Craindre les Autres

Bien le Bonjour,

Depuis un bout de temps je m'interroge sur le danger que peuvent représenter certains, sur la crainte des Autres que l'on peut éprouver. Aujourd'hui, j'ai décidé de vous faire part de ces réflexions. Commençons donc par un bref échange entre ma mère et moi :

- Je pourrais partir me promener plusieurs jours.
- Et qui t'accompagnera ?
- Personne.
- Il en est hors de question. Des détraqués, il en existe pleins et de partout.


La crainte d'autrui est-elle normale ? Compréhensible ? S'apparente-t-elle particulièrement au 21ème siècle, aux sociétés et cultures d'aujourd'hui ?

" Tu es sûr qu'il n'y aura aucun terroriste dans cet avion ? "
" Que me veulent les silhouettes que je distingue à peine là-bas ? "
" Pourquoi ce groupe de jeunes me suit-il depuis tout à l'heure ? "
" Tu as bien fermé la porte à clé ? "

Faut-il s'ouvrir à ces "menaces" - imaginées ou non - ou, au contraire, lutter et demeurer sur ses gardes ?

- Tu veux que je te ramène en voiture, propose un étranger.
L'enfant sourit puis se rappela les terribles histoires de kidnapping contre lesquels on l'avait prévenu.
-Non merci. Je vais marcher.

A qui peut-on accorder sa confiance ? Peut-on se risquer à l'accorder ?

Et, une dernière : L'Amour peut-il vaincre la peur et ceux qui la provoquent ? * Pensée pour les moines de Tibhirine du film Des Hommes et des Dieux *

Voilà. Merci de ne pas considérer ce message comme une basse vision pessimiste du monde ; je m'interroge juste.

Au plaisir.

J'aime ce sujet...

Alors, alors...

Je dirai tout d'abord qu'il faut savoir prendre en compte son environnement. Lorsqu'on habite dans une grande ville où les problèmes sont fréquents, je prendrai le parti de faire attention, sans plus. De ne pas chercher à attirer les mauvaises personnes, de ne pas laisser sa porte grande ouverte, ce genre de choses. En revanche, si nous habitons dans un lieu normal, où il n'y a pas tant de problèmes que ça, je n'ai aucun problème à laisser mes clés à l'extérieur et de me faire raccompagner en voiture.
Il faut analyser la situation. Savoir ce qui peut nous arriver, mais également nos capacités de réaction. Je n'ai pas peur de traverser une ville de nuit parce que je sais que dans le cas rare où je me ferai agressé pour X raisons, je pourrai me défendre. Pour autant j'évite de traîner à 3heures du matin devant un établissement peu recommandé.

Je ne pense pas qu'il faut vivre dans la crainte, mais pas dans l'insouciance non plus. Trop de prudence ne changerai rien, au contraire, on s'empêcherait de vivre pour finalement ne pas tant diminuer les risques. Mais trop peu, ça ne nous serai pas forcément utile et ça augmenterait les risques. Trouver le juste milieu, donc, dans chaque situation.

On ne peut pas éradiquer tous les risques, et même si c'était possible, la vie aurait-elle toujours la même saveur ? Nous savons tous qu'en grimpant un mur, nous risquons de tomber, est ce pour autant que l'on ne va pas grimper ce mur ? Il ne faut pas se lancer à l'assaut d'un mur lisse et difficile si on n'a jamais grimpé avant, il faut être capable de savoir si on a les capacités pour l'escalader, si on a de bonne chance de pouvoir atteindre son sommet sans tomber. Et quand bien même on s'apercevrait à mi distance que l'on ne pourra pas arriver tout en haut, il faut savoir se dire stop et redescendre.
Mais il ne faut pas verser dans l'inverse et redescendre à la moindre difficulté.

Sortons de la métaphore, sous prétexte que quelqu'un s'est fait agresser dans la rue, faut il arrêter de sortir de chez soi ? Non. Mais doit-on pour autant sortir de chez soi en mini jupe et mini top à deux heures du matin, seule ?

C'est à chacun d'analyser le danger et de décider comment faire face, mais bien souvent, il n'y a pas tant de danger que ça, dans la mesure où on ne l'attire pas. Bien sûr, les parents ont souvent du mal à accepter que leur petit protégé puisse également analyser la situation et décider d'agir pour le mieux face au danger. C'est à cause de ça qu'ils hésitent à nous laisser partir, certains s'imaginent que parce qu'on est leur enfant, on ne saura pas dire non à quelqu'un qui nous propose des bonbons...

Donc pour répondre à ta question, oui, je pense qu'on peut vivre dans la confiance et dans l'amour sans se faire marcher dessus, à condition de faire preuve de discernement et de pouvoir prendre du recul. Il y a des gens que tu rencontres par hasard et tu leur accordes directement ta confiance, parce que tu ressens que la personne ne te veut pas de mal, qu'elle n'est pas mauvaise et il est rare que ce genre de personne te nuise en âme et conscience par la suite (après ça peut arriver qu'on se blesse mutuellement par la suite). En général, lorsque l'on parle à quelqu'un qui nous semble louche, pas clair, ce n'est pas forcément le cas, mais on ne va pas lui faire confiance tout de suite et donc éviter si c'était le cas les ennuis...

Très important, l'intuition :)

Je me suis beaucoup posé cette question cette année.
D'abord parce que ma mère a été prise d'un soudain excès de prudence en tenant absolument à venir me chercher après une fête qui finissait à minuit. J'ai insisté, plaidé, disant que je prendrai des grandes rues éclairées, qu'il valait mieux qu'elle dorme... Rien n'y a fait. Pourtant moi, je sais que le pourcentage de chance de tomber sur un violeur est infime. Et que même si je tombe dessus, je saurais m'en tirer.
Après, comme le dit Aziliz, tout dépend de l'endroit où tu habite. Dans les quartiers nord de Marseille, par exemple, je sortirai pas après la tombée de la nuit.

Ensuite tout à l'heure avec ma mère on parlait d'un hold-up survenu dans un petit carrefour de quartier. Et si ma soeur de huit ans, qui va des fois acheter le pain, y avait été à ce moment là ? On ne peut pas prévoir les évènnements, et s'enfermer chez-soi n'est pas la meilleur solution. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que ça peut nous arriver, et ce qu'on doit faire dans ces cas là.

Et puis en anglais ce trimestre nous avons étudié un film de Michael Moore, Bowling for Columbine. Il parle du port d'arme aux États-Unis, du haut taux de meurtre par balle et de la peur des autres.
Par exemple, M. Moore s'étonnait que les Canadiens ne fermaient pas à clé leur porte lorsqu'ils sont chez eux, alors que les américains se verrouillent à triple-tours. Il présentait des américains lambda qui possédaient une arme chargée sous leur oreiller, des grillages, des portes blindées. Et tout ça paraissait normal.
En gros, il voulait aussi montrer l'influence des médias sur la peur des gens. En ne parlant que de menaces, de guerres, de meurtres, les américains se renfermaient dans la peur et le racisme.
Bref, voilà un bon exemple d'excès de prudence.

Citation :

Peut-on ne pas vivre dans la crainte ? Vivre dans la Confiance et l'Amour sans... se faire marcher dessus ?

Personnellement, je pense que vivre dans la crainte ce n'est pas vivre. Je pourrai très bien craindre qu'une météorite me tombe sur la tête en sortant de chez moi, donc je ne sors plus. Et je ne profite plus de la vie.

Pour le reste, Aziliz l'a dit mieux que moi, donc je sors

Argh ! Aziliz et Alev sont passées par là avant que j'aie eu le temps de finir ce post x) ! Bon, tant pis.

Je pense, comme tu l'as avancé, que le fait de ne plus accorder sa confiance à personne est une résultante de nos sociétés occidentales.

D'une part, le libéralisme à outrance a fini par faire l'apologie du chacun pour soi, et il arrive un moment où le profit se crée obligatoirement sur le dos des autres. On s'attend donc à chaque instant à être trahi, l'amitié est une valeur qui se perd et les relations entre les hommes se tissent aujourd'hui davantage par calcul et par intérêt.

C'est une chose. La deuxième qui, à mon avis, mérite qu'on la pointe du doigt (et qui est évidemment liée à la première), c'est l'usage que l'on fait de l'information. Les médias n'ont de cesse de relayer des catastrophes, des meurtres, des enlèvements, et nous faire croire à l'apocalypse dès qu'il tombe dix centimètres de neige...

Tout ça contribue à créer un climat d'insécurité, qui n'aurait souvent pas lieu d'être.

Je ne nie pas que certains quartiers ou certaines villes ne sont pas dangereux/ses, bien évidemment, c'est juste que l'aliénation est beaucoup plus globale qu'elle ne devrait censément l'être.


Je suis donc du même avis qu'Aziliz, je pense que la clef est d'être conscient du "degré de risque" des différents environnements, et de nos capacités à pallier ces risques.

Mais après, si tu veux un avis en forme d'expérience personnelle, je suis du genre à accorder ma confiance "par principe", parce que m'est avis que chacun a droit qu'on lui donne sa chance. On parle là de confiance sur de petites choses, s'entend, pas de Confiance avec une grande majuscule, celle-là ne se donne qu'aux gens que l'on connaît vraiment bien, ou avec lesquels on ressent tout de suite quelque chose de très fort.

Et pour aller au-delà de la question de base, je pense que l'on gagne bien plus en restant Ouvert à l'autre, quel qu'il soit - sans même aller jusqu'à la question de lui faire ou non confiance - plutôt qu'en se méfiant de tout et de tous et de se renfermer sur soi-même et son cercle restreint. Parce que la Vie offre parfois de belles surprises sous emballages de rencontres inattendues... et que ceux qui ne sont pas ouverts pour les recevoir passent souvent à côté de jolies courbes.

Voilà pour ma petite contribution à ce topic . J'ai l'impression d'avoir rien dit de transcendantal mais j'espère que ça pourra vous être utile quand même, d'une manière ou d'une autre.

"Parce que la Vie offre parfois de belles surprises sous emballages de rencontres inattendues..."

j'aime beaucoup ta phrase! :)