Concours de poésie marchombre de 2006 - texte d'intro <3

Citation :

La petite fille aux longs cheveux noirs est accrochée par le bout des doigts à une prise minuscule. Ses pieds reposent sur une saillie imperceptible et un vide impressionnant s’ouvre au-dessous d’elle. Avide. Une chute signifierait la mort.
La petite fille s’en moque. Éperdument.

À vingt mètres de là, les mains posées sur une dalle lisse et parfaitement verticale, Ellundril Chariakin observe sa progression. Assurée. Presque insouciante. Elle observe ses gestes sûrs, son regard aiguisé, sa souplesse. Elle observe ses choix, judicieux, et l’harmonie qui se dégage de tout son être. Elle observe sans être vue puisque c’est ce qu’elle a décidé.
Elle apprécie ce qu’elle voit.
Elle apprécie surtout ce qu’elle perçoit.
La petite fille qui grimpe est bien celle qui l’a attirée jusqu’à cette forêt perdue, loin au nord de l’Empire. Celle qui brille comme un phare sur la voie des Marchombres alors qu’elle ne sait pas encore ce qu’est un Marchombre.
Alors qu’elle ne sait rien. Même pas son nom.
Ellana.
La petite fille a atteint le sommet de la falaise. Elle se dresse au bord du vide, écarte les bras et éclate de rire.
Ellana.

Ellundril Chariakin se détourne. Sa route croisera à nouveau celle d’Ellana et cette certitude emplit son cœur de sérénité. Elle doit juste lui laisser le temps de grandir. Le temps de progresser.
Mouvement si fluide qu’il en paraît irréel, la mythique Marchombre emprunte un étrange raccourci vers un ailleurs improbable. L’image d’Ellana ne l’a pas quittée.
Le monde qu’elle atteint est différent, étrange, mais convient à la perfection à ce qu’elle souhaite faire.
Un geste, et la volonté de la Marchombre devient réalité. Une réalité qui, se jouant des paradoxes, s’affiche sur des milliers d’écrans connectés à un même réseau.
Qui s’affiche sur ton écran.
Maintenant.

Toi qui lis, déploie tes ailes.
Je te propose un voyage sur le souffle de la poésie marchombre, à la rencontre d’Ellana.
Un voyage qui te conduira, si tu acceptes d’écrire, là où les rêves et la réalité se mêlent jusqu’à fusionner. Là où débute la voie du marchombre.
La voie d’Ellana.
Peut-être ta voie.
Et pour t’aider dans ton voyage, quelques conseils :

Une, deux ou trois poésies.
Pas davantage car le trop est ennemi du juste.

La forme sera la tienne et le fond t’appartiendra car le marchombre est libre.
Rappelle-toi toutefois que la forme est harmonie et le fond pertinence.

Tu auras tout l’été pour voler.
Et en septembre tu te poseras.

Tes poésies avant cette date par la poste tu enverras,
À l’adresse que plus bas tu trouveras.
Tes nom, prénom, âge et adresse sur tes poésies tu indiqueras.

Rappelle-toi :
Un marchombre jamais ne triche, jamais ne ment,
Sous peine de perdre ses ailes. À jamais.

Toutes les poésies seront lues,
Moi seule serai juge de leur qualité.
Vingt trois noms par moi seront choisis.
Pour les vingt trois vents qui soufflent sur l’île des Nimurdes.
Vingt trois poésies seront publiées sur le site.
Vingt trois voyageurs recevront chez eux « Le pacte des Marchombres »

Parce que la voie est solitude,
Parce que la voie est partage,
Contradiction qui devient une force
Lorsque le marcheur s’enfonce
Sur la voie des Marchombres.



Pierre Bottero

J'avais cherché et recherché ce texte. Introuvable depuis la fin du concours de poésie marchombre qu'avait lancé Pierre et Rageot l'été 2006. Je l'ai retrouvé sur un autre forum où j'étais inscrite à l'époque. Fiou comme le temps passe !
J'ai enfin retrouvé ce texte. Recherche Google sur ce concours en question.
En fait ma question était de savoir si certains des 23 gagnants étaient sur le forum. Alors si par hasard la curiosité vous mène à lire ceci... Peut-être que certains répondront positivement. Je n'en doute pas ;)

Nostalgie...

_________________________

Ellana... elle ne sait pas encore comment elle s'appelle mais Ellundril le sait... ce texte me donne l'impression qu'elle s'appelait déjà comme ça étant petite... *sourire*

Et puis... la fin. Le paradoxe. Et si... la solitude n'était que sur la voie en elle-même ? Le maître guide ne peut faire les pas à la place de son élève, déjà accompagné de son maître, l'apprenti est seul. Cette solitude est celle de celui qui sait être indépendant et qui sait avancer seul mais pas celle de celui qui s'écarte du monde et ne partage jamais avec les autres.
J'ai l'impression d'encore trouver des réponses. Mais cela me paraît tellement évident d'un seul coup que je suis sûre que certains s'étaient déjà fait la réflexion ! ^^

Je me souviens d'avoir participé à ce concours, mais j'avais oublié à quel point ce texte était beau... Je ne me lasse pas de relire l'introduction, comme redécouvrir quelque chose dont on a effleuré la douceur sans l'apprécier à sa juste valeur...

J'ai eu la même pensée que toi, mais plus profondément, je me demande si nous n'avons pas tous un nom, un vrai nom, pas celui qu'on nous donne, ni celui qu'on nous prête... Celui qui est en nous, qui est juste l'évidence de ce que nous sommes, uniques et entiers.

La solitude, c'est un mot qui fascine, un mot qui façonne... Pour moi, la solitude, c'est avant tout être soi, quelque soit les autres. C'est rester soi, entièrement, sans jamais se fermer au contact des autres. La solitude, ne serait-ce pas un bien joli mot pour signifier le point de départ de l'ouverture. Peut-on s'ouvrir si l'on est pas soi et uniquement soi ? Pourtant, comme dans toute chose, il y a l'excès, celui de vouloir trop être soi, sans influence extérieur... mais est-on vraiment soi si l'on ne se met pas à l'épreuve du monde ?
La solitude, c'est un peu la flamme de la bougie, et l'ouverture, la lumière qu'elle inonde... Que serait une flamme sans lumière ?

Je suis aussi curieuse de savoir si nous avons des gagnants parmi nous (et s'ils ont envie de nous le faire partager, la poésie qu'ils ont proposé... elles ne sont plus depuis longtemps sur le site des mondes...)

Au moins ta réponse Aziliz me donne l'impression que j'ai bien fait de partager ce texte avec vous. Voir que tu as la même réaction face au texte lui-même déjà ! =)

Je suis tout à fait d'accord avec toi à propos d'un nom qui nous serait propre. Je crois qu'il y a déjà eu l'ébauche d'une telle conversation sur la présentation d'un membre... mais de là à retrouver qui ! ^^'

Quant à la solitude... je vais réfléchir à ce que tu as écrit. C'est beau mais ça demande réflexion =)

Hum hum hum, ce texte me rappelle des souvenirs ! :)

J'étais l'une des 23 gagnantes, c'est pour cette occasion que j'avais pris ce pseudonyme pour la première fois.
J'avais rencontré Pierre pour la première fois quelques mois auparavant, j'étais en quatrième... On avait parlé d'un future concours, justement, parlant du fait que l'envoi papier était préférable à un simple mail, pour laisser la possibilité aux gens d'écrire avec leurs propres plumes et encres.
C'était tellement beau, comme moment !
J'avais envoyé 3 poèmes marchombres, je peux vous les offrir, et compléter la nostalgie du topic... Je suis vraiment étonnée en les relisant, j'ai l'impression d'être une personne différente depuis, et cela me remplie de nostalgie.

Nuits étoilées
Soupirs de brume
Jours nouveaux

•

Souvenirs lumineux
Clarté éternelle
Imaginaire

•

Lune noire
Pluie silencieuse
Oubli


C'est avec le premier que j'ai été retenu, j'admire ceux qui peuvent "choisir" dans un flot de poème marchombre, je suis contente qu'ils soient passés par Pierre, c'était aussi l'année même où j'ai découvert ses livres, les marchombres, Gwendalavir, l'Arche et leurs illustrations magnifiques...
Ah, je pleure.

Il me semble avoir déjà lu une petite partie de ce texte, il y a très longtemps et d'un effleurement du regard...

... Ou alors je l'avais rêvé...
_______________________________


Je n'avais jamais vu ce texte.
Ce n'est pas un choc pour moi mais en même temps il a un écho perturbant.


Perturbant et amusant le fait que j'ai l'impression qu'il n'avait pas encore vraiment compris ou du moins réfléchi à la force de ce simple mot : Marchombre.

Avait-il conscience, alors, que les dérives qu'il permettait aller le mettre terriblement en danger vis-à-vis de ses lecteurs (jeunes et irresponsables (lol pour le 2è ^^)) ?

Selon moi les JMs (alias ce groupe d'ados dégénérés qui lui bouffaient son temps dans les salon du livre où il aurait pu être tranquille) ont eu un rôle dans cette réalisation puisque nous portions en "étendard", ce mot qu'il avait créé, et que nous portions sur nous et en nous les mots qu'il avait écrit ; des mots comme des porteurs d'idées fondamentales...



Bref, j'ai dit que j'aimais ce texte? :-p

Waow...

Mille fois merci Julia pour avoir retrouvé ce texte. En 2006 je découvrais tout juste le Pacte, je crois me souvenir qu'une des premières fois où j'ai posté sur les Mondes Imaginaires coïncide approximativement avec la période du concours... Mais je n'avais pas participé à celui-ci, et je n'avais même jamais lu ces mots.

<3

Et son dernier paragraphe, ce putain de dernier paragraphe.

Julia, Aziliz, je suis totalement d'accord avec vous quand vous parlez du "vrai nom" de chaque chose, même si je ne suis pas sûre qu'il s'agisse d'un nom prononçable par une voix humaine. Et je te suis aussi, Azi, lorsque tu parles de Solitude comme le premier pas vers l'Ouverture, comme l'affirmation de ce que l'on est, comme base du Créapport.

Et puis pour moi, le paradoxe dont parle Pierre se résume à cela : on est toujours seul, sans l'être jamais. On est entourés d'amis, de familles, d'Amis ou de Familles, de Guides, de Maîtres parfois, qui vont pouvoir désigner, orienter, suggérer, conseiller. Mais au final, le chemin (intérieur comme extérieur), il n'y a que nous qui puissions le parcourir. Nul ne peut se battre à notre place contre nos chimères, nul ne peut vaincre nos propres peurs. Et à l'inverse, dans chaque succès il y a une part de mérite qui ne revient qu'à nous puisque c'est nous qui avons fait, qui avons réalisé.

En clair, nous sommes entourés et nous peuplons notre monde d'Amour et de Partage, mais cette Solitude dont parle Pierre est tout aussi fondamentale puisqu'elle représente le chemin parcouru en soi, la progression intime et personnelle, que l'on doit en partie aux autres, mais qu'on a été seuls à pouvoir entreprendre, au final.


Et puis Frost... Juste, Merci pour ton message.

...

Je n'avais jamais lu ce texte, je ne connaissais même pas l'existence de ce concours.
Merci infiniment, Julia, pour ce Partage. Pour cette découverte que tu m'offres.
Se dire que même après tout ce temps, il existe encore des textes de Pierre que je n'ai pas lu... :')
Et puis, quel texte... <3

Je ne me risquerai pas à répéter tout ce que vous avez dit avant moi, de si belle manière.
Je veux juste vous dire que je suis en accord avec vous pour tout ce que vous avez écrit.
Merci pour vos mots <3

Et cette Solitude... Et tes mots, Laure.
Etrange résonance avec certaines de mes pensées du moment :-)

...


* Emotion *

Je me souviens de ce texte.

J'avais participé au concours, mais à l'époque, je n'avais absolument pas le même regard sur la poésie Marchombre et n'avais donc pas gagné (le contraire aurait été inquiétant XD) mais, si je ne me trompe pas, tous les participants avaient reçu un poster dédicacé du Pacte qui est aujourd'hui encore affiché dans ma chambre. L'une des deux dédicaces que j'ai de Pierre...sans jamais l'avoir rencontré.

Citation :

Je ne me lasse pas de relire l'introduction, comme redécouvrir quelque chose dont on a effleuré la douceur sans l'apprécier à sa juste valeur

Je ressens exactement comme Aziliz. Je me souviens du concours et du texte mais... paradoxalement, je l'avais complètement oublié ! Je suis heureuse que tu ai eu envie de le chercher et que tu l'ai retrouvé, Szyra. Merci de ce cadeau.

Je suis absolument d'accord avec ce que vous avez dit plus haut. Pour le nom, cela me fait penser à Eragon et surtout au nom du vent.

Oui. J'ai moi aussi ce poster...

Je n'ai jamais pu oublier ce texte mais en fait je ne savais plus où je l'avais lu. Je ne me souvenais plus de son lien avec le concours.

Lor, tes murmures sont très beaux mais je crois que je préfère davantage encore celui de ta signature. =)