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 Blue Jay Way - Fabrice Colin

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Aethera
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Aethera


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Blue Jay Way - Fabrice Colin Empty
MessageSujet: Blue Jay Way - Fabrice Colin   Blue Jay Way - Fabrice Colin Icon_minitimeMer 21 Mar 2012 - 15:45

Pour une fois, je vais faire ça super pro.

L'objet du délit :

Blue Jay Way - Fabrice Colin 35238


Descente aux enfers dans la cité des anges


CRITIQUE – Blue Jay Way ou les Beatles au service des riches : lorsque Fabrice Colin se décide à prouver que la réalité n’est plus ce qu’elle était.

« Chaque soir, un soleil de fin du monde plonge sous la ligne d’horizon, laissant sur l’océan une vaste défroque de sang et d’or. Au commencement, murmure Scott pour lui-même, au commencement régnait le chaos. Puis parut Quaoar. Attristé par le vide de l’existence, le dieu des Tongva se mit à danser, à tourbillonner, à chanter le chant de la création. « Et c’est ce chant que je chante de nouveau », ajoute Scott en exhalant une bouffée de fumée. « Rien, pas même Dieu, n’est plus grand pour chacun que lui-même. » »

Ainsi parle-t-on à Hollywood, cité aux mille fantasmes. Nous sommes en 2005. Julien, jeune franco-américain féru de littérature, a perdu son père dans les attentats du 11-septembre quelques années plus tôt et continue de recevoir des messages anonymes à teneur conspirationniste. On leur ment. La vérité est ailleurs. Le monde n’est pas tel qu’ils le voient. Dès l’ouverture du roman, Fabrice Colin nous campe un personnage en proie au doute, à la reconstruction maladroite et fragile. Sa figure de référence, la romancière Carolyn Gerritsen – avatar fictionnel de Joan Didion – lui propose bientôt d’aller s’installer chez son ex-mari à Los Angeles et de devenir le tuteur de son fils Ryan, adolescent sur le tard en rupture familiale.

À son arrivée à Blue Jay Way, somptueuse villa perchée dans les collines d’Hollywood, Julien se trouve confronté à une jeunesse dorée qui a su faire de son désœuvrement un art de vivre. L.A. est une ville où tout est tellement possible que les frontières du réel semblent s’y dissoudre en silence : Fabrice Colin saisit l’imaginaire à bras le corps et joue avec les représentations collectives en qualité de maître. Son personnage se laisse peu à peu séduire par ce monde en déliquescence et noue une relation adultérine avec Ashley, la jeune épouse du père de Ryan. Lorsqu’elle disparaît soudain, Julien choisit de se taire et cherche par tous les moyens à comprendre. Mais le jeu des apparences est plus pervers qu’il n’y paraît, les meurtres inexplicables se multiplient et Julien s’aperçoit bientôt qu’il ne peut avoir confiance en personne. Au fil des péripéties, les postures des personnages se révèlent de plus en plus floues, mouvantes, forçant le lecteur à sombrer à son tour dans une paranoïa brouillée – à l’instar, peut-être, de la jeune femme de la couverture plongeant dans l’eau noire tête la première.

En définitive, c’est un problème métaphysique que pose Fabrice Colin dans Blue Jay Way : à travers la beauté fascinante d’une écriture au goût de désespoir paisible, à la violence crue ou au cynisme décontracté, il soumet son lecteur à une attraction malsaine, frôlant parfois les limites de l’insoutenable. Il est question dans Blue Jay Way du mal en tant qu’essence – réponse à la vacuité existentielle, processus gratuit et calculé, évidence implacable, fondamentale. Il s’agit là de débarrasser l’homme des filtres qu’il pose entre lui et le monde et de le replacer face à l’absurde d’une liberté surréaliste. Le pouvoir de création devient alors nécessité absolue : il est celui qui donne du sens, habille la matière et tient à distance la nudité chaotique de l’univers.

Dans ce combat de tous les jours, Fabrice Colin a choisi pour arme l’écriture. Quaoar, le dieu des Tongva, en soit mille fois remercié.
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