Ne pas pouvoir s'empêcher de ressentir certaines émotions

Tout à l'heure, ma mère est revenue de son footing et je lui ai dit qu'elle ferait bien de se laver. Vous comprenez pourquoi. Elle a ri et est partie prendre une douche.

Pendant ce temps, je me suis demandé comment le prendrait une personne si je lui disais qu'elle sentait mauvais. Probablement mal. Pourtant, il s'agit d'un simple constat, exprimé sans animosité. Cette réaction n'a donc a priori pas lieu d'être. D'où la question :

Peut-on et faut-il refouler certaines de nos émotions ressenties spontanément et pouvant très facilement devenir néfastes ?

Au hasard : le regret, la culpabilité, la nostalgie... En fait, toutes les émotions qui sont en quelque sorte le fruit de notre imagination et qui ne correspondent pas avec la réalité courante.

Merci !

J'ai parfois l'impression que parmi tous les sujets que tu crées certains sont très proches, entre eux ou de sujets déjà existants...

Refouler toutes ces options pour les laisser macérer dans un coin de ta tête jusqu'au moment où le niveau de toxicité entrainera une explosion fort néfaste ?

Tu parles de réalité, mais il n'y a pas une seule réalité, non ? Chacun a sa propre réalité, vit dans sa propre réalité. Pourquoi chercher à s'en couper pour vivre dans un froid monde dénué de sentiments et d'émotions ?


Ceci dit, il y a des gens que l'on peut lire comme un livre avec un coup d'oeil et d'autres qui ne trahissent aucune émotion ; je me souviens d'un message ou deux de Solituda sur le sujet, d'ailleurs.


Qu'est ce que tu entends par refouler, en fait ? Ne pas les exprimer ouvertement, ou s'empêcher d'y penser, de les ressentir ?

Elurían Aeglir a écrit:

J'ai parfois l'impression que parmi tous les sujets que tu crées certains sont très proches, entre eux ou de sujets déjà existants...

Je te laisse le soin de fusionner ce sujet avec un autre si tu le penses nécessaire. En ce qui me concerne, je n'ai rien déniché de parfaitement similaire.

Elurían Aeglir a écrit:

Tu parles de réalité, mais il n'y a pas une seule réalité, non ? Chacun a sa propre réalité, vit dans sa propre réalité. Pourquoi chercher à s'en couper pour vivre dans un froid monde dénué de sentiments et d'émotions ?

Mais si ces sentiments sont en désaccord avec notre réalité ? Peut-être n'ai-je pas assez insisté sur le fait d'avoir conscience que le sentiment "n'a rien à faire là" mais de quand même le ressentir.

Elurían Aeglir a écrit:

Qu'est ce que tu entends par refouler, en fait ? Ne pas les exprimer ouvertement, ou s'empêcher d'y penser, de les ressentir ?

Si on pense qu'ils n'ont pas de raison d'exister, ne pas les exprimer ouvertement se fera sans trop de problème a priori. Je pensais plutôt au fait de ne plus les ressentir. Parce que même s'ils n'ont pas de raison d'exister, ils nous turlupinent quand même et on aimerait bien s'en débarrasser. Après, est-ce judicieux ? J'en ai aucune idée.

J'ai l'impression que l'on est peut-être en train de confondre deux choses en fait, l'un une vision rationnelle, l'autre une vision émotionnelle, de la réalité. Il y a une bonne différence entre la raison, l'analyse logique de la réalité, des faits, et les émotions qui sont ressenties à l'encontre de cette réalité. Si une émotion paraît disproportionnée ou n'ayant pas lieux d'être, c'est que cela indique peut-être que les émotions ne répondent pas à un "impératif raisonnable", à mon avis.

Cela ne veut cependant pas dire qu'elles n'ont pas de raisons d'être, au sens de causes. Quelqu'un qui prendrait mal qu'on lui remarque qu'il sente mauvais, par exemple, pourrait le prendre comme un reproche même s'il n'en est pas un, ou simplement parce qu'il n'apprécie pas que l'on pointe du doigt, même dans une bonne intention, ce qui ne va pas avec lui et qu'il faudrait qu'il change. Ceux qui nous font ces remarques nous apparaissent comme des moralisateurs qui se mêlent de ce qui ne les regardent pas et nous plongent dans la gêne. Ce n'est en effet jamais agréable de se faire remarquer, même sans intention mauvaise, qu'on sent mauvais.

Les émotions ont donc leurs causes, qui se montrent si l'on pousse un peu l'analyse d'une situation. Et si cette cause n'est pas raisonnable, pas appropriée, disproportionnée au regard de la réalité, elle n'en est pas moins réelle. Parce que ce qui t'apparaît comme la réalité à toi ne sera pas nécessairement ce qui apparaîtra à l'autre.

Je crois donc que les émotions ont en fait leurs raisons d'être, même si objectivement elles n'ont pas raison d'être parce qu'elles sont disproportionnées ou inadéquates à la situation.



Ne pas les ressentir... Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Ces émotions sont quand même une partie de nous-même, et je ne suis pas sûr que l'on puisse lutter à ce point contre soi sans parler du fait que l'on se retrouverait déchiré, culpabilisant de ressentir quelque chose que l'on s'empêche de ressentir sans y parvenir, à moins de muer son cœur en pierre. Nous sommes un qui ressent, je ne suis pas sûr que l'on puisse se couper comme cela. Choisir à l'intérieur de nous-même ce qui nous plaît ou pas de ressentir sans y perdre plus que ce qu'on gagnerait.

Plutôt accepter le ressenti, et le dépasser. Je crois qu'une émotion a plus de force et reste bien plus longtemps quand elle n'est pas écoutée, pas acceptée. Laissons la délivrer son message, et s'en aller. Non seulement on en apprend plus sur nous même, mais en plus on ne s'empoisonne pas la vie en étant déchiré en deux.

Ce qui ne veut pas dire qu'on laisse cette émotion dicter nos actions mais on la supporte, on accepte que ça vienne de nous-même, et ainsi on la dépasse plus sûrement que si on luttait. Ça peut être désagréable dans un premier temps, mais je crois que ça nous apprends aussi beaucoup mieux le recul et la sérénité que si l'on était dans une lutte intérieure, dans le refoulement.

Soyons plutôt dans la sublimation.