À chercher dans le noir
Et moi, je vois la fin Qui grouille et qui s'amène Avec sa gueule moche Et qui m'ouvre ses bras De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever Non, monsieur; non, madame Avant d'avoir tâté Le goût qui me tourmente Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever Avant d'avoir goûté La saveur de la mort... Boris Vian
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| | | Amelia Apprenti marchombre
Nombre de messages : 343 Age : 30 Localisation : Entre le Pays Faël, Kur N'Raï et la Forêt Maison... Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte Des Marchombres (Ellana, Ellana l'Envol, Ellana la Prophétie) et La Quête d'Ewilan et Les Mondes d'Ewilan (tous les tomes ^^), le Guerrier Pacifique, Le Livre du Voyage et puis... la Bible =) Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: re : Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 20:20 | |
| Waow... C'est beau... voici un poème que j'aime beaucoup qui parle d'un village ravagé pendant la guerre, je sais pas si quelqu'un l'a déjà mis... - Spoiler:
Oradour n'a plus de femmes Oradour n'a plus un homme Oradour n'a plus de feuilles Oradour n'a plus de pierres Oradour n'a plus d'église Oradour n'a plus d'enfants
Plus de fumée plus de rires Plus de toîts plus de greniers Plus de meules plus d'amour Plus de vin plus de chansons.
Oradour, j'ai peur d'entendre Oradour, je n'ose pas Approcher de tes blessures De ton sang de tes ruines, je ne peux je ne peux pas Voir ni entendre ton nom.
Oradour je crie et hurle Chaquefois qu'un coeur éclate Sous les coups des assassins Une tête épouvantée Deux yeux larges deux yeux rouges Deux yeux graves deux yeux grands Comme la nuit la folie Deux yeux de petits enfants: Ils ne me quitteront pas.
Oradour je n'ose plus Lire ou prononcer ton nom.
Oradour honte des hommes Oradour honte éternelle Nos coeurs ne s'apaiseront Que par la pire vengeance Haine et honte pour toujours.
Oradour n'a plus de forme Oradour, femmes ni hommes Oradour n'a plus d'enfants Oradour n'a plus de feuilles Oradour n'a plus d'église Plus de fumées plus de filles Plus de soirs ni de matins Plus de pleurs ni de chansons.
Oradour n'est plus qu'un cri Et c'est bien la pire offense Au village qui vivait Et c'est bien la pire honte Que de n'être plus qu'un cri, Nom de la haine des hommes Nom de la honte des hommes Le nom de notre vengeance Qu'à travers toutes nos terres On écoute en frissonnant, Une bouche sans personne, Qui hurle pour tous les temps.
Jean Tardieu, Oradour
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| | | Aethera Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4263 Age : 31 Localisation : Sur ma route (ouais, il y a eu du mouv', ouais) Groupe : Marchombre Livre préféré : Vrac d'auteurs : Bottero, Damasio, Ayerdhal, Squarzoni, Chedid, Bobin, Giono, Le Guillou, Sous-commandant Marcos... Date d'inscription : 13/04/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 20:35 | |
| Je le connaissais. Il est terriblement magnifique... Comme beaucoup de poèmes de la Résistance. Je pense notamment au poème Liberté de Paul Eluard... Je crois que quelqu'un l'a déjà mis. Peut-être pas dans ce topic, mais dans celui des citations... Rôh, allez, je le reposte quand même. Liberté - Spoiler:
Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom
Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises Sur les lèvres attentives Bien au-dessus du silence J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom
Sur l'absence sans désirs Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'écris ton nom
Sur la santé revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard, 1942.
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| | | Amelia Apprenti marchombre
Nombre de messages : 343 Age : 30 Localisation : Entre le Pays Faël, Kur N'Raï et la Forêt Maison... Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte Des Marchombres (Ellana, Ellana l'Envol, Ellana la Prophétie) et La Quête d'Ewilan et Les Mondes d'Ewilan (tous les tomes ^^), le Guerrier Pacifique, Le Livre du Voyage et puis... la Bible =) Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: re : Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 20:39 | |
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| | | Lya Arpenteur de la Voie
Nombre de messages : 172 Age : 31 Localisation : En équilibre sur le fil de la vie Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, L'autre, La Moïra, Les royaumes du Nord, Azilis, etc Date d'inscription : 04/06/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 20:47 | |
| Liberté... Souvenir souvenir... le primaire... Un poème magnifique. Un que j'ai étudié cette année et que j'aime beaucoup, de Denis Péan Sur des carnets nus- Spoiler:
Sur des carnets nus j'écris quelques clefs de l'histoire des odeurs de bal, l'accordéon gitan au coeur des pauvres gens. Sur des carnets nus je retrace le roman d'aujourd'hui avec les cendres d'hier et les reflets de demain. Laisse ces lignes à leur peine, au grand chaos de leur rêve, à l'espoir insoumis qui se prend dans leurs ailes. Sur des carnets nus j'écris l'histoire des damnés, des orphelins, des éclopés de Trench town; de Marcel-la-colère s'embarquant à Saint-Nazaire sur "Le frère des côtes" pour les campagnes du Nord. Sur des carnets nus je dessine avec les plumes de mes ailes quand Carmen dort sur un lit de vielle chansons russes un soir de lune rousse. Au pied des buildings de Vancouver un soir en Colombie britannique j'ai appris comment se dit nostalgie dans la langue persane. Laisse ces lignes à leur peine, au grand fracas de leur rêve, à l'amour accompli dans le chant de leurs veines. Musée la Parole, Sur des carnets nus, Denis Péan.
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| | | Amelia Apprenti marchombre
Nombre de messages : 343 Age : 30 Localisation : Entre le Pays Faël, Kur N'Raï et la Forêt Maison... Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte Des Marchombres (Ellana, Ellana l'Envol, Ellana la Prophétie) et La Quête d'Ewilan et Les Mondes d'Ewilan (tous les tomes ^^), le Guerrier Pacifique, Le Livre du Voyage et puis... la Bible =) Date d'inscription : 12/04/2009
| Sujet: re : Vos poètes et poèmes préférés Mer 15 Juil 2009 - 20:52 | |
| C'est beau, Lya, c'est beau... | |
| | | Keriss Malgwen Maître Marchombre
Nombre de messages : 1135 Age : 28 Groupe : Marchombre. Livre préféré : Ellana. Zouck. Date d'inscription : 10/11/2007
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Jeu 16 Juil 2009 - 17:45 | |
| Ce poème d'Eluard... <3. Un poème de Prévert, que j'avais du apprendre par coeur en primaire. Ca rappelle des souvenirs... - Spoiler:
Pour faire le portrait d'un oiseau
Pour faire le portrait d'un oiseau Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte. Peindre ensuite quelque chose de joli, quelque chose de simple, quelque chose de beau, quelque chose d'utile, pour l'oiseau. Placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin, dans un bois, ou dans une forêt. Se cacher derrière l'arbre sans rien dire, sans bouger... Parfois l'oiseau arrive vite mais il peut aussi mettre de longues années avant de se décider. Ne pas se décourager, attendre, attendre s'il le faut pendant des années. La vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau n'ayant aucun rapport avec la réussite du tableau. Quand l'oiseau arrive, s'il arrive, observer le plus profond silence attendre que l'oiseau entre dans la cage et quand il est entré, fermer doucement la porte avec le pinceau. Puis effacer un à un tous les barreaux en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau. Faire ensuite le portrait de l'arbre en choisissant la plus belle de ses branches pour l'oiseau. Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent, la poussière du soleil, et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été, et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter. Si l'oiseau ne chante pas C'est mauvais signe, signe que le tableau est mauvais. Mais s'il chante c'est bon signe signe que vous pouvez signer. Alors vous arrachez tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. Jacques Prévert La voix, de Robert Desnos. LA VOIX
Une voix, une voix qui vient de si loin Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles, Une voix, comme un tambour, voilée Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous. Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau Elle ne parle que d'été et de printemps. Elle emplit le corps de joie, Elle allume aux lèvres le sourire. Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine Qui traverse les fracas de la vie et des batailles, L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages. Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ? Elle dit "La peine sera de courte durée" Elle dit "La belle saison est proche." Ne l'entendez-vous pas ? | |
| | | Elffeuer Candidat à l'Ahn-Ju
Nombre de messages : 513 Age : 31 Localisation : Quelque part entre la cave et les combles... Groupe : Marchombre Livre préféré : Les Tolkien, Les livres de Mr Bottero, Le Cercle des poètes disparus, Crocs-Blancs Date d'inscription : 31/12/2008
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Jeu 16 Juil 2009 - 19:50 | |
| Poème de Rudyard Kipling (en anglais)
- Spoiler:
IF
If you can keep your head when all about you Are losing theirs and blaming it on you, If you can trust yourself when all men doubt you, But make allowance for their doubting too; If you can wait and not be tired by waiting, Or being lied about, don't deal in lies, Or being hated, don't give way to hating, And yet don't look too good, nor talk too wise:
If you can dream - and not make dreams your master; If you can think - and not make thoughts your aim; If you can meet with Triumph and Disaster And treat those two impostors just the same; If you can bear to hear the truth you've spoken Twisted by knaves to make a trap for fools, Or watch the things you gave your life to, broken, And stoop and build 'em up with worn-out tools:
If you can make one heap of all your winnings And risk it on one turn of pitch-and-toss, And lose, and start again at your beginnings And never breathe a word about your loss; If you can force your heart and nerve and sinew To serve your turn long after they are gone, And so hold on when there is nothing in you Except the Will which says to them: 'Hold on!'
If you can talk with crowds and keep your virtue, ' Or walk with Kings - nor lose the common touch, if neither foes nor loving friends can hurt you, If all men count with you, but none too much; If you can fill the unforgiving minute With sixty seconds' worth of distance run, Yours is the Earth and everything that's in it, And - which is more - you'll be a Man, my son!
Rudyard Kipling
Et sa version traduite...
- Spoiler:
SI
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et, sans dire un seul mot te remettre à rebâtir Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir, Si tu peux être amant sans être fou d'amour Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter les sots Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d'un mot, Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous les amis en frères Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi;
Si tu sais méditer, observer et connaître, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître Penser, sans n'être qu'un penseur, Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu peux être bon, si tu sais être sage, Sans être moral ni pédant;
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres la perdront, Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire, Tu seras un homme, mon fils.
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| | | Mira Arpenteur de la Voie
Nombre de messages : 180 Age : 28 Localisation : Les Yvelines, mais plus souvent dans mes rêves. Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte des Marchombres. Date d'inscription : 09/02/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Sam 18 Juil 2009 - 14:56 | |
| Anthem for doomed youth de Wilfred Owen - Spoiler:
What passing bells for these who die as cattle? Only the monstrous anger of the guns. Only the stuttering rifles' rapid rattle Can patter out their hasty orisons. No mockeries now for them; no prayers nor bells; Nor any voice of mourning save the choirs, The shrill, demented choirs of wailing shells; And bugles calling for them from sad shires. What candles may be held to speed them all? Not in the hands of boys, but in their eyes Shall shine the holy glimmers of good-byes. The pallor of girls' brows shall be their pall; Their flowers the tenderness of patient minds, And each slow dusk a drawing-down of blinds
Dsl, j'ai pas trouve la traduction. A chaque fois que je les lis... c'est triste. Et beau.... Un autre poeme en anglais que j'aime, mais je ne sais pas pourquoi. The Highwayman. Mais comme il est tres long et que je n'ai pas la traduction... Vos poemes Chanson d'Automne; le temps de vivre La voix Liberte | |
| | | Keriss Malgwen Maître Marchombre
Nombre de messages : 1135 Age : 28 Groupe : Marchombre. Livre préféré : Ellana. Zouck. Date d'inscription : 10/11/2007
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Dim 23 Aoû 2009 - 15:27 | |
| La Lune blanche.
La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée... Ô bien-aimée. L’étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir
Où le vent pleure... Rêvons, c’est l’heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l’astre irise... C’est l’heure exquise. Paul Verlaine. Et je voulais aussi parler d'un livre de poèmes que j'ai découvert il n'y a pas longtemps, je ne l'ai plus sous la main, mais j'en ai recopié des extraits. Les poèmes sont écrits par une jeune fille, entre ses dix-sept et ses vingts ans, âge de sa mort. La plupart sont en proses, quelques uns en rimes. - Spoiler:
« Où est la magie des regards qui façonnent l’insaisissable ? On a bâillonné le rire du ciel entre les feuillages et trop de boue sépare les âmes. » « Il y aura si grand vent ce jour-là que des bribes de mer viendront effleurer nos visages
Et les rires glisseront comme des silences Sur le contour des secondes Qu’on aura déchirées Pour que toutes tiennent dans nos regards
Nous marcherons longtemps Jusqu’à ce point éclaboussé de ciel Où s’abolit le temps. » « Je vous ai vu […] Vous souteniez son exsangue douleur Semée de cicatrices Qui comme ses paupières de mauve cerclées Refusaient de s’ouvrir De se faner, de naître, de mourir. Elle avait au coin des lèvres L’ombre des chères grands bonheurs disparus Votre captive. Même les murs se détournaient De son visage bouleversé Mais vous lentement dans son dos vous enfonciez Un fin poignard d’or et d’argent. » « Sur le cercueil verni un enfant a jeté Un bouquet d’anémones, un bouquet d’années mortes
Très droit, le regard fixe et sans se retourner Et sans tomber non plus il a gagné la porte
Sorti du cimetière il a grandi quand même Il est beau à présent, et il est funambule
Et il aime la mer et plus encore il aime Ces anémones-là couleur de libellules. » « Mémoire ô mime fou j’ai mal Tes mains sont des poignards Qui dansent dans mes jours et lacèrent mes heures Soudain j’ai l’âge fracassé des morts. » « Une chose Ecrire A la lueur des fronts blessés Des regards sans passé qui ceignent l’horizon Détachés de tout lieu Plus purs d’être sans voix Ecrire Sur l’onde désunir l’amour et la douleur Parcourir les planètes et rehausser le temps Conjuguer les lumières Les ferveurs Ecrire Célébrer enfin les fatigues insoumises. » « Tu as fait dans mes yeux tant de nœuds Avec le fil de l’eau Avec le fil des jours Que je vais détachée de tout monde Ton absence roule en moi comme roule un cri lourd Le long du vent Je ne me souviens pas j’imagine Tu marchais vers l’enfance promise Où l’oiseau a des ailes pour aimer la lumière Uniquement Tu marchais le vent avait la fièvre Je marchais sous la terre tu ne me voyais pas J’aurais voulu mourir de la fièvre du vent Devenu roi doux et lent Je n’imagine rien tu voyages en mon encre Libre d’être bûcher Entouré d’eau fuyante » « A l'écho de ton rire D'autres rires Font écho Je regarde partir Vers un lointain tombeau Nos heures enchantées Et tes mines de reine Et tes gestes déliés Ô ma vive sirène Ne comptez pas sur moi Pour verser une larme Quand le silence aboie Pour ne plus voir les charmes Des saisons et des êtres Des bâteaux bleus chargés De songes beaux peut-être D'épaves laminés Par la mer et la mort Par ces gouffres arqués Où souvent je m'endors Quand les vent sont tombés Les vents de la douleur Que je respire seule Car tu as grande horreur Des trops béantes gueules De ces oiseaux qui portent Et qui lancent au ciel Des plaintes bien plus mortes Que sont mortes les belles Pleurées par leurs amants Et que sont morts tes rires Emportés par les vents Voilà pour tout te dire. » Fabienne Dion.
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| | | Perrin Al'Tear Ami de la falaise
Nombre de messages : 863 Age : 255 Localisation : Neverland Groupe : Faël Livre préféré : Tolkien, Robin Hobb, George R. R. Martin, Greg Keyes, Tad Williams Date d'inscription : 29/06/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Dim 23 Aoû 2009 - 19:38 | |
| Je vois que c'est un très beau sujet dont on ouvre les portes... J'espère qu'il restera pur de par ses mots vierges de commentaires. J'ouvre à ces instants les voiles sur un texte très émouvant... Un de ces vieux poèmes d'antan..
1er janvier
Enfant, on vous dira plus tard que le grand-père Vous adorait ; qu'il fit de son mieux sur la terre, Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux, Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux, Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses, Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses ; Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément ; Que, dans l'hiver fameux du grand bombardement, Il traversait Paris tragique et plein d'épées, Pour vous porter des tas de jouets, des poupées, Et des pantins faisant mille gestes bouffons ; Et vous serez pensifs sous les arbres profonds.
« 1er Janvier », Victor Hugo, Toute la Lyre | |
| | | Jilian Arpenteur de la Voie
Nombre de messages : 207 Age : 30 Localisation : Un monde d'évasion Groupe : Marchombre. Livre préféré : Aucun, il y en a tellement! Date d'inscription : 18/08/2009
| Sujet: Re: Vos poètes et poèmes préférés Dim 23 Aoû 2009 - 20:01 | |
| Souvenir souvenir de ma primaire:
Le Cancre
Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu'il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur Poème d'Eluard
Il me rapelle tant de chose et il dit tant de choses. Il explique tout simplement la Liberté. Il me rappelle être marchombre. | |
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