La Voie des Marchombres Forum de réflexion consacré aux Marchombres et aux livres de Pierre Bottero... |
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+3Len Liv' Taga Eleyra Leina Ipiutiminelle 7 participants | Auteur | Message |
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Ipiutiminelle Membre du Conseil - Modo
Nombre de messages : 3147 Age : 38 Localisation : Tol Eressëa, As-Coron, Imre... Groupe : Marchombre Livre préféré : Tolkien, Pierre, Pauline, Timothée, Léa Silhol, Patrick Rothfuss, Alain Damasio... Date d'inscription : 01/12/2008
| | | | Eleyra Leina Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4534 Age : 32 Localisation : Llewanda Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, La Moïra, Les Royaumes du Nord Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: Passages préférés Dim 13 Sep 2009 - 18:20 | |
| Pages 109-110 - Spoiler:
Ses doigts saisirent alors la chaîne qu’il portait autour du cou et il tira le médaillon de son col. Se fut comme si le soleil s’éteignait. Une aura ténébreuse pulsant autour du bijou engloba le prêtre dans son halo et tendit des tentacules de noirceur dans toutes les directions. Le monde parut soudain froid et sombre. Privé d’espoir. Puis la nuit s’évanouit… … contenue dans le poing de l’Ahmourlaï qui s’était refermé sur le médaillon. Tendu vers la porte. – Casse ! La porte explosa. Ses débris s’abattirent à des centaines de mètres à la ronde, provoquant une panique terrible parmi les Hurindites qui se dispersèrent. L’Ahmourlaï leva le bras pour lever le signal de l’attaque à l’armée valinguite. Son geste resta figé à mi-course. Une herse d’un acier si brillant qu’il paraissait lumineux venait d’apparaître là où s’était trouvée la porte. Derrière la herse, une jeune fille, seule au centre de l’esplanade, le défiait du regard. Un regard d’un violet infini.
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La fille ! Celle que, justement, SarAhmour exigeait qu’on lui ramène. Darkhan Ruin se précipita. Il arrivait sur sa proie lorsqu’un homme se laissa tomber devant lui du haut d’un parapet et lui barra le passage. Un homme qui ne portait pas d’armure, mais de simples vêtements de cuir sombre. Un homme qui ne tenait pas d’arme à la main. Un fou. Le Valinguite abattit son épée. Plus vif qu’un serpent, l’homme évita le coup qui aurait dû lui trancher la tête et, dans le même mouvement, frappa du poing. Une fois. A la hauteur du plexus solaire. Darkhan Ruin fut projeté en arrière comme s’il avait heurté un mur. Le souffle coupé, il lui fallut un instant pour reprendre ses esprits. Lorsqu’il y parvint, un rictus de haine se peignit sur son visage. Il empoigna son épée à deux mains. – Tu vas mourir, larve d’Hurindite, cracha-t-il. Le sabre d’Edwin chuinta en quittant son fourreau. Pages 283-284 - Spoiler:
Edwin se mettait rarement en colère et lorsque c’était le cas, il était effrayant. Siam, pourtant peu impressionnable, recula d’un pas. – Où places-tu l’honneur de ton peuple, Frontalière ? poursuivit Edwin en martelant chacun de ses mots. Les Valinguites sont nos ennemis. Ils cherchent à invoquer un démon afin de dominer le monde. Ils ont prévu de nous éliminer demain et toi tu batifoles comme une gamine et t’amouraches l’un des leurs ? – Yalissan Fiyr est le maître d’armes du roi. Je ne… – Tais-toi ! L’ordre d’Edwin avait claqué. Si absolu qu’Ewilan crut y retrouver l’intonation d’Illian utilisant son Don. Siam se figea. – Tu es une guerrière des Marches du Nord, reprit Edwin d’une voix glaciale. Fille d’Hander Til’ Illan, qui ne le cède en importance dans l’Empire de Gwendalavir qu’à Sil’ Afian en personne. Tu es responsable de ce groupe au même titre que moi et j’ai honte. J’ai honte, car tu as piétiné ton honneur et terni celui des tiens. Aussi ne renouvellerai-je pas cette mise en garde. Choisis ton camp ! Maintenant ! Sian était devenue blanche comme neige. Un tremblement nerveux agitait une de ses paupières et sa poitrine se soulevait avec peine. Tournant le dos à ses compagnons, elle s’éloigna à pas lents jusqu’au fond du patio. Là, elle posa ses mains sur le mur et, le front entre les mains, se tint immobile. Longtemps. Personne ne parlait, trop conscient de la tempête qui faisait rage sous son crâne pour risquer de la gêner alors qu’elle tentait de la dominer. Mathieu, le souffle court, la dévorait du regard. Jamais il ne l’avait autant aimée qu’à cet instant. Siam revint enfin vers ses amis, tête baissée. Elle la releva pour plonger ses yeux dans ceux de son frère puis tira son sabre. Un geste maladroit, hésitant, loin de sa brillance habituelle. Elle le tendit à Edwin. – Ta honte est la mienne. Je regrette et je m’en remets à ton jugement. Ses mots, empreints d’émotion, avaient paru lui arracher le cœur mais elle les avait pesés et en assurait la portée. Elle tressaillit lorsqu’Edwin repoussa sa main avec douceur. – Garde ta lame, Siam, nous aurons besoin d’elle demain. Tu es ma sœur. Ne trébuche plus.
Pages 299-301 - Spoiler:
– Il est pour moi. Ellana s’était exprimée d’une voix sans appel. Joignant le geste à la parole, elle s’élança. Edwin esquissa un mouvement pour la retenir, mais la marchombre fut trop rapide, même pour les prodigieux réflexes du maître d’armes. Sa longue tresse noire battant ses épaules, ses muscles fins jouant à la perfection sous ses vêtements de cuir, elle fonça droit sur le monstre. Le coureur marqua une hésitation devant l’attitude inhabituelle de ce gibier. Il était toutefois trop stupide pour abandonner une tactique qui avait toujours porté ses fruits. Il reprit sa course. Ses foulées impressionnantes soulevaient des gerbes de sable, ses crocs étincelaient au soleil, offrant aux spectateurs une parfaite image de la mort en marche. Arrivé à une dizaine de mètres d’Ellana, il bondit. Un saut impressionnant, calculé au centimètre près. Mortel. La marchombre sauta plus haut que lui. Son corps se tendit vers le ciel, s’arqua pour décrire une courbe idéale avant de virevolter et de passer au ras de la tête du coureur. Elle retomba à califourchon sur son dos, enserra son ventre de ses cuisses, saisit son cou. Avant que l’animal ait réalisé qu’il venait de passer du statut de prédateur à celui de proie, les griffes de la marchombre avaient jailli. D’un seul mouvement fluide et implacable, l’acier brillant trancha la grosse artère sous le duvet et l’épaisse couche de peau. Un torrent écarlate bouillonna. Le monstre courut encore sur quelques mètres puis ses pattes cédèrent et il s’effondra, creusant dans le sable une large ornière qui, très vite, se remplit de sang. Ellana relâcha sa prise et mit pied à terre. Elle rétracta ses lames et regarda le coureur agiter trois fois ses ailes ridicules avant qu’un ultime sursaut ne le terrasse. Elle se tourna alors vers les gradins, posa un pied sur le cadavre du tueur, et défia trente mille Valinguites du menton et de regard. Une ovation phénoménale répondit à sa provocation. La marchombre la reçut comme un dû, sans qu’aucune émotion n’apparaisse sur son visage puis, d’un pas tranquille, elle rejoignit ses compagnons. Edwin s’avança vers elle. Ses amis l’avaient vu trembler tout au long du formidable exploit accompli par Ellana. Ils savaient qu’il était bouleversé, comme ils savaient que le maître d’armes, incapable d’exprimer ses sentiments en public, allait se contenter d’un mot ou d’un simple effleurement… Ellana en décida autrement. Elle l’attrapa par la nuque et plaqua sa bouche contre la sienne. Sauvagement. Après un infime temps de surprise, il lui rendit son baiser avec fougue sous les applaudissements de la foule avide de sensations.
Pages 316-317 - Spoiler:
Dès le premier cliquetis des lames s’entrechoquant, Mathieu comprit qu’il n’avait aucune chance ? Strictement aucune. Yalissan Fiyr était plus fort que lui. À un point qu’il n’aurait pas jugé imaginable. Il joua pourtant le tout pour le tout, attaquant avec une énergie décuplée par sa rage et sa frustration. Yalissan Fiyr contint son assaut sans difficulté et porta une estocade. Une seule. Son épée s’enfonça jusqu’à la garde dans la poitrine de Mathieu. Etonnement, d’abord. Puis douleur. Atroce. Déchirante. Drainant force et volonté. Mathieu lâcha son épée et bascula en arrière, tandis que sa tunique s’imbibait de sang. Sa vue se voila. Il voulut parler, proférer une dernière malédiction, un liquide poisseux et salé monta à ses lèvres, le faisant s’étouffer. – Ça va aller, ne t’inquiète pas. Une silhouette s’était jetée à genoux dans le sable, près de lui. Des mains calmes et chaudes se posèrent sur son cœur. Artis. – Ôte-toi de là, ce combat n’est pas le tien. Ignorant la menace de Yalissan Fiyr dressé près de lui, Artis Valpierre commença à dérouler son rêve. – Ôte-toi de là ! Je ne le répèterai pas. Sous les doigts experts du rêveur, artères sectionnées et organes perforés vibrèrent, retrouvant peu à peu leur intégrité. – Ôte-toi de là, pauvre fou ! Mathieu sentit la mort s’éloigner. Doucement. Comme à regret. Sa respiration se libéra, l’air entra à nouveau dans ses poumons. Artis le prit dans ses bras. – N’oublies pas d’être heureux, lui murmura-t-il à l’oreille. Puis son corps, soudain, se fit lourd. Son souffle se figea. Il ne bougea plus. L’épée de Yalissan Fiyr fichée dans la nuque.
Page 323 - Spoiler:
Edwin et Yalissan Fiyr s’observaient. L’un et l’autre conscients qu’ils rencontraient pour la première fois un adversaire à leur mesure. L’un et l’autre conscient que leur vie entière les avait guidés vers cette rencontre. L’un et l’autre conscients qu’un seul lui survivrait. Ils s’élancèrent. Si rapides que leurs mouvements semblèrent irréels, ils se croisèrent comme deux courants d’énergie. Siam chercha son sabre des yeux. Renonça. L’affrontement était déjà fini. Edwin tituba, lâcha son épée pour presser ses bras contre son abdomen d’où jaillissait une fontaine de sang. Immobile, Yalissan Fiyr le regardait, un sourire étonné sur les lèvres, puis, doucement, il bascula en arrière. Sa tête roula jusqu’aux pieds d’Artis.
Pages 331-332. - Spoiler:
Bjorn se baisse. Le coup passe à un centimètre de sa tête. Il doit agir maintenant. Il est épuisé. Il perd son sang par mille blessures. Il sait qu’il n’aura pas d’autre occasion. Rassemblant ses dernières forces, il soulève sa hache si lourde, l’abat avec un grognement animal. La monstrueuse lame se fiche dans la poitrine du Géant qui part en arrière. S’écroule. Meurt. Comme ses trois frères. Bjorn sent sa volonté qui s’évanouit. Sa vie qui s’enfuit. Pourtant, malgré la souffrance, malgré le noir qui approche, une vague de fierté déferle sur lui. Une vague de bonheur. Il a réussi. Son nom ne sera jamais oublié. Il plante son arme dans le sable de l’arène, place ses mains sur l’extrémité du manche et son menton sur ses mains. Un chevalier ne repose pas au milieu des créatures du mal. Il sourit. Ferme les yeux.
Pages 341-342 - Spoiler:
Sans se soucier de l’effroyable pression qui s’exerçait sur son torse, l’homme-lige banda son incroyable musculature et, lentement, souleva le guerrier noir. Stupéfaits, ses amis alaviriens le virent équilibrer son fardeau et se mettre en marche alors qu’une grêle de coups capables de défoncer un mur d’acier s’abattait sur sa tête, son dos, ses épaules. Maniel ne broncha pas. Ce ne fut que lorsqu’il s’approcha du cratère fumant ouvert dans l’arène qu’Ewilan comprit. – Non, hurla-t-elle. Maniel s’arrêta une seconde au bord du gouffre. Il tourna la tête vers elle comme pour graver son image dans sa mémoire et lui sourit. Puis il fit un pas en avant. Ewilan se jeta à plat ventre au bord du cratère dont le fond bouillonnait comme le cœur d’un volcan, dégageant une chaleur insoutenable. Il n’y avait plus trace du guerrier noir. Ni de Maniel. Un brutal sanglot secoua Ewilan et des larmes douloureuses ruisselèrent sur ses joues. Elle ne sentit pas des bras qui l’entraînaient ni les mots réconfortants qu’on lui prodiguait. Seule une voix réussit à s’immiscer en elle. Pareille à un rêve. « On a toujours le choix, Ewilan. »
Pages 346-347 - Spoiler:
Ewilan n’écoutait plus. La dernière pièce du puzzle se mettait en place dans son esprit. Chacune des paroles énigmatiques qu’elle avait entendues tout au long de son parcours prit soudain un sens. Bjorn était mourant, seul un rêveur était capable de le sauver. Il fallait l’emmener d’urgence auprès d’une confrérie grâce à un pas sur le côté. Mathieu aurait pu s’en charger, mais Ahmour bloquait les Spires. Sauver Bjorn. Détruire Ahmour. « Ce pendentif monstrueux est la clé que tu cherches, jeune humaine. Le seul moyen de combattre ton ennemi. » La véritable nature du médaillon devint limpide. Comme devint évidente la manière de l’utiliser. Ewilan réalisa au même instant qu’elle savait tout cela depuis longtemps. Elle avait juste laissé sa peur l’aveugler. « Tu resteras à jamais dans la mémoire des tiens comme celle qui a vaincu le démon. » Quelqu’un devait transporter le médaillon dans l’Imagination. Le transporter physiquement. Et, grâce à l’Œil d’Otolep, elle était la seule à posséder ce pouvoir. « Ta vie sera plus courte encore, pareille à une étoile filante… » La seule qui devait… … se sacrifier ! Cette pensée lui donna le vertige. Il lui restait encore tant de choses à vivre, tant d’amour à donner. À recevoir… « On a toujours le choix, Ewilan. Il suffit de faire le bon. » Ewilan recula de trois pas et leva la tête vers le ciel. – Je suis prête ! hurla-t-elle. Les nuages noirs se déchirèrent. Une forme titanesque s’abattit sur l’arène, ne déployant ses ailes immenses qu’au dernier moment pour un atterrissage impressionnant de puissance et de délicatesse. – Alors je suis prêt aussi, émit le Dragon.
Page 365 - Spoiler:
Éléa Ril’ Morienval leur jeta un dernier coup d’œil méprisant et se détourna en faisant voltiger ses voiles noirs. Elle s’éloigna à pas lents en direction du cratère et s’arrêta pour contempler ses profondeurs encore rougeoyantes. – Dommage, fit-elle. C’était un beau jouet. Ne vous méprenez pas, j’en trouverai un autre. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi… Elle pivota, se dirigea vers la porte dérobée. – Tombe ! L’ordre n’avait été qu’un murmure. À peine plus qu’un souffle. Éléa Ril’ Morienval vacilla. Elle battit deux fois des bras, jeta un regard surpris sur les Alaviriens immobiles puis le sable de l’arène s’effrita sous ses pieds. Elle bascula dans le vide. Sans un cri. Illian raffermit sa prise sur les doigts d’Ewilan.
Pages 372-376 - Spoiler:
– Voilà ce que nous allons faire, commença-t-il. Il n’eut pas la possibilité d’expliquer son plan. La porte de la salle explosa, des cordes surgirent du néant, le ligotant à son fauteuil tandis qu’un bâillon se matérialisait devant sa bouche, l’empêchant d’utiliser son Don. Avant qu’ils aient pu bouger, ses officiers subirent le même sort. L’état-major de Valingaï au grand complet avait été réduit à l’impuissance en moins d’une seconde ! Deux alaviriens, Duom Nil’ Erg et le jeune Salim, entrèrent et se campèrent devant KaterÂl. – Votre Majesté, fit le vieil analyste en inclinant la tête. Veuillez pardonnez cette intrusion peu protocolaire, mais nous n’avions ni le temps, ni la possibilité de solliciter une audience. KaterÂl émit un borborygme qui fit sourire Salim et laissa maître Duom de marbre. – Je vous remercie de m’accorder ce temps de parole, reprit-il. Nous quittons votre accueillant royaume et il aurait été inconvenant de ne pas vous saluer une dernière fois. Je souhaitais également m’assurer que vous ne sous-estimiez pas Gwendalavir et ses habitants. Je vais donc abuser de votre bienveillance et dresser un rapide bilan de notre passage dans votre riante cité. L’arène est détruite. Totalement. Le culte d’Ahmour, faute de prêtres et de démon à adorer, est désormais obsolète. Une bonne partie de vos jouets, j’entends par là Géants, coureurs, maîtres d’armes et autre Saigneur, sont hors service, la plupart de manière définitive. Je passe sur les soldats que nous avons dû enfoncer dans la roche pour éviter qu’ils ne se blessent et sur ceux qui sont devenus fous en apercevant notre vieil ami le Dragon venu nous rendre visite. L’analyste pencha la tête vers le roi et fit mine d’écouter avec attention. – Décidément, votre Majesté est trop bonne ! s’exclama-t-il. Bonne et prudente. Elle fait preuve d’une grande sagesse en renonçant à une quelconque action belliqueuse contre Gwendalavir. Comment ? Vous allez plus loin ? Vous renoncez à vous approcher à moins de mille kilomètres de l’Empire ? Ce n’est plus de la sagesse, Majesté, c’est de la clairvoyance divine. Le regard de KaterÂl, d’abord furibond, était devenu angoissé. Il aurait donné la moitié de son royaume pour être délivré du vieux fou qui le tourmentait, mais le vieux fou n’en avait pas fini avec lui. – Il faudrait entériner cet accord de manière officielle, cependant vous paraissez fatigué et je craindrais de dépasser les limites de la bienséance en vous demandant une signature sur un bout de papier. Que faire ? Il jeta un coup d’œil circulaire puis se frappa le front d’un geste théâtral. – Je sais ! Salim, en guise de ratification, plante une flèche dans cette vilaine décoration là-bas au fond. Cela constituera un merveilleux souvenir pour notre hôte, doublé, je l’espère, d’un avertissement efficace. Il montrait l’effrayante effigie d’Ahmour qui se dressait contre un mur, une statue haute de trois mètres sculptée dans un granit sombre et froid. Salim, qui avait suivi le monologue en se délectant de chacun des mots prononcés par le vieil analyste, haussa les sourcils. – Ce serait avec plaisir, mais… je n’ai pas d’arc… – Voyons, mon ami, depuis quand nous autres Alaviriens avons besoin d’un arc pour décocher un trait ? Une flèche, Salim. Maintenant ! Sous le ton badin, l’ordre était sans équivoque. Son cerveau tournant à pleine allure pour deviner comment l’analyste était au courant de l’existence du gant, Salim obtempéra. Il tendit le bras gauche, amena une corde invisible jusqu’à sa pommette, ouvrit les doigts… Une flèche noire jaillit du néant, frôla la tête de KaterÂl et traversa la pièce en sifflant. Là où une autre se serait brisée, elle se ficha avec un bruit mal dans le cœur de la statue. – Joli tir, apprécia maître Duom. Puis il se pencha sur KaterÂl et le saisit au collet. Toute trace d’humour avait disparu de son visage et sa voix, lorsqu’il parla, était aussi froide que la mort. – Vous ne possédiez qu’une chance infime de nuire à Gwendalavir et cette chance vous ne l’avez plus. Nous avons renvoyé votre démon chez lui. Tentez la moindre action contre l’Empire et, lorsque nous en aurons fini avec vous, il ne restera de votre cité que des ruines et de votre peuple que des cadavres ! Le vieil analyste se redressa, ses traits redevinrent débonnaires. – Allons-y maintenant, nous ne devons pas abuser du temps et de la patience du monarque de Valingaï. Salim, presque aussi stupéfait que les Valinguites, lui emboîta le pas alors qu’il sortait avec dignité. Lorsqu’ils furent dans le couloir, il lui saisit le bras. – Je… je… Comment saviez-vous pour l’arc… euh… pour le gant ? Maître Duom lui retourna un sourire éclatant. – Je suis analyste, bonhomme, et je suis vieux. Deux qualités essentielles pour comprendre les choses. Malgré ses efforts, Salim n’obtint rien de plus.
Pages 387-391 - Spoiler:
– Bonjour. Jorune pivota avec une vivacité sidérante. Son poignard sortit en chuintant de son fourreau huilé, il fléchit les jambes et se mit instinctivement en position de combat. Un garçon se tenait là. Non, pas un garçon. Le garçon. Celui qui lui avait ravagé le visage à coups de genou, celui qui l’avait dépouillé et laissé pour mort. Celui qui l’avait humilié. Celui qu’il s’était juré de retrouver et de faire payer. Très cher. La lame de Jorune fusa, invisible et mortelle. Un coup de revers qu’il avait travaillé des jours et des jours jusqu’à le maîtriser à la perfection. Si discret que sa victime ne l’apercevait que lorsqu’il était trop tard, si efficace que personne ne lui avait jamais survécu. Le garçon l’évita d’un simple mouvement d’épaules. « Comment peut-il être si rapide ? » se demanda brièvement Jorune. Le tranchant d’une main s’abattit sur le côté de son cou, lui ôtant la possibilité de chercher une réponse à sa question. Il s’écroula.
Riburn Alqin retrouva vite ses moyens. – Saisissez-vous d’elle ! ordonna-t-il aux membres de la guilde présents dans la salle. Personne ne bougea. – Plus que dix secondes, annonça Ellana d’une voix aussi froide que la banquise.
Jorune reprit connaissance. Il était allongé sur le sol, la tête vibrant encore du coup reçu et, à côté de lui, le garçon jouait avec le poignard dont il l’avait délesté. Jorune s’assit en feignant d’être plus mal en point qu’il ne l’était en réalité. L’élève d’Ellana avait peut-être réalisé des progrès mais si lui, Jorune, trouvait une faille… Comme s’il avait lu dans ses pensées, le garçon pointa soudain sa lame vers lui. – Debout ! Nous sommes attendus. Parfaite. La garde de ce gamin était parfaite. Comment Ellana avait-elle réussi à lui enseigner autant de choses en si peu de temps ? Jorune se leva avec lenteur et, sous la menace de Salim, commença à marcher. Ils arrivaient au bout du long couloir lorsque des pas retentirent. Nombreux. D’un geste, Salim ordonna à Jorune de se plaquer contre le mur. – Ils ne feront que passer, le prévint-il. Inutile d’espérer quoi que ce soit. Un groupe d’hommes et de femmes surgit devant eux. Jorune reconnut Riburn Alqin et les membres du conseil. Ils étaient escortés par les marchombres qui avaient assisté à l’assemblée et marchaient à vive allure, bousculés par ceux qu’ils avaient pris l’habitude de traiter comme des inférieurs. Tous le croisèrent dans lui accorder la moindre attention. – Que se passe-t-il ? ne put s’empêcher de demander Jorune. – Tes copains du conseil ont décidé de démissionner. – C’est ridicule ! s’emporta Jorune. Pourquoi auraient-ils… Il se tut. Ellana venait d’apparaître. Ses yeux noirs brillaient d’une lueur froide et elle tenait à la main un morceau de tissu de soie sombre qu’il reconnut instantanément. Le gant d’Ambarinal. Un filet de sueur se mit à couler sur son front. – Je peux tout expliquer, balbutia-t-il à l’intention d’Ellana. Ce n’est pas ce que tu crois… – Lorsque mon maître Jilano Alhuïn est mort, assassiné, le coupa la marchombre, j’ai juré de le venger. Durant des jours et des jours, j’ai traqué les coupables, mais je ne possédais aucune piste, aucun indice, j’ai dû renoncer. Comment aurais-je pu me douter que le plus grand, le plus noble des marchombres avait été assassiné par un lâche qui se faisait passer pour son ami ? Un voleur qui ne pensait qu’à lui dérober son bien ? Elle passa lentement le gant d’Ambarinal à sa main gauche. – Ce n’est pas moi, protesta Jorune. Je n’ai pas tué Jilano ! – Lâche, voleur et menteur. Tu es vraiment un personnage répugnant, Jorune. – Je te jure que… – Tais-toi ! Je n’ai plus envie de t’entendre. Ni même de te voir. Il y a une porte au bout de ce couloir. Si tu l’atteins avant que j’aie compté jusqu’à cinq, tu auras la vie sauve. À cinq, je commencerai à tirer. Avec le gant d’Ambarinal. – Tu n’as pas le droit ! s’écria Jorune. C’est un meurtre. – Un. – La guilde te le fera payer… – Deux. Le regard fou de terreur, Jorune se mit à courir. – Trois. Ellana banda l’arc imaginaire, amenant une corde qui n’existait pas jusqu’à sa joue. – Quatre. Jorune avait presque atteint la porte. – Cinq. Elle lâcha la corde. Un long trait noir jaillit du néant et fila en sifflant. Rapide comme la mort. Trois autres le suivirent, si vite que les gestes de la marchombre restèrent flous. Ellana ôta le gant d’Ambarinal et le tendit à Salim. Chacune des trois flèches avait trouvé sa cible. À l’endroit précis qu’elle avait choisi. Elle aurait dû être heureuse, pourtant une pointe d’amertume s’agitait en elle, l’empêchant de se réjouir tout à fait. Elle n’était plus sûre d’avoir effectué le bon choix. – J’aurais aimé que tu connaisses Jilano Alhuïn, lança-t-elle à Salim. C’était un homme d’exception. Puis elle s’ébroua, comme émergeant d’un rêve. Le voile gris qui avait accompagné sa décision se déchira avant de se déliter et de disparaître. Jorune n’avait aucune importance. – Partons, décida-t-elle. Plus rien ne nous retient ici. La marchombre et son élève se fondirent dans l’ombre. Comme deux écharpes de brume.
Resté seul, Jorune contempla stupidement les quatre flèches qui, transperçant ses vêtements à un millimètre de sa peau, l’avaient épinglé à la porte comme un vulgaire insecte. Il ne courrait plus aucun danger. Il le savait. Pourquoi donc ne cessait-il de trembler ?
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| | | Len Liv' Taga Armure synchronisée
Nombre de messages : 598 Age : 29 Localisation : / Groupe : Armure Livre préféré : La Zone du Dehors. Vango. Date d'inscription : 07/07/2009
| Sujet: Re: Passages préférés Mer 30 Sep 2009 - 13:14 | |
| Je vais bientôt finir de le lire, et un trait d'humour que j'ignore si vous l'avez remarqué, m'a fait énormémant rire : P 373 : - Spoiler:
Une bonne partie de vos jouets, j'entends par là Géants, coureurs, maître d'armes et autre Saigneur, sont hors de service, la plupart de manière définitive.
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| | | Sorenn Membre du Conseil - Modo
Nombre de messages : 2112 Age : 30 Groupe : Marchombre Livre préféré : La Grand Guerre des Dieux de David & Leigh Eddings Date d'inscription : 30/04/2008
| Sujet: Re: Passages préférés Mer 30 Sep 2009 - 13:30 | |
| Ely, j'adore celui sur Bjorn et les géants ^^. Par contre Len, je ne vois pas en quoi le mot Saigneur est un trait d'humour, enfin si je me souviens bien depuis le début Monsieur dont je ne me souviens plus du nom est présenté comme étant un Saigneur... | |
| | | Soyael Fils du Vent
Nombre de messages : 612 Age : 27 Localisation : Là où on ne m'attends pas, là où je serais accepté et où je continuerais mon apprentissage. Groupe : Haïnouk Livre préféré : J'ai encore tant à découvrir que je ne sais pas. Mais là comme ça le pacte des marchombres. Et d'autres. Date d'inscription : 19/10/2010
| Sujet: Re: Passages préférés Mar 28 Juin 2011 - 0:52 | |
| Le passage où Duom se déchaine aux Pages 372-376 est juste... Magnifique. Je suis explosé à chaque fois que je le lis. Et bien sûr tous les autres sont magnifiques aussi <3 | |
| | | Ipiutiminelle Membre du Conseil - Modo
Nombre de messages : 3147 Age : 38 Localisation : Tol Eressëa, As-Coron, Imre... Groupe : Marchombre Livre préféré : Tolkien, Pierre, Pauline, Timothée, Léa Silhol, Patrick Rothfuss, Alain Damasio... Date d'inscription : 01/12/2008
| Sujet: Re: Passages préférés Ven 15 Juil 2011 - 21:01 | |
| - Spoiler:
- [...] Je ne prétends pas m'être trompé, je ne regrette aucun de mes choix, mais aujourd'hui je change de route. - Justement ! s'emporta Sil' Afian. Pourquoi aujourd'hui ? - Parce que j'ai vu des êtres proches mourir. Erylis, Maniel, Artis... Parce que j'en ai vu d'autres passer à côté de réalités essentielles... Parce que j'ai pris conscience que, prince ou mendiant, on n'a qu'une vie et qu'il est capital d'en faire quelque chose de bien... Parce que je passe, moi aussi, à côté de réalité essentielles... Parce que j'ai envie de penser à moi et à ceux que j'aime. De manière exclusive.
- Spoiler:
Ewilan déposa un baiser sur ses lèvres et attrapa le premier échelon. Alors qu'elle prenait pied sur le pont, le vent, devenu brise, se faufila au milieu des tentes chamarrées, se glissa entre les cordages pour soulever ses cheveux et trouver son oreille. Murmurer. Quelques mots magiques qui se posèrent sur son avenir comme un rayon de soleil... On a toujours le choix, Ewilan. Il suffit de faire le bon. Elle sourit, ses yeux violets étincelant de bonheur. Elle avait fait le bon choix.
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| | | SNT59 Curieux
Nombre de messages : 16 Age : 34 Localisation : Entre la stratosphère et Al-Poll. Groupe : Dessinatrice Livre préféré : Les Frontières de Glace Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Passages préférés Sam 27 Aoû 2011 - 17:00 | |
| J'aime beaucoup le passage où Edwin remet Siam à sa place, démontrant ainsi son sens de l'honneur, de la famille et du devoir. Mais aussi les liens affectifs qui le lie à sa sœur ^^
et aussi le moment où Ellana rompe les barrière de la bienséance d'Edwin au milieu de l'arène, en l'embrassant devant tout le monde, chavirant ainsi le cœur du public. | |
| | | Alistair Wil' Wayard Curieux
Nombre de messages : 16 Age : 26 Localisation : Au Delà des Frontières ... Groupe : Marchombre Livre préféré : Les Larmes de l'Assassin Date d'inscription : 05/09/2011
| Sujet: Re: Passages préférés Lun 5 Sep 2011 - 13:00 | |
| Définitivement mon préféré passage ( Les Mondes d'Ewilan, Les Tentacules du Mal, chapitre 7. ) - Citation :
- Mathieu lacha son épée et bascula en arrière, tandis que sa tunique s'imbibait de sang. Sa vue se voila. Il voulut parler, proférer une derniere malédiction, un liquide poisseux et salé monta à ses lèvres, le faisant s'étouffer.
-Ca va aller,ne t'inquiete pas. Une silhouette s'était jetée a genoux dans le sable, prés de lui. Des mains calmes et chaudes se posèrent sur son coeur. Artis. - Ote-toi de là, ce combat n'est pas le tien. Ignorant la menace de Yalissan Fiyr drésseé prés de lui, Artis Valpierre commença à dérouler son reve. - Ote-toi de là ! Je ne le répeterai pas. Sous les doigts experts du reveur, artères séctionnées et organes perforés vibrèrent, retrouvant peu à peu leur intégrité. -Ote-toi de là, pauvre fou ! Mathieu sentit la mort s'éloigner. Doucement. Comme à regret. Sa respiration se libéra, l'air entra à nouveau dans ses poumons. Artis le prit dans ses bras. -N'oublie pas d'etre heureux, lui murmura-t-il à l'oreille. Puis son corps, soudain, se fit lourd. Son souffle se figea. Il ne bougea plus. L'épée de Yalissan Fiyr fichée dans sa nuque. EDIT Ipiu : Message déplacé car il n'était pas au bon endroit. Merci de faire attention à l'endroit où tu postes ! De plus, tu peux voir qu'Eleyra a déjà cité le passage dont tu parles, donc ça passe pour cette fois mais maintenant lis bien le forum pour voir si ce que tu veux dire n'existe pas déjà quelque part. Si tout le monde postait quinze fois à la suite le même passage on ne s'en sortirait plus ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Passages préférés Sam 10 Sep 2011 - 19:51 | |
| Mes passages préférées :) - Spoiler:
"-Tu reviendras quand ? - Il y a deux réponses à ta question. Comme à toutes les questions, tu le sais bien. Je commence par laquelle? A l'extérieur, un bruit terrifiant s'éleva. Le bruit des armes qui s'entrechoquent, fendent la chair, donnent la mort. La fillette tressaillit mais sa mère, en lui caressant la joue, réussit à l'enfermer dans l'univers de son regard. - Laquelle? - Celle du savant. -Je ne reviendrais peut être jamais, ma princesse. - Elle est nulle cette réponse. Donne moi celle du poète. Isaya se pencha pour lui murmurer à l'oreille. - Je serai toujours avec toi. Où que tu te trouves, quoi que tu fasses, je serai là. Toujours. Elle avait placé la main sur sa poitrine. La petite la regarda avec attention. - Dans mon cœur? -Oui. -D'accord..."
j'avais pas tout lu :333 désoler c'était vraiment pas voulu . mais je ne peux plus le supprimer :/
Dernière édition par safiah le Dim 11 Sep 2011 - 12:20, édité 3 fois |
| | | Ipiutiminelle Membre du Conseil - Modo
Nombre de messages : 3147 Age : 38 Localisation : Tol Eressëa, As-Coron, Imre... Groupe : Marchombre Livre préféré : Tolkien, Pierre, Pauline, Timothée, Léa Silhol, Patrick Rothfuss, Alain Damasio... Date d'inscription : 01/12/2008
| Sujet: Re: Passages préférés Sam 10 Sep 2011 - 20:26 | |
| safiah tu le fais exprès ou quoi ? Juste au dessus de ton message il y en a un autre, à la fin duquel j'ai rajouté un "edit" et au vu de ton message tu ne l'as pas lu, ce qui est bien dommage ! Je venais juste de dire qu'il fallait poster ses messages AU BON ENDROIT. Or, tu viens de poster un extrait d' Ellana, qui appartient à la série du Pacte des Marchombres, et pas du tout aux Mondes d'Ewilan, Les tentacules du mal... Ca rime à quoi ? Je venais également de dire qu'il était inutile et malvenu de recopier des passages qui ont déjà été présentés par d'autres membres, sinon on aurait 100 fois le même passage à la suite et ça ne sert strictement à rien. Le passage que tu as cité a bien sûr déjà été écrit, dans la bonne catégorie ! La prochaine fois que je te vois faire un truc comme ça c'est un avertissement direct, parce que c'est pas comme si c'était pas écrit juste au dessus hein... C'est pas pour le voisin d'à côté que je m'amuse à déplacer des messages et à écrire des edit | |
| | | Eleyra Leina Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4534 Age : 32 Localisation : Llewanda Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, La Moïra, Les Royaumes du Nord Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: Passages préférés Dim 11 Sep 2011 - 13:06 | |
| Ce message sera supprimé d'ici quelques jours, lorsque tu l'auras lu. Le principe d'un avertissement est fait pour avertir, prévenir les gens qu'ils ont fait une erreur, pour qu'ils ne la refassent pas par la suite. Ipiu a décidé de ne pas t'en donner un, moi j'estime que cette fois-ci tu l'as mérité. Comme dit, l'avertissement est là pour t'inciter à ne plus répéter tes erreurs. Tu l'as déjà répété une fois, donc, pour moi il te faut un avertissement. Les avertissements peuvent s'annuler lorsque les erreurs ne sont plus répétées. A toi de faire attention à l'avenir, sachant que tu as droit à trois avertissements maximum | |
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