La Voie des Marchombres Forum de réflexion consacré aux Marchombres et aux livres de Pierre Bottero... |
| | Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? | |
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+4Leslie Eleyra Leina Killian Aliana 8 participants | Auteur | Message |
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Aliana Maître Marchombre
Nombre de messages : 1060 Localisation : Là où souffle le vent Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte, Zouck, la Horde du Contrevent, Le secret de Ji, A la croisée des mondes, l'Oracle della Luna, La Zone du Dehors Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Sam 30 Mai 2009 - 18:58 | |
| Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? C'est presque un sujet de philo, c'est en tout cas un sujet de réflexion et que j'ai trouvé intéréssent. J'ai la réponse dans une forme élaboré de dissertation que disons pour faire ocurs, un de mes profs à fait. Je vous poste aujourd'hui l'introduction. Je vous mettrai la première partie, quand j'aurais eu vos réactions, si vous avez le courage de lire et surtout si vous en avez envie ! Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? - Spoiler:
Il semble que pendant longtemps, les hommes aient été lancés à la découverte et à la conquête du monde, et n’aient été assurés de rien. On pourrait dire ainsi que c’est la vie des hommes en elle-même qui était aventure : une entreprise aléatoire consacrée à la rencontre de l’altérité (l’autre de soi), qui met sans cesse en jeu toute position acquise. Il y eut la conquête de la nature, celle des territoires des autres, celle des nouveaux mondes, la conquête de l’espace, plus récemment les grandes aventures politiques (Révolutions en tout genre)… Ce qui définit l’aventure, la vie aventureuse, c’est donc le risque, la mise en jeu d’elle-même d’une manière essentielle. Cet horizon audacieux de la vie, celui des conquérants, des guerriers, des explorateurs, était déjà entré dans la phase de son déclin lorsque Nietzsche voudra, à la fin du 19e siècle, lui redonner son éclat : l’appel nietzschéen à « vivre dangereusement » sera hélas aussi ce dont Mussolini pouvait encore faire sa devise « vivere pericolosamente ». On comprend alors pourquoi, à l’ère démocratique, aujourd’hui que la vie de tous les hommes et de chaque homme est devenue la valeur sacrée entre toutes, l’aventure semble avoir disparu de notre horizon, au point de ne subsister que sous la forme d’une nostalgie, d’un souvenir de lecture ou d’image. Plus de conquérants en terre démocratique, pas plus que d’explorateurs venant bouleverser notre représentation du monde, plus de Révolutions non plus, venues renverser l’ordre social : y a t-il encore une place à l’ère de la démocratie pour l’aventure ? Y a t-il des formes modernes ou post-modernes de l’aventure alors que chaque jour croît chez l’homo democraticus la volonté de s’assurer contre l’avenir, contre les mauvaises surprises de la maladie, du vieillissement, de la mort etc . ? Nous tenterons de déterminer si l’aventure est condamnée à rester le propre des sociétés aristocratiques de l’ère pré-moderne, une simple nostalgie pour nos contemporains, ou s’il est légitime de parler de figures modernes et actuelles de la modernité, d’une reconfiguration de l’aventure aux conditions de la démocratie contemporaine.
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| | | Killian Curieux
Nombre de messages : 45 Age : 29 Localisation : Euh... Dans un rêve de pureté au couleur d'un dessin derrière mon écran d'harmonie. Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana la prophétie Date d'inscription : 30/05/2009
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 31 Mai 2009 - 11:09 | |
| Une place pour l'aventure? Dans le monde il y aura toujours une place pour l'aventure, mais pas forcément celle que l'on aime. Je rêve d'une aventure qui m'est malheureusement inaxcessible. Dans l'aventure il y a aussi une recherche de soi même voir de quopi on est capable. Je suppose que cette aventure là existera sans fin. L'autre forme d'aventure, celle qui consiste à voyager est de loin la plus connu mais pas la plus facile. Car si il est facile de la désirer, la vivre devient de nos jours compliqué. Voilà une réponse possible à cette question que je trouve existancielle. (peut être suis-je dans le tort, corrigez moi! ) | |
| | | Eleyra Leina Membre du Conseil - Admin
Nombre de messages : 4534 Age : 32 Localisation : Llewanda Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana, La Moïra, Les Royaumes du Nord Date d'inscription : 04/04/2008
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 31 Mai 2009 - 11:21 | |
| Et si je te dis que la vie elle-même est aventure ? Que simplement le fait de vivre est une aventure ? Certaines des étapes de notre vie sont des aventures à petite échelle, certes, d'autres à grande échelle. Mais par exemple rien que le fait de se relever est une aventure. Le fait de chercher à comprendre, de chercher à être heureux... Tout ça sont des aventures. Il n'y a pas que le risque, l'aventure. La vie peut être belle. Mais elle est aussi difficile. Vivre est une aventure en soi. | |
| | | Killian Curieux
Nombre de messages : 45 Age : 29 Localisation : Euh... Dans un rêve de pureté au couleur d'un dessin derrière mon écran d'harmonie. Groupe : Marchombre Livre préféré : Ellana la prophétie Date d'inscription : 30/05/2009
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 31 Mai 2009 - 11:45 | |
| Tu as entièrement raison, la vie est une aventure, et il n'appartient qu'à soi de la vivre pleinement ou de la laisser tomber. Je pense que la vie est constituée d'aventure qui font d'elle une aventure, mais malheureusement, les grandes aventures n'en font pas toujours partie! | |
| | | Leslie Danseur de la falaise
Nombre de messages : 1487 Age : 27 Localisation : Ailleurs. Groupe : Faëlle Livre préféré : Waw... Euh... Pour commencer, tous les livres de Pierre Bottero sans exception... Et puis après, il y en a vraiment trop. Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 31 Mai 2009 - 12:59 | |
| - Eleyra Leina a écrit:
Vivre est une aventure en soi. Tout à fait d'accord. L'aventure... Peut-être pas au sens d'avant mais... L'aventure existe toujours. L'aventure... De vivre, des dépasser les défis de la vie... Oui, la vie est une aventure. Et la mort un passage vers une différente aventure. Tout ce que nous vivons est une aventure. Vivre, aimer, sourire, pleurer... Ces mots sont des synonymes. Aventure devrait, je pense, en faire partie. Vu que j'ai répété ce que vous aviez déja dit, je m'excuse. Bisx, Leslie. | |
| | | Aliana Maître Marchombre
Nombre de messages : 1060 Localisation : Là où souffle le vent Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte, Zouck, la Horde du Contrevent, Le secret de Ji, A la croisée des mondes, l'Oracle della Luna, La Zone du Dehors Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 31 Mai 2009 - 14:40 | |
| Vos réponses sont plus optimistes que celle de mon prof. Je vous mets donc la première partie qui reste très philosophique et "scolaire": - Spoiler:
/ La disparition de l’aventure.
L’aventure : c’est l’expérience de l’altérité (la sortie hors de soi) ou la rencontre avec l’autre de soi (l’autre homme, l’autre société, l’autre territoire, l’autre planète etc.). Or, dans le mouvement de cette rencontre s’introduit l’aléatoire : l’aventure est l’expérience de l’aléatoire. Aléatoire dans l’avoir (on ne sait pas ce que l’on aura) , dans l’être (on ne sait pas ce que l’on deviendra) et dans le temps (on ne sait pas non plus jusqu’à quand cela durera et quand cela finira). C’est cette indétermination qui associe l’aventure au risque qui est, dans sa forme extrême, risque de la mort, et l’aventurier a pour première qualité le courage : il s’affronte à des puissances supérieures qui ont l’avantage sur lui, il accepte un combat qu’il sait d’avance inégal et où il tente simplement de se frayer un destin, de sauver la possibilité d’un parcours, il veut dessiner le trait d’une volonté opiniâtre contre l’hostilité extérieure. Il s’agit d’aller au devant de ce que nous ne maîtrisons pas. Cet aléatoire implique un affrontement avec des forces ou des puissances qui nous dépassent très largement (des forces dont nous ne savons pas comment elles vont jouer : en nous et hors de nous). On affronte des forces qui, mêmes si elles nous sont connues, vont jouer différemment.
Néanmoins, après avoir ainsi dégagé les grandes caractéristiques de l’aventure, on peut aussi tracer une histoire nécessairement fictive de l’aventure de l’humanité. La première aventure de l’humanité fut la conquête progressive de la nature, sa maîtrise puis sa domestication. (Aventure du néolithique : éleveurs et agriculteurs au lieu de chasseurs-cueilleurs, découverte du feu et des possibilités offertes) L’autre grand domaine de l’aventure, collective fut celle des civilisations, de l’édification, contre la sauvagerie de l’homme lui-même, de la culture dans toutes ses dimensions : moeurs, institutions, art, religion etc. (L’aventure de cette secte des chrétiens qui a conquis le monde occidental, ou des Pilgrims Fathers venus fonder les futurs Etats-Unis …) A ceci s’ajouta la guerre ou la conquête comme appropriation du territoire de l’autre et absorption de sa culture (conquêtes et découvertes, la découverte du nouveau monde, les conquistadores etc.) Puis ce furent les Révolutions : l’aventure tout entière tournée vers la société, occupée à le révolutionner lui, bcp plus que l’extérieur.
La nature est en grande partie maîtrisée, l’animal domestiqué, la naissance de notre civilisation est derrière nous, les guerres de conquête semblent closes et de la Révolution dans sa dernière figure, il ne nous reste qu’une nostalgie ou quelques soubresauts soixante-huitards : n’assiste t-on pas à une extinction définitive du paradigme aventurier ? Qu’est-ce que cela implique ? D’où cela vient-il ?
Modèle nietzschéen d’interprétation : l’humanité des temps présents est une humanité fondamentalement conservatrice, anti-héroïque, qui cherche tout le contraire du risque : la conservation de soi, le confort, la sécurité. C’est l’humanité devenue troupeau, grégaire, peureuse et immobile. Pourquoi ? Parce que c’est une humanité démocratique.
Comment entendre cette humanité démocratique du point de vue d’un regard aristocratique comme celui de Nietzsche ? Il faut l’entendre d’abord dans un sens juridique-politique comme égalitarisme : attribution à tous des mêmes droits a priori (un droit qui n’est plus compris comme privilège accordé aux plus méritants). Ce présupposé dissuade à l’avance toutes le énergies entreprenantes énergies en les ramenant toutes de force au minimum (les mêmes droits pour tous). Elle met les hommes en situation de ne plus chercher qu’à conserver, perpétuer une vie de confort, de bien-être et de sécurité. Il faut l’entendre aussi dans un sens anthropologique comme production d’une humanité homogène, une « humanité-troupeau » dira le philosophe allemand. Aucune figure d’exception ne ressort désormais de cette humanité moyenne, mieux : tout est désormais organisé pour que ne puisse plus apparaître de grands hommes, sinon sous la forme de figures incompréhensibles et paradoxales, comme soudain surgies du passé aristocratique, tels Napoléon. Bref, à suivre une lecture nietzschéenne de notre présent démocratique : l’Humanité, cette invention moderne, est celle du troupeau apeuré, elle milite pour la fin de toute aventure, se replie sur sa petite sécurité et a peur de tout ce qui a le visage du risque et de l’altérité.
Cependant, ces évolutions ne doivent-elles pas être mieux envisagées, leur potentialité créatrices mieux appréciées ? N’y a t-il pas des formes inédites de l’aventure à l’ère démocratique, tout aussi dignes de notre intérêt ? Ne doit-on pas envisager la reconfiguration de l’aventure à l’ère moderne et contemporaine plutôt que sa pure et simple disparition ? Quelles figures subsistent de l’aventure dans le monde d’aujourd’hui, soit comme survivance du passé soit comme invention ?
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| | | Moon Curieux
Nombre de messages : 38 Age : 78 Localisation : Sur un balcon ouvragé d'une cité elfique. Groupe : Dessinatrice Livre préféré : Les oeuvres de P. Bottero, de Tolkien, de Werber, de Fred Vargas et de G. Musso entre autres Date d'inscription : 07/02/2010
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Mer 3 Mar 2010 - 19:13 | |
| Comme Eleyra, Leslie et Killian, je pense que la Vie est une Aventure vécue au quotidien avec ses découvertes, ses rencontres,ses obstacles à surmonter. Maintenant, si l'on parle d'Aventures avec un grand A,comme la découverte de l'Amérique par C.Colomb ou les premiers pas de l'homme sur la Lune,on pourrait penser que tout a été fait, ce que je ne pense pas Notre futur(davantage le vôtre que le mien) sera fait de grandes aventures: découvertes spatiales, voyages intersidéraux et spatiaux temporels, connaissance des capacités cérébrales inconnues jusqu'ici et leurs développements...etc...Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres. Ce qui semble de la science fiction aujourd'hui est l'aventure de demain! | |
| | | Miaou Til' Plume Gardien d'Ilfasidrel
Nombre de messages : 1309 Age : 29 Localisation : Entre-deux. Groupe : Dessinatrice Livre préféré : Aucune idée. Il y en a trop x). Date d'inscription : 08/02/2010
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 5 Juin 2011 - 10:33 | |
| Déterrons joyeusement ! Alors, au départ, j'ai lu ce sujet en le "copie-collant" pour ma prof d'allemand avec qui j'ai eu une discussion similaire... (promis, s'il y avait eu des infos personnelles de certains membres, je ne les aurais pas laissées !!) Et je voulais juste demander à Aliana : pourrais-tu nous donner la suite ? Il m'intéresse pas mal, ce cours ! J'espère que c'est quelqu'un qui vient encore sur le Fo'... | |
| | | Aliana Maître Marchombre
Nombre de messages : 1060 Localisation : Là où souffle le vent Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte, Zouck, la Horde du Contrevent, Le secret de Ji, A la croisée des mondes, l'Oracle della Luna, La Zone du Dehors Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Dim 5 Juin 2011 - 10:42 | |
| Bien sûr que je viens toujours.
Namého XD. (Mais ce doute était légitime ;-) )
Je regarde ça de suite !
EDIT:
Après quelques deterrages de fichiers, j'ai retrouvé le cours en question. C'était drôlement intéréssant je trouve !
Voici donc la suite (mais pas fin ;) ) ! N'hésite pas non plus à donner ton avis ! Pourquoi étiez-vous en débat avec ta prof d'Allemand ?
II/ Formes exténuées, formes paradoxales de l’aventure.
Une première figure de l’aventure aujourd’hui, éclairée par un diagnostic pessimiste, serait celle de la contre-aventure : il semblerait que nous ne soyons désormais condamnés à faire l’expérience de l’aventure que sous la forme de cet effet boomerang d’un accès de vengeance de la nature déchaînée (tsunamis-inondations, tremblements de terre etc.), de cultures ensauvagées par les tueries, les génocides ou les aventures terroristes toutes négatives et désastreuses qui défont et n’édifient plus rien, par des accidents de tous ordres (autoroutiers, ferroviaires, aéronautiques) que les médias nous rapportent sans fin.
L’autre devenir possible de l’aventure dans le monde contemporain, c’est l’aventure réduite au désir d’aventure, désir d’ailleurs (l’aventure fantasmée). Mai 68 déjà : Révolution ou désir de révolution ? La question se pose à cause de ces zéro morts. N’était-ce pas déjà parodie de révolution, comédie, révolution comme jeu ? Dès lors, l’aventure tend à se rabaisser au niveau de toutes les expériences du désir humain : aventures amoureuses, aventure du désir d’ascension sociale, de l’ambition professionnelle, aventure de l’entreprise etc. Il ya un repli de l’aventure vers le domaine du privé et de l’intime qu’explorent à longeur de pages les journaux éminins. Féminisation de l’aventure ? En tout cas, on a là des Figures très amenuisées de l’aventure, figures bien pauvres au regard de ce que fut la vie des hommes au Moyen-age ou dans l’antiquité, nous semble t-il tout au moins quand nous pensons à Alexandre le grand, ou César.
Autre devenir crépusculaire de l’aventure dans la continuité de ceci : la fictionalisation de l’aventure, ainsi que sa psychologisation. On comprend notre addiction pour toutes les formes littéraires et spectaculaires de l’aventure, dans leur dessin nostalgique (films d’aventures, romans, reportages etc.). Encore faut-il noter que même dans le domaine de la fiction l’épopée (L’Iliade, l’Odyssée, l’Eneïde, La Chanson de Roland), les récits héroïques avaient laissé place au roman, à l’ère moderne, et le roman lui-même a fini par entrer en déclin sous la forme du roman psychologique où c’est l’aventure strictement intime de la conscience d’un esprit singulier qui forme la trame.
L’aventure comme caricature d’elle-même : L’exemple type : le tourisme, le club-Med. La caricature même de l’aventure. Tout y est organisé pour qu’il n’y ait pas d’aléatoire, pas de rencontre de l’altérité : « être partout chez soi », ne rencontrer encore et toujours que soi, quand bien même on se trouve à l’autre bout du monde. Mêmes besoins (soleil, sexe et fête), mêmes décors, mêmes gens. Même chose pour le tourisme culturel : « il faut avoir vu »… besoins culturels.
Et encore … On ne veut, même en tout ceci, que de l’aventure maîtrisée. Les rencontres sur internet par exemple : la maîtrise de la rencontre qui est le symbole de l’aventure par excellence : la rencontre choisie sur critères, à l’avance, où c’est le sujet qui décide et non le destin. On veut construire sa vie au lieu de faire jouer le hasard, de laisser la vie forger notre destin. Pour qu’il y ait aventure, il faut qu’il y ait quelque chose qui advienne que nous n’avons pas voulu, pas choisi, pas décidé, un événement, qui nous lance ou nous projette dans une « aventure ».
Aujourd’hui, donc : Pas de rencontre de l’altérité (on ne rencontre que soi : pb de la solitude de l’homme moderne) : l’homme moderne environné d’objets ne rencontre que lui-même, il peut tout faire par lui-même. Touriste planétaire. Pas d’événement, car tout est maîtrisé (pas d’aléatoire). Le répondeur téléphonique comme manière d’amortir la rencontre de l’autre en l’évitant, en la reportant à plus tard, en la contrôlant finalement. Pas de risque pour soi : pas de mutation, pas d’évolution.
Si ce constat est valable et toutes ces figures de l’aventure des figures terminale et épuisés, y a t-il tout de même des formes de l’aventure à l’âge moderne et démocratique qui ne se résument pas à des caricatures, des images, ou des désirs ? Y a t-il quelque chose comme une forme authentiquement moderne de l’aventure, une humanité aventurière de la modernité ?
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| | | Miaou Til' Plume Gardien d'Ilfasidrel
Nombre de messages : 1309 Age : 29 Localisation : Entre-deux. Groupe : Dessinatrice Livre préféré : Aucune idée. Il y en a trop x). Date d'inscription : 08/02/2010
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Jeu 9 Juin 2011 - 13:54 | |
| Merci, Aliana ! Je vais essayer de répondre... mais d'abord : - Aliana a écrit:
- Pourquoi étiez-vous en débat avec ta prof d'Allemand ?
---> En fait, cela n'a pas grand-chose à voir avec les cours d'allemand ... il me semble que c'est après un contrôle que nous avons commencé à parler du fait de tricher : peut-on toujours tricher assez habilement pour s'en sortir ? Elle pensait que non. Et puis nous en avons reparlé, et elle m'a finalement dit qu'elle était « une agence d'assurance » (c'est-à-dire qu'elle préférait la sécurité avant tout, en gros). Je l'ai approuvée mollement (XD) mais je n'étais pas franchement d'accord : je pense que l'envie de sécurité nous pousse à nous enfermer (c'est chouette, quand elle lira ça, elle pourra me donner son avis^^)et à ne plus/pas rechercher la Liberté. Mais peut-être que ma vision est un peu extrême... et puis je suis une ado n'est-ce pas Elurian^^ ?... Et donc j'ai trouvé que ce sujet correspondait. Maintenant, je vais réagir à tout ça.... Dans un sens, je trouve que ton ancien prof a/avait raison (il a peut-être changé d'avis, après tout xD). Mais je ne suis pas d'accord avec certaines choses. - L'ancien prof de philo d'Aliana a écrit:
- L’aventure : c’est l’expérience de l’altérité (la sortie hors de soi) ou la rencontre avec l’autre de soi (l’autre homme, l’autre société, l’autre territoire, l’autre planète etc.). Or, dans le mouvement de cette rencontre s’introduit l’aléatoire : l’aventure est l’expérience de l’aléatoire. Aléatoire dans l’avoir (on ne sait pas ce que l’on aura) , dans l’être (on ne sait pas ce que l’on deviendra) et dans le temps (on ne sait pas non plus jusqu’à quand cela durera et quand cela finira).
-----> Je suis plutôt d'accord avec cette définition. Mais alors l' « aventure psychologique » peut correspondre ! Cela se fait certes en soi, mais dans certains cas il peut s'agir justement d'apprendre à vivre avec les autres, ou à accepter de perdre ses repères... on ne connaît pas la durée de ce travail, ni si l'on Deviendra exactement ce que l'on souhaite. Simplement, on a un objectif : progresser sur un aspect de soi-même. Après, je suis d'accord que ce n'est pas en soi une aventure ''physique'', un grand voyage initiatique^^... mais cela peut impliquer des voyages, justement. Et puis, je cite Eleyra : - elle a écrit:
- Certaines des étapes de notre vie sont des aventures à petite échelle, certes, d'autres à grande échelle.
Mais par exemple rien que le fait de se relever est une aventure. Le fait de chercher à comprendre, de chercher à être heureux... Tout ça sont des aventures. Ensuite, je considère les artistes comme des aventuriers modernes lorsqu'ils choisissent de se lancer sans autre métier (de même les artisans). Ils prennent le risque d'échouer et de ne pas trouver d'autre métier avant longtemps. Ils se basent sur une compétence qu'ils choisissent de développer au maximum au détriment du reste, et de l'aisance financière qui est presque indispensable à notre époque. Et ils se basent aussi bien sûr sur la rencontre avec les autres, parce qu'ils doivent trouver des amateurs/acheteurs, et aussi écouter les critiques avec Ouverture (et sans pour autant appliquer tous les conseils à la lettre, au risque de perdre l'aspect personnel et unique de leur travail). - Ce même prof a écrit:
- La nature est en grande partie maîtrisée, l’animal domestiqué, la naissance de notre civilisation est derrière nous, les guerres de conquête semblent closes et de la Révolution dans sa dernière figure, il ne nous reste qu’une nostalgie ou quelques soubresauts
soixante-huitards ----> Plutôt d'accord avec lui. Bon, en ce qui concerne les « guerres de conquête », ce n'est peut-être pas si mal... mais pour le reste, il est peut-être justement temps de réagir.... non ? (Comme a dit mon Homonyme, Aethera, il y a quelque temps, « il est trop tard pour être pessimiste » (de mémoire) !) - Toujours le même a écrit:
- L’autre devenir possible de l’aventure dans le monde contemporain, c’est l’aventure réduite au désir d’aventure, désir d’ailleurs (l’aventure fantasmée). Mai 68 déjà : Révolution ou désir de révolution ? La question se pose à cause de ces zéro morts. N’était-ce pas déjà parodie de révolution, comédie, révolution comme jeu ?
----> Une ''vraie'' révolution doit-elle obligatoirement tuer ? (Question à laquelle je n'ai pas vraiment de réponse... donc si quelqu'un en a une, je suis preneuse !) (Je réagis, mais au sujet de mai 68, je ne connais que les grandes lignes.) - Citation :
- Et encore … On ne veut, même en tout ceci, que de l’aventure maîtrisée. Les rencontres sur internet par exemple : la maîtrise de la rencontre qui est le symbole de l’aventure par excellence : la rencontre choisie sur critères, à l’avance, où c’est le sujet qui décide et non le destin. On veut construire sa vie au lieu de faire jouer le hasard, de laisser la vie forger notre destin. Pour qu’il y ait aventure, il faut qu’il y ait quelque chose qui advienne que nous n’avons pas voulu, pas choisi, pas décidé, un événement, qui nous lance ou nous projette dans une « aventure ».
---> Assez d'accord, malheureusement... mais au sujet d'Internet, j'hésite . Qu'est-ce que vous en pensez, tous ? | |
| | | Aliana Maître Marchombre
Nombre de messages : 1060 Localisation : Là où souffle le vent Groupe : Marchombre Livre préféré : Le Pacte, Zouck, la Horde du Contrevent, Le secret de Ji, A la croisée des mondes, l'Oracle della Luna, La Zone du Dehors Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Lun 27 Juin 2011 - 14:00 | |
| 2000ans plus tard... - Citation :
- Une ''vraie'' révolution doit-elle obligatoirement tuer ?
Ahh, question qui fait écho à la zone du dehors de Damasio je trouve ! C'est une très bonne question ! - Citation :
- Assez d'accord, malheureusement... mais au sujet d'Internet, j'hésite. Qu'est-ce que vous en pensez, tous ?
Eh bien, j'avoue que j'avais trouvé cette idée malheureusement aussi très juste: "la rencontre choisie sur critères, à l’avance, où c’est le sujet qui décide et non le destin. On veut construire sa vie au lieu de faire jouer le hasard, de laisser la vie forger notre destin" Dans le sens où si on s'inscrit sur un forum ou un site qui rassemble des gens qui ont déjà à prioris les mêmes goûts que nous, etc, on aura choisi cette rencontre, nous l'aurons provoqué. Cela enlève une sorte de spontanéité, le plaisir de la découverte "ah ! Toi aussi tu connais!". Cela dit... Les véritables rencontres peuvent naître d'internet, mais peuvent aboutir à de vraies rencontres, à du partage. A une aventure formidable qui n'aurait jamais eu lieu sans avoir été provoqué. Et personnellement, l'idée de "vouloir construire sa vie" plutôt que de laisser faire "le destin" n'est pas forcément pour me déplaire pour reprendre la phrase du texte. Selon moi, Internet peut-être une source d'aventure extraordinaire. N'en sommes-nous pas la preuve ? | |
| | | Elikenris Curieux
Nombre de messages : 10 Localisation : Vers Paris Groupe : Scholiaste Livre préféré : L'Apprenti d'Araluen, Chroniques du monde émergé Date d'inscription : 29/08/2017
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Mer 25 Oct 2017 - 22:04 | |
| Wouah, un sujet qui avait déjà plus de 2000 ans avant que je ne le déterre pour la deuxième fois !
(je n'ai pas encore lu la dissert en entier)
Pour moi, l'aventure est fortement liée à l'aléatoire, ou le hasard. Alors que maintenant on essaye au maximum de supprimer ce facteur, il semble bien que l'aventure disparaisse peu à peu. Par suppression du hasard, j'entend tout ce qui est assurances, OGMs... enfin tout ce qui permet de contrôler, ou d'avoir une issue de secours en cas de dérapage. Maintenant un enseignant ne peut plus faire une sortie scolaire sans l'accord signé des parents, et ce même pour aller dans le parc en face de l'école. Tout cela fait ainsi croire (à plus ou moins juste titre) que l'on est en sécurité. Tout est sous contrôle. Notre vie est devenue une partition de musique, sans fausse note. Mais à trop vouloir contrôler, on perd la notion d'aventure. Pour revenir sur le fil directeur de ce forum, Ewilan ne maitrisait rien quand elle a effectuée son premier grand pas. Et on aurait manqué l'une des plus formidables aventures sans cela.
Bon, maintenant que le moment pessimiste est passé, passons au moment plus optimiste. De nombreuses personnes continuent de se lancer dans l'inconnu. Que ce soit des chercheurs (et l'aventure scientifique), des entrepreneur, et même des aventuriers : ce n'est pas parce que tous les monts ont été gravis que personne ne se lance le défi de le faire soit même. De plus, l'aventure ne fait pas que se vivre. Elle peut aussi se transmettre (peu importe si elle soit vraie ou non d'ailleurs). Et sous ce point de vu, elle a encore de beaux jours devant elle. Transmise depuis longtemps sous forme écrite, le cinéma (et même les jeux vidéo si on y réfléchit bien) est un nouveau moyen d'expression permettant d'illustrer de belles aventures. Si l'on ne peut pas vivre par soit même une aventure palpitante, peuplée de rencontres inoubliables et extraordinaires, on peut toujours s'évader dans les histoires des autres, et rêver.
Je lance maintenant une bouteille à la mer pour un éventuel passeur. Utilise-t-on toujours le mot aventure avec le même sens ? J'ai par exemple utilisé l'idée d'aventure scientifique. Mais celle-ci à telle des points commun avec l'aventure amoureuse par exemple. Est-ce vraiment la même chose qui se cache derrière le mot aventure. Si oui, qu'est-ce vraiment l'aventure ? Voilà, alors si quelqu'un a une réponse courte et précise, je suis preneur. | |
| | | Revan Chevalier Jedi
Nombre de messages : 681 Age : 29 Localisation : Menegroth, Doriath's realm. Groupe : Jedi Livre préféré : The Lays of Beleriand Date d'inscription : 10/11/2010
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Jeu 2 Nov 2017 - 15:12 | |
| Vivez avec très peu de moyens, vous la verrez, l'aventure. | |
| | | Elikenris Curieux
Nombre de messages : 10 Localisation : Vers Paris Groupe : Scholiaste Livre préféré : L'Apprenti d'Araluen, Chroniques du monde émergé Date d'inscription : 29/08/2017
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Jeu 2 Nov 2017 - 22:01 | |
| Sans revenir sur le débat des 20 000 à 100 000 € par mois, c'est quoi le rapport entre l'argent et l'aventure ? (C'est une vraie question, pas une attaque). Personnellement, je pense plutôt que le manque d'argent pose plus de problème qu'il n'en résout (pareil pour "trop" d'ailleurs). Donc pour l'aventure, c'est plutôt mal parti. | |
| | | Revan Chevalier Jedi
Nombre de messages : 681 Age : 29 Localisation : Menegroth, Doriath's realm. Groupe : Jedi Livre préféré : The Lays of Beleriand Date d'inscription : 10/11/2010
| Sujet: Re: Y a t-il encore une place pour l’aventure aujourd’hui ? Mer 8 Nov 2017 - 14:15 | |
| Parce qu'on ne s'interroge pas sur qui pose cette question.
Quand vous vivez avec peu d'argent d'une part, et de l'autre que même cette maigre source de revenu n'est pas assurée dans le temps, que les obstacles semblent se poser dans la vie deux fois plus vite que les solutions, et bien l'aventure on s'en tape vite. On cherche plutôt à sortir de cette situation précaire et à s'assurer un futur, à réaliser ses études du mieux qu'on peut pour avoir peut-être la chance de pas trouver un boulot trop merdique par la suite, etc.
Le hasard et l'incertitude font partie intégrante de la vie des gens avec peu de moyens, et pas dans leur version la plus réjouissante, aussi retrouver "le goût à l'aventure" ou quelque chose du genre fait rarement parti de leurs préoccupations.
Du coup une telle question, une telle préoccupation ne peut être portée que par des gens déconnectés de ces réalités là. Des gens pour qui survivre ne se pose pas comme un problème, et dont le quotidien n'est pas menacé. Des gens qui s'ennuient, des gens qui tournent en rond sans oser se lancer et suivre leurs désirs. Parce qu'une autre caractéristique de cette question, c'est aussi de trahir une position : de retrait, de repli. L' "aventure" se trouve à tous les coins de rue, l'aventure se provoque et se vit. Elle ne se théorise pas, elle s'agit. Elle accompagne un désir quand celui-ci se déroule jusqu'au bout dans le réel. Elle ne se pose pas les conditions de sa propre possibilité, elle se fait.
Paradoxalement, le début de la Quête d'Ewilan en donne une bonne illustration, même si elle met en scène un autre monde qui peut sembler plus "aventureux" - mais c'est pas ça qui lance le début de "l'aventure" d'Ewilan : elle tombe dessus par hasard, sans l'avoir voulu. Elle aurait très bien pu y tourner le dos, ne pas poursuivre, s'enfuir, battre en retraite. Mais non. Elle choisit de s'y lancer, elle tire les fils de sa curiosité et de son histoire, elle suit son désir de l'avant et elle s'y jette. Elle agit. Qu'il s'agisse de Gwendalavir ou pas est finalement très peu pertinent, la même chose aurait pu se produire dans son monde, dans "le monde réel".
Voilà. Il n'y a pas grand chose d'autres à en dire, "l'aventure" réelle se trouve à l'opposée de la fiction, de la théorie. Qui la tient là, qui se demande, qui s'interroge n'y est pas, ne se frotte pas au réel. Il se tient en bordure, bien sagement, juste pour se donner des frissons - un "comme si", comme si il allait partir à l'aventure, pour épicer sa vie monotone - il imagine, mais il n'a pas vraiment l'intention d'y aller. Si il l'avait, il serait déjà les pieds dedans, à lutter, à frotter son désir contre le monde. Non, ce qu'il veut s'est se distraire. Tout dans l'aventure fictionnelle est à propos de ça, d'ailleurs : se distraire. S'imaginer ailleurs. Et du même coup rester quand même ici, au chaud, au sec, sûr et sans danger.
Bref, il lui manque le courage de l'action. | |
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